Quelle déroute ?

Bilan décevant pour les joueurs belges à Melbourne… mais pas plus que l’an dernier.

Dès le tirage au sort, on savait que les joueurs belges présents à l’Australian Open éprouveraient des difficultés. On ne se trompait pas puisqu’au terme du premier tour, les trois quarts de nos compatriotes avaient déjà disparu, rejoints par le quatrième dès le deuxième tour. Autrement dit, un bilan de quatre défaites pour une victoire. Mais plus que ces statistiques, c’est la manière dont les Belges se sont inclinés qui a de quoi inquiéter.

Pour son deuxième match dans un tableau final de tournoi du Grand Chelem, Steve Darcis (ATP 83) n’a pris que… 3 jeux face à l’Australien Lleyton Hewitt (ATP 22). Plus expérimenté, Olivier Rochus (ATP 56) n’a pas fait le poids devant le grand serveur américain Sam Querrey (ATP 62), pourtant moins bien classé que lui (6-3, 6-2, 7-5). Xavier Malisse (ATP 156) a eu toutes les cartes en mains devant le Russe Dmitry Tursunov (ATP 32) contre lequel il a mené 2 manches à 0 avant de s’incliner en 5 sets. Quant à Kristof Vliegen (ATP 105), après avoir gagné le premier tour face à Olivier Patience (FRA, ATP 110), il n’a pas réussi à prendre un set au Russe Igor Andreev (ATP 35) contre lequel il fit pourtant jeu égal jusqu’à 5 jeux partout dans les 2 premières manches. Pour rappel, Christophe Rochus (ATP 184) avait été éliminé dès le premier tour des qualifications, manquant ainsi le tableau final pour la première fois depuis 1999.

Ce tir groupé négatif a eu de quoi surprendre certains observateurs. Un simple regard dans le rétroviseur aurait pourtant pu préparer les esprits à un tel résultat. L’an dernier, les mêmes joueurs n’ont jamais brillé dans un tournoi du Grand Chelem. Ensemble, les tennismen belges n’ont gagné que 5 matches sur les 4 levées du Grand Chelem 2007, c’est tout dire. Seul Vliegen avait réussi à passer plus d’un tour dans un même tournoi majeur, c’était à Roland Garros où il avait atteint les seizièmes de finale.

Steve Darcis, l’unique éclaircie

Et à vrai dire, même si le capitaine de l’équipe belge de Coupe Davis se montre optimiste en affirmant que tous ses joueurs seront dans le Top 50 en fin de saison, on est obligé de penser que cette génération est tout doucement en train de passer le témoin.

On ne parle pas ici du vétéran Dick Norman, 36 ans et classé 157e, qui force l’admiration tant sa longévité fait plaisir à voir. Non, on pense davantage à Christophe Rochus, qui aura 30 ans en décembre prochain et qui rame depuis de nombreux mois. On songe aussi à son cadet Olivier qui, à 27 ans, souffre manifestement d’une épaule et dit lui-même craindre pour la suite de sa carrière. Quant à Vliegen, il aura 26 ans en juillet. Ce n’est pas vieux, certes, mais il est temps pour lui de revenir à son niveau de 2006.

On nous dira qu’il reste tout de même Steve Darcis. C’est vrai. Le Liégeois a démontré l’an dernier qu’il disposait de tous les atouts pour se maintenir et progresser dans le Top 100. On sait cependant que l’année de la confirmation est terriblement compliquée à gérer. A près de 24 ans, Steve n’aura malheureusement pas beaucoup droit à l’erreur.

Pessimiste, cette analyse ? Non, réaliste. On n’écrit pas ici que les Belges ne réussiront plus d’exploits. Olivier Rochus a prouvé en fin d’année dernière qu’il était toujours capable de briller sur un tournoi et chacun sait que les Malisse, Vliegen et Darcis sont tellement doués qu’ils peuvent gagner une épreuve. Mais cette génération (hors Darcis) ne devrait plus tenir très longtemps tant les signes d’usure se manifestent de plus en plus, sous forme de blessures mais aussi de problèmes de motivation et de concentration. Précisons tout de suite que ladite génération a offert plus de succès que d’aucuns pouvaient l’espérer il y a dix ans. Olivier Rochus, par exemple, a réussi une carrière fabuleuse compte tenu de la valeur physique de ses adversaires.

Derrière le  » six  » de base, le désert

Le pessimisme est en fait ailleurs. Plus haut, on évoquait ainsi un passage de témoin. Encore faut-il avoir quelqu’un à qui le passer. Et c’est là que cela se corse. Derrière le… six de base (les frères Rochus, Malisse, Vliegen, Darcis et Norman), tous sociétaires du Top 200, il n’y a que 10 joueurs belges classés par l’ATP, soit ayant pris au moins 1 point lors des douze derniers mois. Le mieux classé, Niels Desein, est 363e mondial, les neuf autres sont situés entre la 413e et la 1.484e position. Rien de bien fameux donc. D’autant que ces dix joueurs ne sont plus précisément des espoirs, les deux plus jeunes ayant 19 ans ( FrédéricDe Fays et Bart Govaert), le plus âgé étant Jeroen Masson, 27 ans. A titre de comparaison, la France compte… 127 joueurs classés, dont 15 dans le Top 100 !

Et les Juniors ? Ils ne se débrouillent pas trop mal. Alexandre Folie vient d’ailleurs de gagner un tournoi important en Amérique du Sud et est classé à la 24e position mondiale. Il faut cependant mettre un petit bémol. Tout comme c’était le cas de Germain Gigounon lors de sa brillante victoire de l’Astrid Bowl 2007, Folie a quasiment 18 ans, il est donc dans sa dernière année Junior. Et on sait que le passage entre cette catégorie et celle des Seniors est parsemé d’obstacles, surtout chez les messieurs.

Bref, le tennis masculin belge est à un tournant difficile de son histoire. Tout comme, d’ailleurs, le féminin dont les difficultés à venir sont camouflées par l’exceptionnelle Justine Henin…

par patrick haumont- photo: reporters

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