Question de perspective

Ullrich gagnait le Tour il y a dix ans.

Ce vendredi, il y a dix ans que Jan Ullrich alors âgé de 23 ans, a gagné le Tour. Il a été le premier vainqueur allemand et a plongé son pays dans une euphorie qui allait durer des années. En 2007, l’heure n’est plus à la jubilation. Les affaires de dopage de T-Mobile, récentes ou anciennes, ont plongé le cyclisme allemand dans une crise existentielle.

Même si Ullrich carburait à l’EPO en 1997 et qu’il faut replacer sa victoire dans cette perspective, reste une question : cela amoindrit-il son mérite ? C’est une question de point de vue. Il semble que tous les coureurs de classement roulaient à armes égales en 1997. En guise d’illustration, le top dix du classement général de cette année-là.

1. Jan Ullrich (GER) en 100 h 30’35 » : en 2005, il a été impliqué, comme client d’ Eufemiano Fuentes. Un test ADN prouve qu’il a eu recours au dopage sanguin. Son ancien soigneur, Jef D’Hont, affirme lui avoir fourni de l’EPO aussi.

2. Richard Virenque (FRA) à 9’09 » : en 1998, comme toute l’équipe Festina, il a été exclu du Tour, le soigneur Willy Voet ayant été arrêté à la frontière belgo française avec d’énormes quantités d’EPO et d’hormones de croissance. Virenque a avoué avoir eu recours à l’EPO lors du procès Festina en 2000.

3. Marco Pantani (ITA) à 14’03 » : en 1999, il a été exclu du Giro suite à un taux d’hématocrite trop élevé. Il a été pris dans une spirale de dopage, de drogue, a sombré dans la dépression et est décédé d’une overdose de cocaïne en 2004, à 34 ans, dans une chambre d’hôtel, à Rimini.

4. Abraham Olano (ESP) à 15’55 » : positif à la caféine en 1994 au Tour de Catalogne, interrogé, comme Bjarne Riis, par le juge d’instruction de Bologne dans une affaire de dopage. Il figurait sur la liste des clients de Michele Ferrari et a souvent présenté un taux d’hématocrite trop élevé.

5. Fernando Escartín (ESP) à 20’32 » : comme Olano, un client de Ferrari, connu pour les fluctuations de son taux d’hématocrite.

6. Francesco Casagrande (ESP) à 22’47 » : suspendu pour neuf mois en 1999 pour avoir présenté un taux trop élevé d’hématocrite à deux reprises en peu de temps. Il a longtemps été le leader de Kelme, qui avait mis sur pied un système de dopage sanguin, selon Jésus Manzano.

7. Bjarne Riis (DAN) à 26’34 » : surnommé Monsieur 60 % depuis des années, il a avoué publiquement s’être dopé à l’EPO, suite aux révélations de Jef D’Hont.

8. José-Maria Jímenez (ESP) à 31’17 » : le dopage l’a conduit à la dépression et à la drogue. Il est décédé en 2003, à 32 ans, dans un institut psychiatrique espagnol, officiellement d’une attaque cardiaque.

9. Laurent Dufaux (SUI) à 31’55 » : comme Richard Virenque en 1998, il a été exclu, avec l’équipe Festina, et a avoué s’être dopé.

10. Roberto Conti (ITA) à 32’26 » : il a été suspendu pour six mois en 2002, pour dopage.

Jan Ullrich a annoncé qu’il cherchait un journaliste qui raconterait  » ce qui est arrivé ces dernières années « . Il affirme qu’en temps voulu, il présentera sa version des faits.

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