QUELLE NOTORIÉTÉ ?

Le technicien parle sans crainte de son job évolutif à Courtrai, la Licence Pro, le dédain dont il fait l’objet, ses consultances sur BeTv et du licenciement de son frère Emilio.

Après un début de saison en demi-teinte, Courtrai s’est rattrapé et vient de pointer en tête du classement avec Overpelt-Lommel. C’est un peu une surprise mais ce parcours reflète la belle série de victoires en fin de saison dernière.

Manu Ferrera : Il ne faut pas oublier que nous avons un match supplémentaire, hein ! On a connu un début d’exercice assez difficile mais on a redressé la barre. La véritable raison tient dans le fait que j’ai procédé à plusieurs changements. J’ai modifié l’occupation du terrain et ma défense. Désormais, on joue avec quatre défenseurs en ligne et le milieu est composé par un triangle de trois joueurs. Avant, il y avait quatre médians qui évoluaient en ligne. Devant je peux compter sur quatre éléments. Il faut aussi mettre en évidence le retour de suspension de Christian Landu Tubi et les regains de forme de Bob Cousin et de Mehdi Makhloufi. Pour nos objectifs, on n’est pas encore vraiment fixés. L’appétit vient en mangeant. D’ailleurs avec notre budget, on ne peut se permettre d’imaginer un scénario. Il n’y a que Mons, Overpelt-Lommel et dans une moindre mesure l’Antwerp qui sont aptes à viser une montée étant donné leur bonne santé financière et leur professionnalisme. Nous devons d’abord se préserver du maintien et c’est d’ores et déjà acquis. On peut imaginer participer au tour final, que ce soit par l’acquisition d’une tranche ou via le classement, mais c’est l’objectif d’une dizaine de formations.

Etes-vous surpris par vos bonnes prestations ?

Non, pas réellement. Le fait que l’on soit dans le top 5 ne m’étonne pas exagérément. La saison passée, nous avons réalisé une série de 13 rencontres sans défaite, ce qui était excellent. On est dans la continuité mais attention : l’équilibre est précaire ! Nous sommes fin novembre et les joueurs commencent à fatiguer. Le noyau doit également faire face à deux ou trois absences.

Et si jamais, après un éventuel parcours formidable, Courtrai accédait à la D1, le club serait-il prêt financièrement ?

C’est difficile à dire. Le potentiel est là en tout cas, tant au niveau des sponsors qu’au niveau du public. Mais l’accession est devenue presque impossible, au vu des nouvelles règles. Désormais, l’avant-dernier de la D1 participe au tour final. Ce n’est pas rien ! Il faut prendre en compte leur niveau sportif et surtout, leur budget, qui n’a certainement rien à voir avec le nôtre… Mais on ne pense pas à ça. Le club ne s’est pas non plus fixé une promotion pour une date limite, même si on demeure un club très ambitieux.

Courtrai ne se presse pas pour renouveler !

Fier de vous alors ?

Oui. C’est le résultat d’un travail de profondeur car on m’a confié toute la responsabilité sportive il y a trois ans. A l’époque, j’ai monté toute une équipe qui a bien réussi. Sur le plan des jolis coups, il y a surtout Ibrahim Salou, arrivé chez nous en août 2004 et parti à Zulte Waregem en mai dernier. Là, c’était du 1.000 %. La première année, nous sommes parvenus à monter en D2. Après un départ catastrophique lors de la deuxième saison, on a réussi à limiter la casse grâce à une fin de championnat exceptionnelle. Et cette année, on continue. Au début de mon mandat, je n’étais que directeur sportif. Les entraîneurs, eux, n’ont pas réussi leur mission et j’occupe actuellement aussi cette fonction. Ce n’était, au départ, absolument pas mon souhait.

Voulez-vous persévérer comme coach ?

J’arrive en fin de contrat en juin et ce dernier n’a toujours pas été renouvelé. C’est pourquoi je prendrai en compte n’importe quelle proposition, à condition qu’elle émane d’une formation de D1 ou de D2. Je veux quelque chose de solide. Pas une équipe au bord de la faillite. Mais depuis trois ans, presque personne ne m’a sollicité. Je ne sais vraiment pas ce que je dois faire pour obtenir un contrat d’un nouvel employeur. Dans ma carrière, j’ai toujours eu de bons résultats. Et paradoxalement, je ne reçois aucune proposition. A un moment, j’étais en contact avec Mons. Ce n’était que superficiel. Je cherche donc du boulot ! Ma situation à Courtrai n’est pas précaire, mais pour des raisons financières, mes dirigeants ne veulent plus avoir de directeur sportif. Je les intéresse comme coach et je me sens très bien dans ce club. Mais rien ne vient…

On vous sent quelque peu désabusé…

Pas du tout ! Il n’y a pas que le foot dans la vie. Je suis kiné de formation. Je peux m’imaginer vivre sans entraîner mais ici, l’opportunité de m’occuper de la totalité du secteur sportif était une très bonne opportunité et les réactions de mes supérieurs par rapport à nos performances sont extra. Ce sont de vrais supporters ! Avec la conséquence qu’ils ne sont vraiment pas contents lorsque les résultats ne suivent pas… J’ai vraiment carte blanche au niveau sportif. Ils ne se sont jamais immiscés dans mes affaires. De toute façon, je refuse d’être un entraîneur marionnette, qui se laisserait marcher sur les pieds. Au début de chaque saison, on me donne un budget que je dois respecter. Si je le dépasse quelque peu, j’en avise la direction. Sinon je fais tout ce que je veux. Je m’occupe des transferts, je rédige les contrats, etc. Mais je suis étonné que l’on ne se précipite pas pour me faire signer à nouveau. Ils sont peut-être effrayés que l’on ne parvienne pas à trouver un terrain d’entente. Ils prennent donc le risque que je trouve un emploi ailleurs… Enfin, personne ne s’intéresse à moi !

