« QUEL BEAU FOOTBALLEUR, CE KOEN DAERDEN… »

Aimé Anthuenis passera son premier examen, ce soir, en Pologne: que pensez-vous de ses premières idéesqui s’inscrivent dans le cadre d’un football belge en renouveau malgré la disparition du RWDM?

J’ai enregistré avec tristesse la mort d’un grand club, le RWDM. Il faut dire, à regret, que les erreurs de gestion ou de vision ont précipité cette fin. Pour la capitale, c’est une tuile. Cela me fait mal au coeur. Je regrette un peu, quand même, qu’Anderlecht n’ait pas levé le petit doigt afin d’aider son voisin. A la fin du compte, il ne reste plus qu’un club bruxellois en D1 et l’absence d’un derby me touche car cela faisait partie du folklore. Finalement, le football est plus malade au niveau de ses dirigeants que des joueurs. Sportivement, on vit une bonne passe après une bonne Coupe du Monde des Diables Rouges et deux clubs, Genk et Bruges, aux portes de la Ligue des Champions. A côté de cela, je vois des dirigeants qui s’étripent. A Bruges, les vieux « crocos » ne veulent pas voir Marc Degryse à leurs côtés. Roger Lambrecht achète 70% des parts du GBA en pleine saison et, quelque part, il fausse le championnat. Loin de tout cela, Aimé Anthuenis innove, c’est vrai, avec l’équipe nationale. Ses choix se défendent mais je trouve que c’est peut-être un peu tôt pour Jonathan Blondel. Il n’a pas encore fait son trou à Tottenham mais cela lui permettra de déjà découvrir le groupe. A lui d’y rester et d’être à la hauteur d’un indiscutable talent. Ses progrès auraient été plus faciles à noter s’il était resté en Belgique. C’est le cas de Koen Daerden à Genk. Quel beau footballeur, élégant et calme. C’est le digne fils de son père qui, lui, était surtout bosseur et récupérateur: Koen y ajoute sa patte gauche et une belle dégaine:c’est de la graine de grand joueur de football…

Walter Baseggio a-t-il enfin pris les commandes à Anderlecht?

Il m’a fait une magnifique impression de sérénité, de calme, de maîtrise technique dans la gestion de tout le jeu contre Malines. La saison passée, Walter était physiquement présent à Anderlecht mais ses idées étaient en Italie. Il est redescendu sur terre, a maigri et le corps est désormais au service de sa classe. Quand il est comme cela, c’est le meilleurmeneur de jeu de D1. Baseggio a compris que c’était la saison ou jamais à Anderlecht et en équipe nationale. Hugo Broos l’a indiscutablement libéré d’un poids (sans jeu de mots) et cela arrange une équipe anderlechtoise qui est bien dans ses pompes et son concept tactique. Toujours à propos des dirigeants, Alain Courtois a dû répondre au micro de Match 1 aux attaques de Michel Verschueren. Il n’était pas trop à l’aise au début de son intervention, transpirait, mais en est finalement sorti à son avantage en présentant adroitement Verschueren comme un homme du passé. Et toc… Il a été diplomate mais n’oubliera pas ce qu’on lui a fait.

Etes-vous étonné par le mutisme de Wesley Sonck?

Non, tout le monde le connaît, s’en méfie, mais Wesley Sonck sait miser aussi sur d’autres facettes de son talent. En attendant de retrouver ses marques à la finition, il se met au service de l’équipe, sert ses copains, ouvre des espaces. C’est un signe de grande richesse dans son jeu. Genk s’est bien repris après son faux départ contre Lokeren. Tant mieux pour la qualité du championnat…

Les clubs hennuyers ont également assumé leur rôle dans le grand théâtre de la D1…

La Louvière souligne qu’elle a une équipe bien équilibrée en profondeur et qui, grâce à l’action d’Ariel Jacobs, est forte mentalement. Frédéric Tilmant a été chercher l’égalisation méritée auLierse avec ses tripes. Je me suis léché les babines en appréciant les buts d’Eric Joly. Même si le Westerlo de Jan Ceulemans est sur la voie descendante, le succès de Mons ne doit rien à personne car il a été construit avec envie et détermination. Superbe pour Mons qu’on situe désormais sur la carte du football en Belgique. A Charleroi, le Sporting s’est magnifiquement ressaisi face au Standard, qui doit évidemment se mordre les doigts d’avoir laissé filer le match alors qu’il menait 2-3. Six buts encaissés en l’espace de deux rencontres, c’est beaucoup pour une formation que l’on disait appelée à jouer les premiers rôles en championnat cette saison. Si les Rouches ne stoppent pas l’hémorragie, ils risquent de s’exposer à de sérieuses déconvenues.

Pierre Bilic

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