Questions physiques

Quelles chances de succès pour les promus ? L’analyse de l’homme qui les fait transpirer.

M ichel Bertinchamps est un incontournable de la préparation physique dans notre foot depuis le début des années 90. A Charleroi, à La Louvière, chez les Diables Rouges et maintenant à Tubize, ce diplômé de la réputée Université de Dijon passe pour une référence.

On connaît le régime infernal auquel sont soumis les joueurs de Tubize depuis le début de la préparation : rendez-vous aux aurores et 3 entraînements par jour. Un constat à première vue : Albert Cartier et Bertinchamps vont griller certains de ces joueurs qui n’ont jamais connu la D1. Verra-t-on des Brabançons sur les genoux dès la fin septembre ? Analyse.

Y a-t-il une griffe Bertinchamps ?

Michel Bertinchamps :  » Qui peut le plus, peut le moins. C’est une devise pour moi. On dit parfois que je suis excessif, trop dur. Mais les joueurs qui me critiquent n’ont jamais connu que le niveau belge. Parlez-en à Michaël Goossens, qui a appris en Italie et en Allemagne ce qu’était la préparation physique d’un pro. Ou à Olivier Renard, que j’ai connu à Charleroi avant et après son passage en Italie : quand il est revenu, je ne l’ai pas reconnu. Il avait fondu tout en augmentant sa masse musculaire de façon spectaculaire. Chez nous, on laisse aller, on a souvent peur de durcir le boulot parce que les joueurs sont directement mécontents. Pourtant, c’est le physique qui dirige tout le reste. Dans la formation des jeunes, les lacunes en matière de préparation physique sont énormes. Beaucoup de joueurs n’ont jamais touché une barre de musculation au moment où ils deviennent pros « .

Travailler en D2, en D1, en équipe nationale : tellement différent ?

 » Avec les joueurs de D2, on n’a pas beaucoup de temps, donc il est important de bien répartir les différentes activités. Il faut faire un peu de tout, en n’ayant pas l’occasion d’aller au fond des choses. En D1, on a les joueurs sous la main beaucoup plus longtemps et on peut travailler le spécifique. On peut leur demander de passer à la musculation avant ou après les entraînements parce qu’ils sont pros. En équipe nationale, c’est de l’entretien pur et simple « .

La fraîcheur a-t-elle été décisive pour Tubize dans le tour final ?

 » Ce n’est pas tellement dans le tour final que nous avons fait la différence au niveau physique, plutôt sur l’ensemble de la saison. Les joueurs n’ont jamais eu de creux, ils sont restés à un bon niveau du début à la fin. Dans beaucoup de clubs, la préparation est infernale puis c’est le Club Med dès que le championnat commence. Il faut savoir travailler toute la saison à un rythme soutenu et prévoir quelques périodes plus intensives « .

3 entraînements par jour : raisonnable à Tubize ?

 » Il n’y a pas encore eu de blessure jusqu’à présent. Il ne faut pas croire que nous programmons 3 entraînements durs le même jour. Quand les joueurs arrivent à 7 h du matin, ce n’est pas pour faire directement de l’intensif. Evidemment, c’est difficile pour les joueurs qui étaient encore en D2 la saison dernière, avec 4 entraînements d’une heure et demie par semaine. Mais c’est aussi la seule façon de voir ce qu’ils ont dans le ventre. Idem pour les tests. Quand ils arrivent, je vois ce qu’ils ont fait avant. Mais il n’y en a pas qui étaient vraiment à la ramasse. Je n’ai même pas trop de craintes pour ceux qui étaient ici la saison dernière. Le nombre d’heures d’entraînement était limité mais ils étaient appliqués, même en n’arrivant que 5 minutes avant le début des séances parce qu’ils revenaient dare-dare du boulot. Si l’ambiance était bon enfant et ça faisait parfois penser à la Provinciale, le travail physique était sérieux « .

Noyau incomplet : gros handicap ?

 » C’est clair que Tubize est défavorisé par rapport aux clubs qui ont leur noyau presque entièrement formé depuis la reprise. C’est le prix à payer quand on est monté via le tour final. Le club qui accède à la D1 de cette façon devrait pouvoir commencer son championnat deux semaines après les autres car il n’a pas l’occasion de former son groupe aussi rapidement que ses concurrents « .

Un oiseau pour le chat ?

 » Le plus urgent est de former le noyau définitif, puis on y verra plus clair. En ce moment, j’espère seulement que nous pourrons être prêts quand le championnat commencera. Après cela, tout sera possible. On nous pronostique comme descendants, mais on se trompe presque systématiquement quand il faut désigner le futur champion et ceux qui vont chuter en D2. Zulte Waregem, Roulers, Malines et d’autres se sont maintenus avec leurs moyens : pourquoi pas nous ? Il n’y a pas que l’argent qui compte. Si l’équipe commence bien, ça peut tourner. Tubize ne peut de toute façon être que gagnant. Si l’équipe se plante, tout le monde dira que cela avait été prédit. Si le maintien est au bout de la saison, ce sera très bien. Les dirigeants ne sont pas idiots : ils ne veulent pas investir à tort et à travers mais ils ne resteront pas inactifs si la sauce ne prend pas dès le premier tour « .

Cartier fou de prépa physique : quelles conséquences ?

 » Je peux travailler plus minutieusement quand je suis avec un coach qui s’y connaît très bien en préparation physique. Cartier est un passionné. Luka Peruzovic et Robert Waseige l’étaient aussi « .

par pierre danvoye

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