» Quel MAILLON faible ? »

Après neuf mois d’inactivité dus à une blessure encourue dans le championnat d’Ecosse, le défenseur corse veut se relancer au Tivoli.

A bientôt 27 ans (il les fêtera le 3 septembre), YannickZambernardi a déjà une longue carrière derrière lui : Ajaccio, Troyes, Hibernian. Qu’est-ce qui l’amène aujourd’hui à La Louvière, modeste petite équipe belge ?

 » Comment cela, modeste petite équipe belge ? Je ne suis pas d’accord. C’est une équipe qui a remporté la Coupe de Belgique il y a deux ans et qui a terminé septième ex-aequo du championnat la saison dernière. Ce n’est pas rien. La présence d’ Albert Cartier m’a aussi influencé dans mon choix. Je n’avais jamais travaillé avec lui, mais je le connaissais de réputation. Je savais que c’était un entraîneur très rigoureux et très professionnel, et cela s’est confirmé. On a très bien travaillé durant l’avant saison. Pour certains, cela a été un peu difficile, car le coach a exigé énormément de concentration. Plus de séances aussi, peut-être, que le régime auquel certains joueurs étaient habitués. Mais j’ai été agréablement surpris, car tout le monde a adhéré. Que ce soit les étrangers, les Français qui sont arrivés cette année ou les Belges qui étaient là depuis trois ou quatre ans. C’est sans doute pour cela que cela a très bien marché lors du premier match : tout le monde a respecté le consignes. Devant comme derrière. Un garçon comme ManasehIshiaku a livré une prestation extraordinaire. Il est dans l’esprit, et c’est ce qui compte. J’ai été très content de cette première sortie à Charleroi. Tant au niveau personnel qu’au niveau du bloc équipe. Il ne faut pas oublier que, durant la période de préparation, on avait été critiqués. Surtout derrière. J’ai entendu dire qu’on était le maillon faible. Cela ne m’a pas perturbé. Pas plus, je crois, qu’aux autres défenseurs. On savait qu’on avait des qualités et qu’il importait surtout d’être prêt le jour J, c’est-à-dire pour le début du championnat. Lorsqu’on travaille et qu’on fait ce qu’il faut pour être au point, il ne faut pas s’inquiéter. D’ailleurs, on n’est pas encore prêt à 100 %. Peut-être à 70 ou à 80 %. Il faut continuer à travailler. D’autant qu’avec le bon départ que nous avons pris, on risque d’être davantage attendu « .

La défense avait été montrée du doigt lors de certaines sorties d’avant championnat. Question d’automatismes ?  » Probablement. Il y a beaucoup de nouveaux joueurs et la composition de la ligne arrière a été fréquemment modifiée. Mais elle contient de la qualité et de l’expérience. Un joueur comme GeoffreyToyes a disputé plus de 200 matches en Ligue 1 et une finale de Coupe de l’UEFA avec Bordeaux. Moi-même, j’ai joué en France et en Ecosse. MichaelKlukowski est international canadien. Et OlivierGuilmot s’impose de plus en plus. Il faut nous laisser un peu de temps pour trouver nos marques. Car derrière, la moindre erreur se paye cash. On prendra encore des buts, c’est sûr. Et on n’est pas à l’abri d’une défaillance. Mais dans l’ensemble, je ne me tracasse pas pour l’avenir « .

A Troyes avec Jbari et Renier

Yannick est Corse et a la particularité d’avoir évolué dans les trois principaux clubs de l’île de Beauté.  » J’ai été formé à Bastia pendant cinq ans. Puis, je suis passé au Gazelec d’Ajaccio, en National, l’équivalent de notre D3. J’avais 19 ans et j’y côtoyais des joueurs comme PascalOlmeta et votre compatriote PatrickVanKets, qui termina comme meilleur buteur avec 23 buts. C’était une belle équipe qui, sur le terrain, a acquis le droit de monter de National en D2. Mais cette montée nous fut refusée en vertu de l’article 131 qui interdit à une ville de moins de 100.000 habitants de posséder deux clubs professionnels en D2. Or, l’AC Ajaccio évoluait déjà en D2. Cette décision a provoqué beaucoup de remous. Des joueurs, qui espéraient signer un contrat professionnel à l’étage supérieur, sont restés sur le carreau. Personnellement, j’ai eu plus de chance. Je suis passé chez le voisin de l’AC où, après une bonne saison, AlainPerrin m’a repéré et m’a fait venir à Troyes où j’ai côtoyé deux autres de vos compatriotes : NordinJbari et PascalRenier. Ils n’ont pas eu de chance : ils ont été freinés par des blessures à répétition. Surtout Pascal. Mais ils avaient des qualités « .

Zambernardi a vécu la période faste de Troyes :  » En 2000-2001, nous avons terminé septièmes du championnat, tout en atteignant les demi-finales de la Coupe de la Ligue et de la Coupe de France. Cela s’était très bien passé pour moi : j’avais disputé une trentaine de matches. La saison suivante, ce fut plus difficile. J’avais été victime d’une déchirure aux adducteurs et je n’ai plus joué que trois matches « .

