Putain, 28 ans sans finale …

9 raisons d’espérer des jours meilleurs.

En 1980, la finale du Championnat d’Europe avait opposé, à Rome, l’Allemagne à la Belgique. Nos Diables Rouges s’étaient inclinés 2-1 et l’unique but belge avait été inscrit, sur penalty, par un certain… RenéVandereycken. C’était il y a 28 ans.

L’Euro n’opposait encore que huit équipes à l’époque. On était tombé dans un groupe tout à fait effrayant, mais avec la tactique mise en place par Guy Thys, on avait partagé avec l’Angleterre (1-1), battu l’Espagne (2-1) et fait match nul avec l’Italie (0-0). En finale, on affrontait l’Allemagne pour s’incliner 1-2 dans la composition suivante :

Pfaff ; Gerets, L. Millecamps, Meeuws, Renquin ; Van Moer, Vandereycken, Cools, Mommens ; Van der Elst, Ceulemans.

Quand revivrons-nous de tels moments de bonheur ?  » Lorsque René aura quitté son poste de sélectionneur « , répondront les méchantes langues. Peut-être, mais l’idée n’est pas ici d’entamer une chasse à l’homme. Le mal du football belge est – hélas – plus profond. En football, c’est souvent une histoire de cycle, surtout pour les petits pays, et le nôtre traverse actuellement une période de basse conjoncture. La génération précédente était à bout de cycle après la Coupe du Monde 2002 et celle-ci est encore en tout début. Pour preuve : EnerDerdiyok, le benjamin suisse de l’Euro 2008, a sept mois de plus qu’ AxelWitsel ! Il faut simplement faire preuve de patience.

Les Diables Rouges ont démontré, lors du dernier match amical à Florence, qu’ils n’étaient pas encore prêts pour forger un résultat contre une grande nation. En outre, lorsqu’on a l’Espagne et la Turquie dans son groupe pour la qualification au Mondial 2010, on ne doit pas se faire trop d’illusions. La 3e place serait déjà un beau résultat.

2012, alors, pour l’Euro en Pologne et en Ukraine ? Voici nos raisons d’espérer.

1. Le coach

Qu’on se rassure : Vandereycken ne sera pas éternel. S’il restera probablement en place jusqu’à la fin de la campagne 2010 (les finances de la fédération permettent difficilement de le limoger), on ne pourra pas lui proposer un troisième mandat en cas de nouvel échec. FrankieVercauteren pourrait reprendre le poste (à moins que HugoBroos, d’ici là, soit toujours libre), mais en cas de nouvel échec, l’UB ne pourra pas commettre une nouvelle fois l’erreur de renouveler sa confiance à un entraîneur qui a échoué. Et donc, pour les qualifications à la CM 2014, on pourrait avoir… un entraîneur étranger ? Ne rêvons pas ! L’UB est trop fière de la réputation de son école d’entraîneurs du Heysel pour offrir le poste le plus convoité à un non-Belge. Mais peut-être pourrait-on avoir… MichelPreud’homme ou EricGerets ?

2. Le talent

Chacun s’accorde à dire que la Belgique regorge de talent, et de jeune talent. Mais tout est relatif. On a de bons joueurs, mais si l’on veut effectuer la comparaison avec d’autres pays de même dimension, on n’a ni un CristianoRonaldo, ni un ZlatanIbrahimovic, ni un WesleySneijder.

Les seuls Diables Rouges qui sont titulaires dans leur club à l’étranger, évoluent aux Pays-Bas. Ceux qui portent le maillot du Bayern Munich, de Hambourg ou de Lille ont déjà fait connaissance avec le petit banc. Steven Defour, Marouane Fellaini et Witsel sont simplement champions de Belgique. Aucun des trois n’a encore joué en Ligue des Champions. On possède donc simplement une bonne base, sur laquelle il faut construire.

3. L’expérience

La base, pour l’avenir, c’est la génération qui fut demi-finaliste de l’Euro 2007 des -17 ans et celle qui fut demi-finaliste de l’Euro 2007 des -21 ans. La première a également participé au Championnat du Monde de la catégorie et la seconde ira aux Jeux Olympiques. Ce sont des expériences qui seront profitables à ces joueurs, mais il leur faudra maintenant emmagasiner d’autres expériences au niveau adulte. C’est de cette réussite-là que dépendra l’avenir des Diables Rouges.

4. Les nouveaux gardiens

Une bonne équipe doit pouvoir compter sur un gardien capable de gagner des points. Longtemps, la Belgique a constitué une terre de gardiens – faut-il citer les noms de JeanNicolay, JeanMariePfaff, MichelPreud’homme et autres – mais la relève n’a pas toujours supporté la comparaison. Toujours cette question de cycles.

Heureusement, la génération suivante s’annonce prometteuse. SilvioProto finira bien par devenir titulaire, à Anderlecht ou ailleurs. LoganBailly n’a encore que 22 ans et gagnera en maturité. YvesMakabuMaKalambay, 22 ans également, sort d’une saison satisfaisante en Ecosse. KennySteppe vient d’être élu Gardien de l’Année à 19 ans à peine. Dans six ans, ils seront tous au top ! En revanche, on ne pourra pas compter sur SinanBolat : il a opté pour la Turquie.

