Que fait Leone ?

La direction doit agir en force : il faut nettoyer très vite la pétaudière ou plonger en D2.

Mons est malade. Le diagnostic est mauvais et les chances de guérison ne sont pas hyper élevées.Pour illustrer le mal, deux scènes sans équivoque observées samedi soir à Westerlo.

Quelques minutes avant le début du match, Mario Leone, team manager et frère du président Domenico, se déchaîne en public sur deux journalistes auxquels il reproche d’être trop négatifs. Il les insulte, fait mine de les agresser physiquement et les menace de représailles !

Trois quarts d’heure après la fin de la rencontre, nous sommes en discussion avec l’entraîneur adjoint, Rudi Cossey, près du car des joueurs. Assis sur la banquette du fond (celle des chahuteurs ?), Mohamed Dahmane estime que la soirée a déjà été assez longue et qu’il est temps de reprendre la route. Il fait des signes à Cossey pour lui dire :  » Allez, maintenant tu montes, on s’en va « . Pour résumer : un joueur donne des ordres au staff. Sidérant.

Entre ces deux aberrations, on a vu d’autres images fortes et entendu des discours révélateurs. Il y a eu cette réaction intolérable de Mounir Diane qui, après avoir marqué, est venu jeter son maillot aux pieds de Thierry Pister. Diane avait commencé le match sur le banc et cela ne lui avait pas plu. Il y eut aussi une réplique du même Pister, complètement découragé et les yeux dans le vide, devant un micro de la télé :  » C’est un drôle de groupe quand même « .

Un noyau ingérable et une communication catastrophique : voilà les deux principaux symptômes du grand malade. Mons n’a gagné aucun de ses neuf derniers matches (huit en championnat, un en Coupe de Belgique), ne compte que deux victoires en 14 journées et se trouve désormais dans le fameux wagon des quatre descendants. Seul un gros électrochoc pourra sauver cette équipe. Un changement d’entraîneur ? On n’a franchement pas l’impression que Pister soit le principal responsable de la débâcle. C’était aussi l’avis de Domenico Leone juste après le match. La solution est ailleurs, mais elle est coûteuse et difficile à mettre en £uvre : il faut nettoyer le vestiaire, écarter les pommes pourries et continuer l’aventure avec des gens positifs.

Pister n’a jamais vu ça

Après le match de samedi, Pister était fort marqué par l’incident Diane. La direction a directement signalé qu’il serait sanctionné. Le joueur, lui, a eu le culot de déclarer à Studio 1 que son lancer de maillot devant le banc de touche ne visait en rien Pister. Qu’il voulait seulement dire : -On y va, on peut encore égaliser. N’importe quoi.

 » Depuis que je suis entraîneur, je n’avais encore jamais vu une réaction pareille « , dit Pister.  » Il a voulu me ridiculiser. Je n’avais jamais travaillé dans un vestiaire aussi difficile. Tous les jours, il y a quelque chose, un incident, un problème. C’est surtout un problème d’éducation. Beaucoup de gars en veulent, je ne leur reproche pas de ne pas travailler assez ou de ne pas vouloir gagner. Mons n’est pas ridicule sur le terrain. Mais l’état d’esprit n’est pas bon. Il faut absolument quelques bons résultats pour changer les choses. Je viens d’en parler avec Jan Ceulemans. Il m’a dit qu’il avait aussi un vestiaire compliqué en début de saison, mais tous les problèmes ont disparu dès que Westerlo a commencé à faire des bons résultats.  »

Le vestiaire montois est marqué par trois clans. Les Flamands, inoffensifs : Kevin Oris, Ludovic Buysens, Jérôme Vanderzijl, Steven De Pauw. On ne peut pas leur reprocher de se regrouper systématiquement, c’est d’abord une question logique de langue. Le deuxième groupe est celui des dégoûtés : Frédéric Herpoel, Alessandro Cordaro, Cédric Roussel, Roberto Mirri. Ils ont des problèmes relationnels avec le club, mais aussi avec le troisième clan. Celui des remuants, des rebelles : Dahmane, Diane, Kevin Hatchi, Cédric Collet. Il arrive que Fadel Brahami s’y joigne.

Ce troisième clan cherche à faire la loi et voudrait prendre certaines décisions sportives à la place de Pister. Il essaye par exemple d’écarter Cordaro de l’équipe. Le tort de ce joueur ? Etre capable de jouer à gauche de l’entrejeu, à droite ou en soutien d’attaque. Il est donc une menace directe pour Collet, Brahami et Diane.