Cartier n’a pas la Licence Pro non plus…

Pensez-vous que la raison tient dans le fait que vous vous obstiniez à ne pas passer la Licence Pro ?

Non, cela n’a rien à voir. Albert Cartier ne l’a pas et tout le monde s’intéresse à lui. Ce n’est certainement pas cela qui arrête les clubs. Je refuse toujours de payer 7.500 euros pour travailler : de plus, cette licence n’est même pas reconnue par l’Etat, cela prendrait cinq ans pour que je sois en ordre et je devrais débuter en Provinciales. C’est aberrant… Je sais aussi ce qu’est un diplôme. Réussir à l’université demande un travail quotidien et un blocus de trois mois pour les examens. Vous appelez cette licence comme vous le souhaitez, mais ce n’est pas un diplôme ! C’est vraiment risible. On doit y pointer le bout de son nez une heure tous les 15 jours. Je vous laisse donc calculer combien il faut payer pour l’heure de cours. C’est une pure affaire commerciale, un véritable monopole. On est contraints d’aller à l’Union Belge car il n’y a pas d’autre possibilité. Il est donc hors de question qu’ils reçoivent un centime de mes deniers.

Pourquoi aucune formation ne s’intéresse-t-elle à vous ?

Je ne connais pas la véritable raison de ce dédain. J’ai 12 ans de carrière et mes résultats constituent la preuve de mes capacités. De plus, j’ai entraîné les jeunes au Sporting d’Anderlecht et me suis occupé du scouting. Et toutes les équipes Premières dont je me suis occupé, que ce soit Seraing, Charleroi, Alost ou encore Courtrai, ont engrangé de bonnes performances. Il y a quelque chose qui cloche ! D’autres qui n’obtiennent de bonnes prestations que durant six mois sont immédiatement érigés en dieux du foot. Je multiplie les résultats et je ne fais jamais l’objet de négociations ! Je ne suis même jamais cité, contrairement à des coachs tels que Walter Meeuws ou encore Stéphane Demol. Même aux yeux des journalistes, je n’apparais pas comme un remplaçant potentiel. On doit toujours lutter contre ces anciens joueurs qui deviennent coaches, alors que ce n’est pas parce que l’on a évolué sur un terrain que l’on devient un véritable entraîneur en un tournemain. Cela n’a rien à voir. Cependant, n’importe quel ancien international qui aurait réalisé ce que j’ai fait avec Courtrai se verrait déjà cité au Standard ou à Anderlecht. Ah la notoriété… Ce n’est pourtant pas un ex-cancéreux qui pourrait être capable de soigner la maladie ! Une précision : je donne mon avis mais je n’éprouve aucun dégoût par rapport à tout cela. Je m’estime toujours un privilégié. J’ai la chance de pouvoir faire de mon hobby mon métier.

Les pros sur BeTv en LC

BeTV s’est tout de même intéressé à vous et vous a engagé en tant que consultant. Et les analyses effectuées pour la Ligue des Champions sont d’un excellent niveau en regard de la concurrence, non ?

C’est Bruno Taverne qui a plaidé ma cause. Ce dernier et Jean-François Remy préparent les émissions de manière très professionnelle. Ils nous mâchent le travail et nous placent dans des conditions idéales. On essaie en fait d’employer un langage idéal et compréhensible. On n’use pas de termes récurrents tels que  » jouer haut  » ou  » presser « . On a chaque fois un thème à développer en commentant les matches. Récemment on s’est intéressé à la couverture. J’officie généralement avec Olivier Doll, Albert Cartier et José Riga. On prépare donc les émissions ensemble et ce sont d’excellents et expérimentés collègues. Ce job constitue une reconnaissance de mon travail et ça me flatte…

Que pensez-vous du licenciement de votre frère Emilio par La Louvière ?

En Belgique, lorsque l’on n’engrange pas de résultats, on est viré. C’est la loi et on trouve cela logique. Gilbert Bodart l’a donc remplacé et a obtenu quelques victoires. Mais je lis la presse comme tout le monde et celle-ci est réservée quant à la victoire obtenue à Saint-Trond ! Je considère que l’on fait beaucoup trop rapidement des bilans. Emilio n’a officié qu’une demi-douzaine de rencontres et contre cinq équipes occupant une place dans le top 5. Il a réussi à mettre quelque chose en place. Il ne s’était volontairement pas impliqué dans la politique des transferts car il y avait peu à dire. Cela ne le dérangeait pas parce que c’est un fou de tactique. Il considère évidemment son licenciement comme étant injuste. On n’a pas assez pris en compte ses qualités et on ne l’a jugé que sur les performances des Loups. On a également fait des montagnes avec des broutilles, par exemple des mots avec le concierge du club. La manière dont il travaille, les dirigeants s’en foutent. Ils n’ont vraiment pas fait preuve de patience. Mais tous ses anciens joueurs, même ceux avec lesquels il était en froid, le considère comme un excellent coach !

TIM BAETE

 » N’IMPORTE QUEL ANCIEN INTERNATIONAL QUI AURAIT RÉALISÉ CE QUE J’AI FAIT AVEC COURTRAI SE VERRAIT DÉJÀ CITÉ AU STANDARD OU À ANDERLECHT « 

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