QUESTION DE LOSANGES

L’entrejeu de l’Inter a étouffé celui d’Anderlecht.

Offensive à tout crin

On dit souvent qu’à l’occasion des premières journées de la Ligue des Champions, les équipes engagées manient régulièrement la calculette. Manifestement, on est loin du compte cette année puisque la plupart des parties entrant en ligne de compte pour le deuxième rendez-vous de ce calendrier ont donné lieu à des scores fleuves. Je songe au 6-2 de Manchester United contre Fenerbahce, au 4 à 0 du Bayern Munich face à l’Ajax Amsterdam, au 4-2 du Real Madrid devant l’AS Rome et, pour mentionner également une victoire à l’extérieur, au 1-3 de l’Inter Milan à Anderlecht.

Pour en revenir plus spécialement à cette rencontre, je suis d’avis que l’une de ses clés aura été la mainmise du milieu des Nerazzurri sur l’entrejeu anderlechtois. De part et d’autre, les deux équipes étaient déployées en 4-4-2, mais l’occupation de la ligne médiane était sensiblement différente d’un camp à l’autre. Du côté du Sporting, les quatre joueurs étaient déployés sous forme d’un losange très aplati, avec Christian Wilhelmsson et Mbo Mpenza à ses extrémités latérales, Besnik Hasi à la base et Pär Zetterberg au sommet. Rayon interiste, la même forme géométrique était beaucoup plus compacte, puisqu’il n’y avait pas chez eux de médians excentrés comme au RSCA.

Dans ce secteur, les Milanais ont toujours eu le dernier mot car ils sont constamment parvenus à faire circuler le ballon d’un joueur à l’autre. Quand Esteban Cambiasso héritait du cuir dans le rond central, il avait toujours deux possibilités d’écoulement à côté de lui, puisque Juan Sebastian Veron et Dejan Stankovic étaient loin des joueurs de couloir anderlechtois. Comme quoi, une double occupation des flancs n’est pas toujours la panacée, contrairement à certaines idées reçues.

Défense sud-américaine

Un autre facteur qui a pesé lourd dans la balance, c’est l’intransigeance des arrière-gardes respectives. A cet égard, le football italien a changé. Pendant des années, en effet, c’étaient les joueurs locaux qui occupaient les postes-clés en défense, vu leur formation spécifique en ce sens. A présent, on constate une présence accrue des Sud-Américains dans ce domaine. Et la composition de la ligne défensive de l’Inter en est un exemple flagrant avec le Brésilien José Ze Maria, le Colombien Ivan Cordoba, et surtout l’Argentin Nicolas Burdisso. Celui-ci m’a épaté car il est d’une intransigeance à toute épreuve.

Contre une équipe qui n’était pas encore bien en place, et guère affûtée physiquement, Anderlecht pouvait déjà nourrir des regrets à Valence. Je me demande dans quelle mesure il ne doit pas se mordre les doigts dans ce cas-ci aussi d’avoir encaissé un premier goal très vite. Car à mesure que la partie avançait, on a vu de plus en plus de signes d’essoufflement du côté de l’Inter. Belo Emre a même terminé la rencontre sur une jambe, pour ainsi dire, puisque Roberto Mancini avait épuisé à ce moment-là son quota de changements. Avec un noyau pléthorique qu’il faut faire tourner, on a pu constater que tous les joueurs italiens ne tenaient pas encore la distance d’un bout à l’autre du match. Et c’est ce qui m’incite à dire que si Anderlecht avait réussi à tenir plus longtemps le 0-0, il ne se serait peut-être pas retrouvé battu.

Tir groupé

En Coupe de l’UEFA, il y a évidemment lieu de se réjouir du tir groupé réalisé par Bruges, Beveren et le Standard. Preuve s’il en est que le football belge n’est pas un des parents pauvres sur le plan européen, comme certains pisse-vinaigre le soutiennent parfois.

A cet égard, j’estime qu’on passe trop facilement d’un extrême à l’autre. Tant en ce qui concerne nos clubs que l’équipe nationale. En cas de victoire, on a tendance chez nous à porter immédiatement au pinacle. En revanche, en cas de défaite, on voue trop facilement aux gémonies. Il faut un juste milieu. Et, de ce point de vue-là, on est trop souvent loin du compte chez nous. C’est dommage. Car notre football mérite une tout autre considération.

Bruno Govers

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