Qu’on les vire tous !

Vive la mondialisation, vive le monde de la finance. C’est l’exemple à suivre pour la World Football Company. Ben oui quoi ! Un petit souci de rendement, des résultats qui ne suivent pas et hop on prend les décisions qui s’imposent. On vire tout le monde. Enfin presque. Pas les directeurs. Pas les décideurs. A Genk on a viré 4300 âmes. Surtout ceux qui ont mouillé la salopette, les ouvriers. Ben quoi, c’est logique non ?

C’est pas comme le foot. Paraît que dans ce monde-là, la logique c’est : – On ne peut quand même pas virer toute l’équipe. Virer 11 ou 22 joueurs, pas possible. Alors on vire le directeur. Trop comiques, ces footeux. Pas touche à ceux qui ne mouillent pas le maillot. On vire celui avec des auréoles sous les bras de chemise.

Faut dire, c’est un monde surréaliste où la plupart des employés gagnent plus que leur patron. Mais les points communs existent. Comme le cynisme. Chez Ford, on avait dit il y a un mois :- On ne touchera pas à l’usine de Genk. Comme en foot. Quand un dirigeant dit le lundi : – Notre entraîneur a toute notre confiance, en général, il est viré le mercredi.

Chez nous, le dialogue s’est rompu avec deux entraîneurs qui faisaient, belle intention, des efforts de langage. L’un pour être compris, l’autre pour être sûr de ne pas l’être. TotziensRon ! FarvelTrond !

Au niveau mondial, l’invitation à la danse macabre du Bal des maudits a commencé il y a pas mal de temps.

La palme revient à la Ligue Une. Superbe dénomination de l’élite algérienne. La 8e journée de championnat vient de se terminer, neuf entraîneurs ont déjà été virés. Certains avant le début du championnat. Des clubs en sont déjà à leur 3e coach de la saison. Là-bas, ça s’appelle un intérimaire. Jamais le temps de prouver ce que l’on vaut que les décideurs prouvent qu’ils ne valent pas grand-chose à la bourse de la patience.

Cela me rappelle les débuts de Sir Alex Ferguson. En 1986, il arrive à Manchester United. Défaite contre Oxford, partage contre un promu. ManU est avant-dernier. Beaucoup se demandent s’il est l’homme de la situation. On remet déjà son choix en doute. Mais finalement une petite victoire contre le petit QPR ouvre la porte de l’espoir. On a été patient avec Ferguson. 26 ans plus tard, on en retire encore les plantureux intérêts. Le plus cocasse, c’est que Ferguson a prouvé qu’il avait l’étoffe d’un grand en constatant que le problème de son équipe était… l’alcoolisme de ses joueurs…

J’aime toujours regarder les photos d’équipes en début de saison et, absurde ou pas, je me faisais souvent la réflexion que les grands clubs savent placer leurs entraîneurs sur la photo.

Comme sur les photos officielles de la Ligue des Champions 2010/11. Très significatives. Avec les clubs anglais, c’est toujours le coach au milieu. Au premier plan. C’est lui le guide.

A Arsenal, une petite nuance révélatrice de l’évolution de notre sport. Arsène Wenger devant et, derrière, une ligne complète de 11 bonshommes en training, ses adjoints. Une équipe dans l’équipe. Au Barça, y a les joueurs + Pep Guardiola et deux adjoints. Basta. Rien de plus. L’essentiel est là. Pas étonnant que c’est celui à sa droite, Tito Vilanova, qui lui a succédé.

En France, ce sont les présidents qui sont au centre de l’objectif. Autres m£urs. A Lyon et Marseille, les coachs ne sont plus là. Mais le sommet, c’est Auxerre. Au centre, quatre dirigeants. Moyenne d’âge, 70 ans, avec la cravate suintant la naphtaline de travers. Jean Fernandez, le coach, est en bout de ligne. Déjà une fesse dehors. L’autre suivra très vite et l’AJA passera de la Ligue des Champions à la D2 en deux saisons. Des clichés de papier qui révèlent certains clichés en béton. Pour passer du négatif à la couleur, il faut laisser faire le révélateur de talent.

 » En Angleterre, c’est toujours le coach au milieu de la photo d’équipe. En France, c’est le président. « 

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