5. La formation

Si, si : elle existe en Belgique. Ou plutôt, elle commence à exister. Au Standard notamment, mais aussi à Genk, voire à Mouscron, à Bruges ou à Anderlecht. Il faut le temps que les graines de champion que l’on a plantées portent leurs fruits. Les joueurs belges qui partent très tôt à l’étranger, dans des pays comme la France ou les Pays-Bas où la formation est plus poussée que chez nous, bénéficieront aussi, en principe, d’un bon écolage.

6. La technique

La Belgique possède sans doute de meilleurs footballeurs qu’il y a 25 ans, mais ils évoluent dans un autre style que leurs prédécesseurs. C’est dû en partie au fait que des joueurs belges actuels sont partis très tôt à l’étranger, où ils ont été formés différemment. La plupart des Diables se distinguent donc par leur technique. Nos joueurs ont désormais un style léché, comme MoussaDembelé, Witsel, Defour et bientôt EdenHazard ou VadisOdidja, mais on n’a plus de taureaux comme l’étaient MarcWilmots, JanCeulemans ou GertVerheyen.

Jadis, on avait un seul styliste dans l’équipe (genre EnzoScifo ou MarcDegryse), aujourd’hui ils forment la majorité. Même nos défenseurs savent jouer au football : VincentKompany, et aussi ThomasVermaelen ou JanVertonghen (tous deux formés à l’Ajax), n’ont rien de comparable, au niveau du style, avec LucMillecamps, HugoBroos ou PhilippeClement. Mais une bonne équipe doit être équilibrée. C’est pourquoi il sera important de trouver, pour épauler ces techniciens, des joueurs qui allient gabarit et puissance.

7. La tactique

Pour réussir dans les tâches futures, il conviendra aussi de définir une tactique fiable, mais ce n’est pas aussi simple que de l’écrire. Les jeunes Belges sont désormais éduqués en 4-3-3 (à l’Euro 2007, JeanFrançoisdeSart avait joué en 4-5-1). Sont-ils à l’aise dans un 4-4-2 ?

Dans le passé, la Belgique a obtenu ses meilleurs résultats en tablant sur une bonne organisation et une tactique prudente (c’est d’ailleurs dans l’espoir qu’il ré-inculque ces vertus-là que Vandereycken avait été choisi au départ), mais les caractéristiques des joueurs ont changé. A-t-on encore des défenseurs et des médians capables de préserver un résultat ? Poser la question, c’est presque y répondre.

8. Les choix

Actuellement, on cherche toujours le meilleur concept et la meilleure équipe-type. On finira bien par trouver.

Le poste qui pose le plus de problème est actuellement celui d’arrière droit. Lorsqu’on descend dans les catégories inférieures, le problème se pose également. On avait pensé, un moment, que GuillaumeGillet serait le nouvel EricGerets, mais il se sent plus à l’aise dans l’entrejeu. De Sart l’avait déjà compris l’an passé, ce n’est pas un hasard si SeppDeRoover avait joué tout l’Euro 2007.

Dans les générations montantes, on ne trouve pas la solution non plus. Chez les -21 ans actuels (ceux qui suivent l’équipe olympique), De Sart a essayé LanderVansteenbrugghe de Zulte Waregem, qui n’a pas convaincu. C’est ainsi que RéginalGoreux a fait son trou. JonathanLegear s’y est même parfois plié, dans le style  » arrière droit offensif « . Il faut descendre jusqu’aux -17 ans, où l’on trouve le petit DimitriDaeseleire : un teigneux, ce qui parfois suffit pour faire carrière comme défenseur.

Au poste d’arrière gauche, Vandereycken (qui s’obstine à bouder OlivierDeschacht) a longtemps opté pour des défenseurs centraux gauchers : Vermaelen ou NicolasLombaerts. SébastienPocognoli semble s’imposer comme la solution d’avenir. Chez les -19 ans, on trouve Jérémy Huyghebaert, qui vient de signer à Auxerre. Chez les -17 ans, le poste était problématique également : à l’Euro 2007, il était occupé par l’Anderlechtois NielsRingoot, un ancien attaquant reconverti. Kevin Kis jouait plus haut, comme ailier gauche, mais à Genk il est arrière gauche.

Dans l’entrejeu, il faudra faire des choix qui pourraient se révéler douloureux. Car on a trop de n°10 prometteurs. Defour et Witsel semblent aujourd’hui incontournables, mais que se passera-t-il lorsque MaartenMartens (plus âgé mais capitaine des Espoirs) frappera à la porte, ou pire encore, lorsque sonnera l’heure d’Eden Hazard ou même du tout jeune MehdiCarcela, du Standard ?

Et devant ? Aujourd’hui, on a des attaquants mais pas de… buteurs, si l’on excepte KevinMirallas. Moussa Dembelé ne sera jamais un renard des surfaces. SanharibMalkiSabah aurait peut-être pu apporter une solution, mais il a opté pour la Syrie. Peut-être TomDeSutter, s’il retrouve toutes ses facultés ? Ou, dans quelques années, ChristianBenteke ?

9. Les naturalisés

On en vient à reporter nos espoirs sur les naturalisations de MéméTchité et d’ IgordeCamargo. Qu’attend NicolasFrutos pour introduire une demande ?

par daniel devos

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