Quel coach en mauve ?

RVDS & Co nouent des contacts tous azimuts pour trouver un successeur à Ariel Jacobs.

Approché pour entraîner Anderlecht la saison prochaine, le Néerlandais John van den Brom a préféré jurer fidélité à Vitesse Arnhem, où son contrat avait été automatiquement prolongé jusqu’en 2014 suite à la qualification européenne du club.

 » Ce n’est pas une grande perte pour le Sporting « , estime Jan-Hermen de Bruijn, rédacteur en chef du mensuel hollandais Elf.  » Comme notre magazine est implanté à La Haye, j’ai suivi de près son travail à l’ADO, où il a dirigé la Première en 2010-2011 avant de donner une nouvelle orientation à sa carrière. Pour moi, son seul mérite est d’avoir exploité à fond les qualités de Dmitry Bulykin, qu’Anderlecht avait prêté au club durant cet exercice-là. L’attaquant russe a empilé les buts pour l’ADO : 21 buts. Ces statistiques auront sûrement interpellé la direction mauve au moment où la candidature du coach fut examinée. D’autant plus que le joueur n’était guère productif au Parc Astrid. Mais comment aurait-il pu en être autrement, dans la mesure où Ariel Jacobs voulait l’y impliquer dans le jeu alors que sa force réside dans les 16 mètres adverses uniquement. Van den Brom l’a d’emblée compris, en flanquant l’ancien Moscovite de deux réels ailiers, Wesley Verhoek et Frantisek Kubik. Servi à profusion à partir des couloirs, Bulykin n’avait qu’à mettre son pied ou sa tête pour transformer leurs services en but. Ensuite, il est parti à l’Ajax.

Cela dit, Van den Brom n’a pas marqué l’ADO d’une empreinte particulière. En terminant 7e, il a classé l’équipe là où on s’y attendait, car le top 5 est couru d’avance avec l’Ajax, Feyenoord, PSV, Twente et AZ. Derrière, c’est la deuxième garniture avec des clubs du calibre de Vitesse, ADO, Groningen, Roda et Utrecht. Tantôt c’est l’un qui finit à la 6e place, tantôt c’est l’autre. Vitesse est peut-être le plus régulier si l’on examine son parcours depuis le début de ce millénaire. Il s’agit également d’un club par lequel Van den Brom a transité, puisqu’il y a fait ses premiers pas au milieu des années 80 avant d’y revenir une décennie plus tard après un passage à l’Ajax. On peut comprendre qu’il ait été sensibilisé par la perspective d’y entraîner en 2011-2012. Mais, une fois encore, je travestirais la vérité en prétendant qu’il a griffé cette équipe. C’est à l’arraché qu’elle a obtenu son passe-droit pour l’Europa League et le football qu’elle a proposé, tout au long de la saison, n’était pas folichon.

Franchement, je pense que Van den Brom, qui a commencé sa carrière en 2007 à peine, à l’AGOVV Apeldoorn, aurait manqué de recul pour diriger un club comme Anderlecht. D’autres, plus expérimentés, s’y prêteraient mieux. Je songe à deux noms qui ont d’ailleurs été cités : Fred Rutten, prié de céder sa place à Dick Advocaat au PSV et, surtout, Ron Jans, appelé à transmettre le témoin à Marco van Basten à Heerenveen. A la place des Mauves, je me rabattrais sur ce dernier. Il a été phénoménal à Groningen d’abord, avant de réaliser du beau travail chez les Frisons. La cinquantaine passée, l’homme a fait le tour du nord des Pays-Bas et aspire à vivre une autre aventure. D’après ce que j’ai pu comprendre, il est de ceux qui n’hésiteraient pas à aller à pied à Anderlecht « .

Aad de Mos :  » Les coaches hollandais ont toujours été performants en Belgique « 

En fin de bail à Heerenveen, Jans n’a pas (encore) été cité au Parc Astrid, contrairement à d’autres. Mais il convient d’ajouter d’autres noms tels Ronald Koeman, actif à Feyenoord, voire Gertjan Verbeek, pourfendeur des Sportingmen avec l’AZ.

 » Je connais bien la maison mauve : à Anderlecht, c’est souvent la dernière impression qui prévaut « , observe Aad de Mos.  » A mes débuts au FC Malines, en 1986, j’étais un illustre inconnu pour la direction bruxelloise. La considération est venue au fil des mois, par le biais d’une victoire en finale de la Coupe de Belgique au bout de ma première saison au Kavé, et surtout du succès, l’année suivante, en finale de la Coupe des Coupes. Mais j’ai surtout marqué des points à l’occasion du 2e tour de la CE2 en 1988-1989. Le tirage au sort nous avait opposés au Sporting et nous l’avions emporté à deux reprises : 1-0 chez nous grâce à un but de Marc Wilmots et 0-2 au Sporting via Erwin Koeman et Eli Ohana. En aller et retour, je venais de prendre le meilleur sur l’Anderlecht de Raymond Goethals et, du coup, ma publicité était faite. Les responsables bruxellois n’en ont plus eu que pour moi. Je faisais figure de priorité absolue devant des noms aussi pompeux que Tomislav Ivic ou Morten Olsen.

