Que veut Anderlecht ?

Un quart d’heure après le revers 2-1 d’Anderlecht, Herman Van Holsbeeck a déclaré, sur un ton décidé, que le Sporting poursuivait sa collaboration avec John van den Brom. La plupart des journaux avaient annoncé que le match de Daknam constituait la dernière chance du Néerlandais. Les spéculations allaient bon train au Parc Astrid. Il n’en ira pas autrement dans les semaines à venir.

On ne peut que se réjouir qu’un club tente de miser sur la continuité, dans des moments difficiles, mais parfois, comme cela semble le cas au RC Genk, il est impossible de ne pas intervenir. Le séjour de John van den Brom au Parc Astrid se mue progressivement en tragédie. La semaine dernière, déjà, on a déclaré que les joueurs soutenaient leur entraîneur mais qu’ils devaient le montrer sur le terrain. Le refrain est archi-connu. Par moments, le Sporting a développé un bon football à Lokeren et le club, après sa huitième défaite de la saison, s’y raccroche. Cela illustre bien l’incapacité du club à décider comment s’y prendre. Il a provisoirement repoussé la décision de privilégier la piste Besnik Hasi, l’adjoint qui n’a pas eu la permission de signer à Malines il y a quelques semaines. Il n’y a pas d’autres alternatives pour le moment et donc, John van den Brom reste en poste. Et cherche les bons automatismes. Vendredi dernier, il a encore bricolé son équipe. C’était une des différences par rapport à un Lokeren jouant avec ambition, un Lokeren qui possède des automatismes clairs et un style de jeu reconnaissable.

Roger Vanden Stock est étonnamment absent, dans la crise que traverse Anderlecht. C’est étrange car c’est justement dans un moment pareil que le président devrait faire entendre sa voix. Mais lui non plus ne semble pas savoir quelle voie emprunter. C’était différent en début de saison, quand il avait parlé d’une saison de transition, qui devait permettre aux jeunes d’éclore. Cette piste, qui ne convient pas à un club comme Anderlecht, a été abandonnée depuis longtemps. Le mécontentement des supporters à l’issue du match contre Mons a fait mal. Les supporters des grands clubs belges donnent de plus en plus de la voix. Le Standard en a fait l’expérience en début de saison et les protestations ont pris une tournure inquiétante. Le RC Genk, jadis une oasis de convivialité, est en proie à la grogne aussi. Les clubs peuvent difficilement rester insensibles à cette situation.

Anderlecht, un club aristocratique, qui tient à son standing, ne le fait certainement pas. La vente des abonnements pour les play-offs 1 donnera la température des supporters bruxellois. Il semble exclu que les Mauves poursuivent avec John van den Brom la saison prochaine. Les noms de successeurs possibles circulent déjà dans la presse. L’un d’eux, Peter Maes, a délivré sa carte de visite vendredi. Indépendamment de la question de savoir si le Limbourgeois peut être le coach idéal pour les Mauves, une remarque fréquemment entendue – il serait trop sévère pour Anderlecht – en dit long sur les rapports établis au sein du club. Il gâte trop ses pseudo-vedettes. Nous avons une fois assisté à un entraînement du Bayern. Pep Guardiola n’a pas hésité à remettre à leur place des internationaux, à plusieurs reprises. L’Espagnol n’accorde pas un instant de répit à ses joueurs et nul ne s’en plaint. Les footballeurs sont conscients de progresser sous sa houlette. Cette motivation, cette rage de vaincre, font précisément défaut à Anderlecht.

Le milieu du football a beau jeu de répéter que ce sont les joueurs qui assument la responsabilité de moins bonnes prestations et pas l’entraîneur. C’est partiellement exact mais c’est bien le coach qui montre le cap sportif et détermine les rapports au sein de l’équipe. On reconnaît un grand entraîneur à la manière dont il garde le contrôle sur les joueurs et les conduit à des prestations de qualité, des joueurs qui ne sont pas tous formés sur le plan intellectuel, qui gagnent beaucoup d’argent d’un coup et sont portés aux nues par leur entourage. Un grand entraîneur est exigeant, il travaille d’arrache-pied et ne se déconcentre pas une seconde.

Dans quelle mesure John van den Brom a-t-il ce profil ? Il y a un peu plus d’un an, dans une longue interview accordée à notre magazine, il avait déclaré que les joueurs devaient réfléchir tous ensemble et éventuellement proposer des solutions. À cette époque, il était encore considéré comme un innovateur.

PAR JACQUES SYS

On reconnaît un grand entraîneur à la manière dont il garde le contrôle des joueurs.

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