Que vaut vraiment Mazuch ?

Qui a vu jouer Ondrej Mazuch (20 ans) à Florence ? La question ne se veut pas méprisante mais le garçon n’a pas une seule minute de jeu en Serie A en deux saisons. Ce n’est pas sur ses trois rencontres de Coupe d’Italie, dont deux remontent déjà à la saison 2007-2008, que l’on est en mesure de juger les qualités de cet arrière central. Et son unique titularisation date du 17 décembre 2008,… après six mois de banquette et lors de l’entrée en matière de la Fiorentina en huitièmes de finale de la Coupe d’Italie. Rencontre peu convaincante sanctionnée par une défaite synonyme d’élimination face à Torino (0-1).

Mazuch a frappé les observateurs lors du Mondial des -20 ans au Canada en 2007. Avec JanHable, il a été l’un des deux éléments moteurs de la Tchéquie qui a été battue en finale par l’Argentine (1-2). Les deux joueurs étaient dans le collimateur de l’Inter et les transferts en passe d’être entérinés quand PantaleoCorvino, le directeur technique de la Fiorentina, annonça, pour 1,5 million, l’engagement du défenseur ainsi que de son compatriote médian. Quand on sait le nombre important de jeunes que l’Inter piste, engage à titre unique ou en copropriété, et prête aux quatre coins de l’Italie, ce n’est pas forcément un exploit de lui piquer l’un ou l’autre joueur.

 » Mais dans ce cas-ci, le directeur technique de l’Inter MarcoBranca a insulté Corvini dans la presse. L’Inter comptait vraiment sur ces joueurs « , commente FrancescoGensini, de Tuttocalcio.  » Avec le recul, les Interistes ne s’en mordent pas les doigts. Mazuch a peu joué et Hable pas du tout. Quand il est arrivé, Mazuch était prêt physiquement : il avait disputé quasiment l’intégralité du championnat 2006-2007 de D1 avec Brno. Ce qui n’était pas le cas de Hable qui n’avait à son compteur que quelques matches de D2 avec SK Hredska. Mazuch n’a pas répondu à l’attente. A sa décharge, en Italie, les coaches ont peur d’aligner un garçon de 18 ans et plus encore au centre de la défense. Mazuch avait aussi affaire à forte concurrence : AlessandroGamberini (27 ans), qui a été appelé en sélection nationale en vue de la Coupe des Confédérations, le régulier Danois Per Kroldrup (29 ans) et le capitaine MarcoDainelli (30 ans). Ces joueurs d’expérience rassuraient plus CesarePrandelli qui leur accordait sa préférence. Mazuch a accusé le coup et a rapidement manifesté son envie de partir. Il a régulièrement fait part de son mal-être dans la presse surtout celle de son pays où il n’a pas été tendre avec le club.  »

Il faut dès lors se rabattre sur ses rencontres avec la Primavera, qui n’ont qu’une valeur toute relative.

 » Si, la première année, il a été un des piliers de l’équipe, ce ne fut pas le cas la deuxième « , ajoute Gensini.  » Il a quasiment participé à la vingtaine de rencontres de la phase régulière de la compétition mais il ne donnait pas l’impression d’être très concerné. Mais il est costaud (1,89m pour 85 kg), a une bonne technique, pose bien le jeu et se débrouille pas mal en combinaisons. Il n’est pas mauvais non plus dans le marquage de l’attaquant de pointe. En revanche, il doit améliorer sa concentration et être plus rude physiquement. Evidemment, quand on sait dans quel état d’esprit il se trouvait, on peut comprendre qu’il se soit parfois montré distrait et ce n’est pas en jouant contre des gamins ou le jeudi contre des amateurs de six voire sept divisions inférieures que l’on s’endurcit. « 

En dépit d’un temps de jeu anecdotique à Florence, Mazuch n’en est pas moins resté une valeur sûre des -21 de Tchéquie. Jakub Dovalil, son coach :  » Dans le jeu aérien et dans les situations homme contre homme, il a du répondant. Mais sortir le ballon de la défense sur un service judicieux n’est pas son fort. Il doit encore travailler sa relance. Sous cet angle-là, les défenseurs centraux français, allemands ou espagnols sont meilleurs. S’il fait partie des valeurs sûres dans mon effectif, c’est parce qu’il n’a pas de véritable rival. De plus, il n’hésite jamais à donner de la voix. C’est la raison pour laquelle j’en ai fait mon vice-capitaine. Sa réussite ici contraste bien sûr avec sa situation en Italie. Mais il n’a pas perdu son temps dans le Calcio. Il s’y est frotté journellement lors des entraînements avec des bons joueurs et a pu mesurer le travail qu’il lui reste à accomplir. Anderlecht devrait être un tremplin pour lui dans ce sens.  »

NICOLAS RIBAUDO

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