Un phénomène du même genre se passe cette année avec mes compatriotes. Je songe à Mario Been, qui a réalisé le match parfait avec Genk, au RSCA, lors des play-offs, en gagnant 1-3 grâce à un Kevin De Bruyne survolté. Le Racing a, sans conteste, marqué les esprits en fin de saison, en redressant la barre de manière spectaculaire au prix d’un football bien léché. Mais on a surtout été impressionné, au Parc Astrid, par la qualité du football produit par l’AZ de Verbeek. Le meilleur jeu, tout au long des mois écoulés, n’était pas l’apanage de l’Ajax, ni de Feyenoord ou du PSV, les trois grands traditionnels, mais du club d’Alkmaar. Verbeek est le meilleur entraîneur du pays après le sélectionneur Bert van Marwijk. Il a d’autant plus de mérite qu’il ne pouvait pas tabler sur de grands noms, contrairement aux autres grands où on relevait pas mal de qualité : Jan Vertonghen, Christian Eriksen ou Theo Janssen à l’Ajax, Leroy Fer et John Guidetti à Feyenoord ou Georgino Wijnaldum, Ola Toivonen et Dries Mertens au PSV. Verbeek n’avait que le seul Maarten Martens comme élément en vue mais il a réussi à en façonner d’autres à l’image de Roy Beerens ou d’ Adam Maher, qui vient d’intégrer l’équipe nationale. Sur le papier, Anderlecht avait une plus belle équipe en seizièmes de finale de l’Europa League. A fortiori dans sa division offensive. L’AZ ne possédait pas des avants du calibre de Dieumerci Mbokani ou Matias Suarez. Si l’équipe hollandaise a eu le dernier mot, le mérite en revient au coach. Verbeek ne détonerait pas au Parc Astrid. Ou un autre coach hollandais…

On a souvent été performants en Belgique. Songez aux LeoCanjels, HansCroon, HenkHouwaart, ArieHaan, Johan Boskamp ou moi-même. A défaut de pouvoir engager Michel Preud’homme ou Eric Gerets, un entraîneur néerlandais me paraît la meilleure alternative « .

Ronald Kres :  » Anderlecht, c’est l’Ajax belge « 

Mais si Anderlecht est sous le charme des Hollandais, l’inverse est-il de mise aussi ? Autrefois, il n’aurait sans doute pas fallu déployer des trésors de persuasion pour déloger un Van den Brom à Vitesse. Anderlecht a-t-il toujours la même aura outre-Moerdijk ? D’après Ronald Kres, reporter au quotidien DeTelegraaf, il en est bel et bien ainsi.

 » Malgré les succès obtenus par des clubs de province comme le PSV, l’AZ ou Twente, l’Ajax reste la référence aux Pays-Bas, bien plus que Feyenoord. Et, pour la majorité des Néerlandais, Anderlecht restera toujours l’Ajax belge, même s’il a dû composer avec la rivalité de Genk, du Standard ou de Bruges. Cette cote, le Sporting la doit probablement, en partie, à son ancien attaquant hollandais, Jan Mulder, devenu un consultant très prisé. Chaque fois qu’il en a l’occasion, il fait l’éloge d’un club qui l’a marqué. Et, ces dernières années, les opportunités n’ont pas manqué puisque l’Ajax et Anderlecht se sont rencontrés deux années d’affilée que le Sporting s’est frotté à l’AZ cette saison. Malgré son éviction de l’Europa League par Alkmaar, les Mauves avaient quand même laissé une belle impression. Surtout au Parc Astrid où ils auraient dû logiquement mener 3-0 au bout du premier quart d’heure. Il y a deux ans, leur confrontation avec les Ajacides n’était pas passée non plus inaperçue : il n’est pas donné à tout le monde de s’imposer 1-3 à l’Arena comme le team bruxellois l’avait fait.

Anderlecht jouit toujours d’un beau prestige. D’autant que tous ceux qui y sont passés ont réalisé un parcours enviable comme entraîneur. J’ai la nette impression aussi que la greffe prend plus facilement quand un coach néerlandais s’essaie en Belgique que le contraire. Aux Pays-Bas, on table quelquefois sur un Belge pour conférer plus de rigueur. Mais cette transposition n’est pas évidente. Glen De Boeck s’est ramassé à Venlo la saison passée. Auparavant, René Vandereycken a été jeté à Twente. Seul Michel Preud’homme a abattu du bon travail là-bas. Et ce jugement peut être étendu aussi à Harm van Veldhoven qui a réussi au-delà des espérances à Roda ces derniers mois. Mais c’est un bilan plutôt maigre par rapport à tous les Néerlandais qui ont laissé une trace dans le championnat belge…  »

PAR BRUNO GOVERS

 » Ron Jans, le coach de Heerenveen, irait à pied à Anderlecht. « 

(Jan-Hermen de Bruijn, rédacteur en chef de Elf)

 » Gertjan Verbeek est le meilleur entraîneur hollandais après Bert van Marwijk. « 

(Aad de Mos)

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