Selon divers échos, Pister perd parfois les pédales face à cette situation. Sa crédibilité aussi.  » Il ne tient plus le vestiaire. Certains joueurs arrivent systématiquement en retard à table. Pour eux, c’est une façon de provoquer encore un peu plus le coach. Mais Pister ne dit plus rien. Il laisse passer beaucoup de choses. J’ai même l’impression qu’il a peur de quelques joueurs. Le jour où Diane a raté un penalty, Pister l’a descendu à l’interview en disant que certains feraient mieux d’être bons sur le terrain plutôt que de se plaindre dans les journaux. Diane a menacé le coach… Et le lendemain matin, aucun des deux n’était au décrassage. Diane parce qu’il râlait, Pister sans doute parce qu’il avait peur. Avec Dahmane aussi, ça pète. Un jour, Pister lui a imposé de faire des tours de terrain parce qu’il revenait à l’entraînement le jeudi, après une petite blessure qui l’avait empêché de s’entraîner pendant trois ou quatre jours. Il ne pouvait pas être retapé pour le week-end. Dahmane a refusé les tours de terrain et est parti. Pas vers le vestiaire mais vers les bureaux de la direction. Pister l’a rappelé : -On peut discuter. Et il l’a directement réintégré dans le groupe. Devant tout le monde. Pour son autorité et sa crédibilité, c’est catastrophique.  »

On raconte aussi que Pister a voulu mettre Diane et Dahmane dans le noyau B mais que la direction le lui a interdit.

Tout le monde (ou presque) veut partir

Imaginons ce Mons en 4-4-2. Herpoel ; Frédéric Jay, Hatchi, Mirri, Francesco Migliore ; Cordaro, Hocine Ragued, Diane, David Fleurival ; Roussel, Dahmane.

Tous ces joueurs ont un point commun : ils cherchent à quitter Mons. Certains restent discrets sur le sujet, d’autres allument la direction dans la presse. Comme s’ils avaient envie qu’on les pousse dehors le plus vite possible. Herpoel :  » Il y a des menteurs dans la direction. Le jour où je parlerai, le club n’aura d’autre choix que de me délivrer un C4 tellement je risque de me montrer virulent. « 

Dahmane :  » On nous a dit qu’on allait bâtir une équipe pour être dans la colonne de gauche. Et les gens y ont cru. Moi-même, j’ai peut-être été stupide mais j’y ai cru aussi. « 

Ragued :  » Tout le groupe n’est pas derrière Pister. « 

Fleurival :  » Je vais partir au mercato hivernal.  »

Jay :  » Certains jours, je viens m’entraîner avec des pieds de plomb, quasi à reculons. Si j’ai une opportunité, je retourne en France. « 

Il y aura des départs en janvier.  » Tout le monde peut partir « , dit Domenico Leone.  » Mais pas pour rien.  » La question la plus essentielle est de savoir qui viendra à Mons cet hiver. Une spécialité du club est de transférer en janvier les renforts capables d’assurer le maintien. Mais ça ne marchera pas chaque année…

Une communication catastrophique

Avec ces déclarations dans les journaux, on en arrive à l’un des gros reproches que Pister fait à ses joueurs : se lâcher à la première occasion. Désormais, toute déclaration négative sera passible d’une amende. C’est stipulé dans un courrier envoyé aux joueurs. A Westerlo, Domenico Leone nous a dit :  » Vous oseriez critiquer publiquement vos patrons, vous ? C’est inadmissible. Nous devons intervenir.  » Pister ne veut plus que des propos positifs dans les journaux. Encore faut-il trouver des joueurs prêts à être positifs dans cette ambiance minée. Le coach lui-même a déjà dérapé. Quand il a attaqué Diane de front après son penalty raté. Ou quand il a déclaré, dans Sport/Foot Magazine, que les transferts de D2 étaient des bons  » deuxièmes choix « .

Le club a un problème de communication, c’est clair. Les exemples ne manquent pas. Le forum du site Internet officiel du club a été fermé récemment. Motif : la direction y était trop critiquée. Depuis que la direction lui a reproché d’être trop critique dans certaines interviews, Frédéric Herpoel se tait dans toutes les langues. Les seules interviews qu’il veut encore bien donner sont celles qui seraient consacrées à son club, Havré ! Un capitaine qui ne s’adresse plus du tout à la presse, ce n’est pas normal. Et l’isolement du gardien n’est pas bon pour l’image du club.

Domenico Leone est presque inaccessible pour les médias. Autant on l’a vu et entendu lors des débuts de Mons en D1, autant il est aujourd’hui réfractaire quand on lui demande un avis officiel. Pourtant, ce serait bien que le porte-drapeau du club s’exprime quand la situation est chaude comme aujourd’hui.

Le week-end passé, le site officiel signalait que Fleurival n’était pas repris dans le groupe pour le match à Westerlo car il partait samedi rejoindre la sélection guadeloupéenne. Le joueur a vite mis les choses au point dans la presse quotidienne :  » C’est faux, je ne pars que dimanche et je pouvais donc être repris samedi.  » Il faudrait se mettre d’accord !

par pierre danvoye – photos: reporters/ gouverneur

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