Quatre brèves

Qu’ Albert Cartier, trop usé selon Johan Vermeersch pour pouvoir encore sauver le Brussels, soit institué dans la foulée sauveur potentiel de Mons par Domenico Leone, ça ne m’étonne pas, cela fait partie du cirque. Mais qu’il ne faille que huit jours à Cartier pour accepter de sauter d’un club à l’autre, là, ça m’en bouche un coin, si pas onze ! Le gars, au moment de son C4, tu as pour lui une pensée émue. Tu te dis qu’il a tout donné pour le Brussels, tout tenté en se corrodant l’âme, et qu’il va lui falloir du temps pour s’en remettre, faire le point, tirer les leçons : pour retrouver la sérénité avant – peut-être un jour – de retrouver la gnaque… Hé bien non ! Cartier, il se fait virer le vendredi, il retourne dans ses Vosges le week-end, il chausse ses godasses de rando en même temps que sa femme (chausse les siennes), il bouffe sa dose de kilomètres pentus et aérés, et il revient chez nous le lundi, gonflé à bloc pour un autre défi : un défi qui va l’amener, immanquablement, à tisser des liens et de la motivation avec des gars dont il souhaitait hier la défaite (pour les passer au classement)… et surtout à souhaiter la défaite de gars avec lesquels, jusque hier encore, il tissait des liens pour les motiver !

C’est dingue. Je me demande si c’est triste ou si c’est héroïque. J’ai un p’tit c£ur trop fragile pour comprendre ça. Albert dare-dare à l’Albert, ça me sidère.

Deuxième pensée émue : pour Steve Dugardein, demi défensif attitré de Mouscron. Son président et son coach viennent de lui faire cadeau de deux stars qui vont peut-être rigoler, mais qui ne vont pas faire rigoler Steve quand l’Excel sera en perte de balle ! Tant Walter Baseggio qu’ Alin Stoica ont eu leur heure de gloire dans un club qui jouait le haut du classement, pas la seconde moitié : un club où d’autres faisaient et savaient faire ce qu’on appelle bien maladroitement le sale boulot… pourtant vachement beau quand on sait le regarder ! Mais moins ton club est fortiche, plus chacun doit faire sa part de ce sale boulot : et je ne mettrais pas mon pied à couper que Walter et Alin vont (enfin) intégrer ce paramètre ! Là où il y a erreur mouscronnoise sur la marchandise, c’est en présentant deux acquisitions éminemment médiatiques comme deux gars expérimentés, dont l’expérience va immanquablement bonifier l’ensemble. Faux. Alin et Walter auront toujours besoin d’être entourés, davantage qu’ils ne sont eux-mêmes des entoureurs. Gros challenge pour Enzo Scifo.

Troisième pensée, moins émue et plus énervée. Cela ne me fait pas rigoler que Tom De Sutter soit sélectionné pour le match des Diables ce soir à Sclessin. J’y vois la première confirmation (avec celle d’ Yves Ma-Kalambay) de ce que je redoutais : à savoir que René Vandereycken, après avoir testé 45 joueurs en 21 mois et 19 matches (!), va continuer à tester au lieu de tirer les leçons de sa première période testeuse… Aujourd’hui De Sutter, demain Sanharib Malki, ou Axel Witsel, ou PieterJan Monteyne, ou Gregory Dufer, ou Denis Viane, ou Eden Hazard, ou Stijn De Smet… Evidemment qu’il y a toujours de quoi aller, tous azimuts, à la pêche aux hommes en forme ! Et ça peut ne jamais finir ! On s’imagine que VDE fait des choix alors que c’est l’exact inverse, sa stratégie est de ne pas en faire : elle est d’essayer tout le monde et d’attendre le déclic, lequel finira bien par se produire comme en 1986 ! VDE est un cuistot qui balance à pouf, pour chaque tambouille, des tas de trucs différents dans sa marmite, et qui laisse cuire : en attendant le jour où il ne devra plus innover, parce que la popote se révélera soudain délicieuse plutôt que dégueu ! Et dans ce contexte, De Sutter n’est qu’un nouvel ingrédient hasardeux… Mais diable, sommes-nous donc condamnés aux essais à perpète ? Condamnés à l’éternel discours des lendemains qui chanteront, alors que les aujourd’hui flippent ?

Dernière pensée, de bienvenue, pour Luigi Pieroni. Après Jonathan Blondel, avant Tom De Mul ou Anthony Vanden Borre (?), le voici donc de retour au pays : plus tôt qu’il ne se l’était imaginé, en partant pour un grand championnat européen qui s’est avéré trop grand pour lui ! Sans doute s’est-il agi d’une énième histoire de tant de fric qu’il eût été sot de refuser : mais sur le plan strictement sportif, on ne sait toujours pas si Pieroni possède le niveau pour un top-club belge comme Anderlecht… On sait seulement qu’il l’avait pour un club comme Mouscron, et qu’il ne l’a pas eu pour vraiment s’imposer en France. Chouette, on va enfin savoir, Vandereycken aussi. Pieroni soit qui mal y pense.

par bernard jeunejean

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