Quel INSTINCT !

Longtemps blessé, l’attaquant n’a toujours pas retrouvé sa meilleure forme à l’Ajax mais veut quand même rejoindre l’Italie après l’EURO.

C’était lors d’un match des û12 ans, en Suède, entre le FBK Balkan et Vellinge. L’entraîneur, Ivica Kurtovic, laissa Zlatan Ibrahimovic, estimant qu’il ne se comportait pas comme il se doit au sein d’une équipe. Quand il entra finalement au jeu, au repos, Blakan était déjà mené 0-4. Score final : 8-5, avec huit buts du jeune Zlatan…

Vellinge a protesté, convaincu qu’Ibrahimovic avait bien plus de 12 ans, et a exigé sa carte d’identité. Or, l’avant avait deux ans de moins que les autres joueurs. Peu après, Balkan le punit une nouvelle fois et Zlatan fit ses bagages, rejoignant Malmö BK. L’incident type parfaitement la vie de l’attaquant. A son départ pour l’Ajax, en 2001, les Suédois le considéraient comme le plus énervant des joueurs, le trouvaient aussi surfait. On appréciait ses qualités footballistiques mais on ne supportait pas son comportement.

Zlatan vient d’une famille modeste de la banlieue de Malmö, Rosengard, un quartier d’immigrés : 84 % de ses habitants ne sont pas nés en Suède. Ibrahimovic y a vu le jour. Son père est bosniaque, sa mère croate. Ils se sont séparés peu après sa naissance.

Le joueur a commis des faux-pas à Malmö aussi. Il a notamment pété les plombs lors d’une victoire 6-0 (sur six buts de lui-même) et s’est battu quand un de ses coéquipiers a dû quitter le terrain. Le club a réagi avec la plus grande sévérité. La riposte de Zlatan ? Il est retourné à Balkan. Là encore, il éprouvera des problèmes. A nouveau victime de sanctions, il a estimé qu’il valait mieux partir. Il retourne à Malmö FF, un club qui évolue à un niveau supérieur.

Pour un joueur de sa taille (1m92), il était très sûr ballon au pied, grâce aux nombreuses heures quotidiennes passées à jouer sur un minable terrain proche de son domicile, où il copiait tous les mouvements de Ronaldo, son idole, jusqu’à les maîtriser parfaitement.

Hooligan en tenue de football

Les clubs étrangers faisaient la file pour Ibrahimovic. En stage d’hiver en Espagne, Leo Beenhakker, alors directeur technique de l’Ajax, assista, médusé, à la défaite des siens, sur un but de classe mondiale signé Ibrahimovic. Il n’en fallait pas davantage pour le convaincre. Au printemps 2001, le Suédois a rallié l’Ajax, estimant le développement de sa carrière plus important que l’argent. Les Amstellodamois ont investi huit millions et demi d’euros dans cet avant qui n’avait encore que 14 matches de D1 dans les jambes et que les observateurs considéraient comme un hooligan en tenue de football. Sous la férule de Co Adriaanse, il a fait banquette. L’arrivée de Ronald Koeman a tout changé. Sous sa direction, Zlatan a réussi le doublé et est devenu titulaire, même s’il n’hésitait pas à contredire son entraîneur en public.

Après trois saisons à l’Ajax, il est plus mûr, sportivement et humainement, même s’il demeure difficile à gérer tant il est individualiste. Il est très fier de sa nouvelle Ferrari mais n’est quand même pas comme Mido, arrivé en même temps que lui à Amsterdam. Contrairement à l’Egyptien, le Suédois comprend ce qu’on lui demande et s’exécute. Il a certes ses caprices mais ils demeurent dans la limite du tolérable. De toute manière, l’Ajax aime les fortes personnalités.

Zlatan n’a pas encore atteint son zénith. On estime sa marge de progression à 40 %. Tout coulera de source quand il accordera plus d’attention au jeu collectif. L’Ajax ne veut pas le traiter d’égoïste mais le qualifie quand même d’individualiste, trop occupé à montrer à quel point il est brillant, sans encore comprendre que son rendement personnel et collectif serait supérieur s’il lisait mieux le jeu de ses partenaires. Jusqu’à présent, Zlatan a surtout suivi son instinct, pas les règles de la science.

Un privilégié en Suède

Après une longue blessure, il n’a pas encore recouvré la plénitude de ses moyens. Il souffre de l’aine mais ne songe qu’au prochain EURO. Durant la Coupe du Monde 2002, il s’est réjoui comme un gosse de jouer quelques minutes. Maintenant, il estime venu le moment de marquer l’équipe suédoise de son empreinte.

Le retour de Henke Larsson, dont il avait conquis la place, constitue plutôt un avantage pour lui. Depuis ses débuts en équipe nationale, Ibrahimovic observe et admire Larsson, qui a une influence positive sur lui. Les deux hommes ont partagé une chambre pendant le dernier Mondial. Depuis, la hiérarchie sportive s’est inversés : au Portugal, Larsson sera un joker de luxe, la doublure de Zlatan plutôt que l’inverse.

La presse suédoise considère depuis longtemps Zlatan comme une star. Le moindre fait vaut la une des journaux de son pays. Les Suédois le vénèrent, parce qu’il est un talent d’exception et lui octroient plus de privilèges qu’aux Pays-Bas, où même Marco van Basten évoluait collectivement et où on tolère moins facilement l’individualisme.

L’Ajax tirerait profit d’un bon EURO, à moins que Zlatan ne considère le championnat d’Europe comme un tremplin. Il sait qu’il devrait mûrir quelque temps encore à l’Arena, pour son bien. D’autre part, il a signé un préaccord avec l’AS Rome. A Amsterdam, on a déjà remarqué que le jeune avant se souciait beaucoup de ce que la presse transalpine écrivait sur lui.

Zlatan Ibrahimovic (1,92 m, 84 kg) est né le 3 octobre 1981 à Malmö. Il a évolué dans plusieurs clubs amateurs FBK Balkan, BK Flagg et Malmö BK avant d’évoluer dès 1999 au Malmö FF (D1) où l’Ajax est allé le chercher en 2001. Jusqu’au week-end dernier, il avait disputé 69 rencontres en Ere Divisie et inscrit 30 bust. Il compte 21 sélections et 7 buts.

Geert Foutré

Il bénéficie de sa BONNE ENTENTE AVEC LARSSON

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