Que vaut la Croatie ?

Thomas Bricmont

Une nouvelle génération à façonner.

La Croatie ne sera pas présente à la prochaine Coupe du Monde. Comme la Belgique… Mais la comparaison entre ces deux nations s’arrête là car ces dernières années, l’équipe à damiers a multiplié les prestations de choix ce qui la place au 11e rang FIFA (pour rappel, les Diables sont 55 marches plus bas…). On se rappelle évidemment de la formidable génération de 98, troisième en France sous l’impulsion des Suker, Prosinecki, Boban et Cie. Depuis lors, c’est très loin d’être misérable car mis à part l’Euro 2000 et l’Afrique du Sud en juin prochain, la sélection croate fut partie prenante de toutes les grandes compétitions internationales. Aujourd’hui, Slaven Bilic, à la tête de la sélection depuis 2006, doit très vite remettre sur pied une équipe compétitive. Au pays, on tolérerait difficilement une absence à l’Euro 2012 après l’échec de 2010. Surtout que le tirage a dressé sur la route des qualifications la Grèce et Israël comme adversaires les plus coriaces. Ç’aurait pu être pire.

 » La pression qui pèse sur Bilic est très forte « , explique Tonci Martic, de retour en Croatie après huit belles années mouscronnoises. Actif comme agent de joueurs dans les Balkans pour la société de Didier Frenay, Martic connaît très bien l’énergique sélectionneur croate :  » Au pays, je trouve que les attentes sont excessives. C’est un pays de 4,5 millions d’habitants qui se prend pour un cador européen comme l’Espagne, l’Italie ou la France alors que ce n’est pas le cas. La qualification pour l’Euro 2008, où la Croatie a barré la route de l’Angleterre, n’a fait malheureusement que conforter ce sentiment. Or, on n’est pas capable d’évoluer au même niveau que l’Angleterre sur la durée. On est trop dépendant de l’état de forme et des blessures de quelques joueurs clefs. Mais la population se leurre, elle croit par exemple qu’une victoire en Belgique n’est qu’une formalité…  »

Quelle que soit la discipline sportive, la Croatie a toujours connu des éléments raffinés. L’actuelle génération de footballeurs ne déroge pas à la règle. Les esthètes d’aujourd’hui se nomment Lukas Modric (le Cruijff des Balkans) et Nico Kranjcar (milieu de Tottenham et fils de l’ex-sélectionneur, Zlatko Kranjcar). Et on peut compter sur son naturalisé brésilien, Eduardo, qui revient tout doucement dans le parcours à Arsenal.

 » C’est plutôt en défense que le bât blesse, dans l’axe et à gauche principalement « , poursuit Martic.  » On ne dispose plus de joueurs de classe, d’expérience comme Robert Kovac (ex-Bayern ou Juventus). Son frère Niko manque également dans l’entrejeu. Ces joueurs étaient l’âme de cette équipe qui se cherche des nouveaux leaders. L’attaquant Ivica Olic (Bayern Munich) en fait partie, l’arrière Josip Simunic (Hoffenheim) également mais ce n’est pas suffisant. Si la qualité est bien présente chez les jeunes, l’équipe Espoirs est par exemple en tête de son groupe, j’ai le sentiment que la sélection est en léger déclin « , conclut Martic.

THOMAS BRICMONT

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