A l’époque, Alain Perrin était un peu considéré comme le Guy Roux de Troyes :  » Il avait pris l’équipe en CFA et l’a fait monter jusqu’en D1, et même jusqu’en Coupe d’Europe. Il s’occupait tout, du recrutement aux projets de construction du stade en passant par le merchandising. Lorsqu’il est parti, Troyes a connu de gros problèmes car personne n’était véritablement prêt à prendre la relève. Il avait un caractère fort, très pointilleux, que tout le monde respectait. A priori, il n’avait pas le profil idéal pour entraîner Marseille, car sa rigueur tranchait avec le caractère bouillonnant des Méridionaux. Alain Perrin n’a rien d’un showman et ne s’enflamme quasiment jamais. Pourtant, au début, cela s’était très bien passé pour lui : avec une équipe qualitativement assez moyenne, il avait terminé à la deuxième place et s’est qualifié de façon inespérée pour la Ligue des Champions. Du coup, tout le monde a placé la barre plus haut. On pensait avoir découvert un faiseur de miracles, et lorsque les résultats ont été un peu moindres, il l’a payé. A l’OM, ce sont des stars. On ne gère pas Marseille comme on gère Troyes. Je crois qu’à un moment donné, Alain Perrin n’a pas su parler aux joueurs comme il l’aurait fallu. Le courant n’est plus passé « .

Choc des cultures en Ecosse

Après Troyes, le nouveau défenseur louviérois est parti en Ecosse, à Hibernian Edimbourg.  » Après ma blessure à Troyes, j’éprouvais la nécessité de changer d’air. On m’avait proposé un prêt dans un autre club français, mais cela ne m’intéressait pas trop. Le défi écossais m’apparaissait plus attractif. Hibernian est un bon club, qui s’enorgueillit d’un passé prestigieux et qui possède un beau stade souvent plein. Le style britannique, fait d’engagement total, me convenait également. Je n’ai pas trop hésité et j’ai retrouvé là-bas plusieurs joueurs français : Franck Sauzée, Frédéric Arpinon et d’autres encore. L’entraîneur, lui, était un Ecossais : Bobby Williamson, qui est aujourd’hui à Plymouth, en D2 anglaise, et qui ne jurait que par un football typiquement britannique. J’ai été confronté, d’une certaine manière, à un choc des cultures. En France, j’avais été habitué à la rigueur et à la discipline. Lorsque j’ai débarqué en Ecosse, j’ai découvert une autre conception de la vie de pro. Les sorties étaient monnaie courante. Et ce n’était pas pour boire un coup, mais 25. Avant le match, ils mangeaient des haricots en sauce, avec le ketchup dedans. Mais, lorsqu’ils montent sur le terrain, ils jouent 90 minutes à fond. C’est la guerre. Physiquement, c’est très dur, et ils sont prêts, quasiment, à mourir pour leur club. Cette mentalité m’a beaucoup plu. Je ne suis pas tombé dans tous leurs excès. J’essayais de sortir de temps en temps avec eux, car il fallait faire preuve de bonne volonté pour s’intégrer, mais en gardant le sens de la modération. On s’efforçait aussi, avec les autres Français, de respecter des habitudes alimentaires mieux adaptées aux sportifs. Mais on ne peut pas faire complètement bande à part. Au bout du compte, je garde un excellent souvenir de mon passage en Ecosse. Ce furent deux années fantastiques, sur le plan culturel et sportif. Edimbourg est une très belle ville, chargée d’histoire, avec un magnifique château en plein centre et beaucoup d’universitaires « .

Sportivement, on a tendance à faire la fine bouche lorsqu’on parle du championnat d’Ecosse, surtout lorsqu’on le compare à la Premier League anglaise.  » C’est vrai que, chaque année, les deux mêmes clubs se disputent le titre : le Celtic et les Rangers. Ils terminent généralement avec 25 ou 30 points d’avance sur le troisième. Ils ne laissent que les miettes aux autres, car ils font souvent main basse sur la Coupe d’Ecosse et sur la Coupe de la Ligue également. Dans ces conditions, les autres équipes jouent toutes pour la troisième place. Mais, comme cette troisième place donne accès à la Coupe de l’UEFA, on a une compétition intéressante malgré tout. Un championnat de 12 équipes, dont les six premiers disputent ensuite un tour final pour le titre pendant que les six derniers s’affrontent pour la descente. On rencontre donc souvent les mêmes, et c’est parfois lassant à la longue, mais l’ambiance dans les stades fait oublier ces inconvénients. A Hibernian, on avait la chance d’avoir un public fidèle. Le stade, d’une capacité de 17.000 places, faisait souvent le plein, même contre des équipes moyennes. Et, lorsqu’on se rendait à Parkhead, le stade du Celtic, ou à Ibrox Park, celui des Rangers, on évoluait devant 60.000 personnes « .

A Hibernian, Yannick Zambernardi a un peu vécu le même genre de scénario qu’à Troyes :  » La première saison, j’ai disputé 33 matches. J’étais le titulaire incontestable en défense centrale. La saison suivante, en 2003-2004, j’avais très bien débuté avant d’être arrêté par une déchirure au quadriceps. Ce contretemps m’a valu neuf mois d’indisponibilité. Je sais gré à La Louvière d’avoir accepté de me relancer. Je pouvais rester à Hibernian, et j’ai également eu des possibilités en Ligue 2 française, mais La Louvière me proposait un nouveau challenge, que j’ai jugé très intéressant. La D1 est toujours plus médiatisée que la D2, même dans un championnat plus huppé. Et, si cela se passe bien, on peut viser une participation européenne au bout. Pourquoi pas ? La Louvière y était bien parvenu il y a deux ans…  »

Daniel Devos

 » Si cela se passe bien, on peut viser UNE PARTICIPATION EUROPéENNE au bout  »

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