PUR régal

A bientôt 24 ans, le Suisse marque autant le tennis sur le terrain qu’en dehors.

La semaine dernière, lors de ce tournoi de Wimbledon qu’il aime tant et qui est devenu un peu le sien, Roger Federer reçut un très beau compliment de la part d’ Andy Roddick, battu en finale :  » Son tennis parle de lui-même. Roger est probablement la personne la plus talentueuse à avoir jamais tenu une raquette entre les mains. Les coups qu’il parvient à réaliser en font un joueur complet. Mais son charisme est également énorme lorsqu’il ne joue pas. Il y a déjà eu par le passé de très grands champions mais lui a tout simplement une classe inégalée. Il n’est jamais hautain ou suffisant, il est respectueux avec tout le monde, que ce soit avec la personne qui ouvre les portes ou celle qui amène la nourriture. Il dit toujours – s’il vous plaît et – merci. Je crois que c’est pour cela qu’il est tant respecté et apprécié. Il n’y a pas beaucoup d’animosité envers lui malgré tous ses succès « .

N’en jetez plus la coupe est pleine ! Pourtant lorsqu’on évoque la carrière du joueur de Bâle, on se souvient d’un junior excessivement doué, classé n°1 mondial en 1998, l’année où il s’imposa dans les jardins de Wimbledon tant en simple qu’en double aux côtés… d’ Olivier Rochus. Mais Federer avait une réputation de fainéant û une impression sans doute accentuée par son tennis facile û et de ne pas être un battant. Combien de matches n’a-t-il pas ainsi laissé filer parce qu’il s’était énervé ? Enormément !

On se souvient du joueur qui se mit en même temps à rire et à pleurer au micro après son premier triomphe à Wimbledon, en 2003, contre Mark Philippoussis. Cette victoire qui le fit entrer dans la catégorie des vainqueurs de tournois du Grand Chelem fut évidemment importante pour la suite de sa carrière. Mais ce sont aussi les larmes qui accompagnèrent une victoire peut-être encore plus marquante pour l’avenir de Federer : celle face à Pete Sampras sur le court central de Wimbledon, en huitièmes de finale en 2001.

Vainqueur de Sampras à 19 ans sur herbe

L’Américain restait sur une série de 31 succès consécutifs sur gazon, et quatre trophées d’affilée à Wimbledon. A 19 ans, Federer s’imposa 7-5 dans le cinquième : l’ All England Club venait d’assister à la relève de la garde en matière de jeu sur herbe, un peu comme quand il avait applaudi la première victoire de Sampras sur Boris Becker quelques années auparavant.

 » Plusieurs fois au début du match, je frappais dans la balle et regardais ensuite le joueur que j’avais en face de moi « , se souvient aujourd’hui le Suisse.  » J’étais réellement impressionné ! Ce sentiment s’en est très vite allé, heureusement, et j’ai pu donner la pleine mesure de mon talent…  »

Sans ce succès, nul ne sait si Federer dominerait aujourd’hui le tennis comme il le fait depuis deux ans. Une extraordinaire saison 2004 suivit celle de son premier titre à Wimbledon. Il remporta trois des quatre Grands Chelems, l’Open d’Australie, Wimbledon (pour la deuxième fois) et l’US Open, et inscrivit à son palmarès huit autres tournois dont le Masters de fin d’année. En près de vingt ans, l’ATP Tour n’avait plus connu une telle réussite !

Mais le succès n’a pas éloigné Federer des priorités qu’il s’est fixées. Les journalistes suisses qui le suivent avec admiration ne cessent de louer ses qualités de communicateur. Ainsi, il ne rate jamais une occasion de parler à la presse et il le fait à chaque fois avec le plus grand respect de ses interlocuteurs. Un quotidien helvète rapporta récemment la tuile survenue à un journaliste de la Radioromande. Après dix minutes d’interview, celui-ci se rendit compte que l’enregistrement n’avait pas fonctionné. C’est Federer lui-même qui lui dit de ne pas s’inquiéter, qu’on recommencerait sans problème. Il était une heure du matin…

 » Les interviews stimulent ma propre analyse « , dit-il.  » J’aime assez cette forme d’introspection grâce à laquelle j’en ai parfois appris beaucoup sur moi-même. Je tiens juste à mettre des barrières autour de ma vie privée « .

Vu sa grande disponibilité, le respect de sa sphère familiale se fait de manière naturelle. Miroslava Vavrinec, une ancienne joueuse qui partage sa vie, s’occupe justement de ses relations avec la presse et l’on ne sait pas grand-chose de ses parents si ce n’est qu’ils travaillent tous deux pour une société pharmaceutique, que sa mère Lynette est originaire d’Afrique du Sud et qu’elle trouva dans son pays natal un projet d’aide aux enfants défavorisés dans lequel Roger pourrait se sentir utile via la Fondation qui porte son nom.

Florient Etienne

AVEC SON TENNIS FACILE, il avait une réputation de fainéant

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