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Quand Mido préférait l’Ajax à Anderlecht

Il y a vingt ans, Ahmed Mido Hossam trompait tout son monde. Il n’allait pas quitter La Gantoise pour Anderlecht… mais pour l’Ajax.

Le 5 mai 2001, Ahmed Mido Hossam, qui n’a encore que 18 ans, répond aux questions de la presse à l’entrée du Parc Astrid. En arrière-plan, on aperçoit le manager Michel Verschueren, rayonnant de fierté. Un an plus tôt, l’agent Roger Henrotay a transféré à La Gantoise ce jeune et parfait inconnu. Il devient une sensation en un rien de temps et notre magazine décide d’effectuer un reportage sur ses racines en Égypte, en prévision de son transfert à Anderlecht.

Le mardi 29 mai, reporter et photographe attendent Mido à l’hôtel Baron d’Heliopolis, une banlieue du Caire, pensant déjà à la belle séance photos dans les rues de la capitale égyptienne ou même aux pyramides. Une demi-heure après l’heure convenue, toujours pas de trace de Mido. Sa mère décroche le téléphone. « Il dort encore. Retéléphonez aux environs de midi. » Maman Hossam décroche à nouveau. « Il dort toujours. » Le cousin de Mido ne peut pas aider les reporters, pas plus qu’Henrotay.

Il arrive enfin, à 17 heures. Indépendamment des sept heures de retard, il a de mauvaises nouvelles. Il n’a pas assez de temps pour une séance photos approfondie, il doit se présenter en équipe nationale une heure plus tard. Il peut tout au plus poser devant la mosquée voisine. L’interview doit se dérouler pendant le trajet en voiture. Le photographe est dans tous ses états, le journaliste, lui, est en rage: un voyage de deux jours et demi en Égypte pour ça!

« Avant de vous quitter, je vais quand même vous donner un scoop », déclare Mido en prenant congé des journalistes. « Je rejoins l’Ajax. » Le reporter parvient de justesse à conserver son équilibre. Gand, Anderlecht et le joueur n’avaient-ils pas réglé tous les détails? « Si, sauf ma prime à la signature », répond Mido. « En apprenant que ce n’était pas encore fait, l’Ajax s’est présenté. Je peux y gagner plus et j’ai obtenu des garanties sportives. À l’Ajax, je peux marcher sur les traces de mon idole, Patrick Kluivert. Alors qu’à Anderlecht, je ne pouvais me défaire de l’impression qu’ Aimé Anthuenis ne croyait pas en moi. »

Le lendemain, coup de fil à Michel Verschueren. Qui tombe de sa chaise. « Quoi? Vous plaisantez, je suppose. » Le lendemain, un Verschueren fou furieux confirme que les contacts sont rompus, en ajoutant: « Ahmed Hossam est un gamin de merde. Vous pouvez l’écrire. Tout le monde peut le savoir. Que dis-je? Tout le monde doit le savoir. »

Début août, nous demandons à l’Ajax s’il est possible d’interviewer sa nouvelle idole. « Oui », répond l’attaché de presse. « Pas de problème. » Peut-il quand même s’assurer que Mido n’en veut pas à notre journal, après ce qu’il s’est passé en Égypte? « Pas le moindre problème. À la semaine prochaine. »

À Amsterdam, le directeur technique Leo Beenhakker explique avoir repéré Mido lors du match de coupe d’Europe entre Gand et l’Ajax. « En apprenant que Gand et Anderlecht négociaient, j’ai demandé si je pouvais encore intervenir. Son manager m’a dit que oui. » L’Ajax enrôlera également un autre jeune étranger qui deviendra une légende: un certain Zlatan Ibrahimovic.

Le jour du rendez-vous, l’attaché de presse nous attend. « Il y a un problème avec Mido. Il ne veut pas vous parler. »

Le team manager David Endt, que le journaliste a côtoyé dans un club gantoise, parvient à nous ouvrir la porte du foyer des joueurs. Mido est coincé. Il essaie bien de filer, mais la porte est assez étroite pour que nous lui barrions le passage. « Je ne vous parle pas », dit-il alors qu’il est bloqué. Pourquoi ne l’a-t-il donc pas fait savoir à l’avance? « Je n’étais pas au courant. L’attaché de presse ne m’en a parlé que ce matin. »

Malgré ses caprices, le club amstellodamois le revendra pour le double de son prix d’achat à Marseille. Il se produira encore pour l’AS Rome et Tottenham. En 2016, il deviendra, pour peu de temps, le conseiller sportif de Maged Samy au Lierse. L’ancien attaquant, aujourd’hui âgé de 38 ans, effectuera sa dernière mission d’entraîneur entre juin 2019 et janvier 2020, en D1 égyptienne, à Misr El Maqasa. Pas vraiment une carrière pharaonique…

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