Puncheur de Netanya

 » Shloooomi, Shlooomi !  » L’Israélien qui bute est le (numéro) 10 qu’on aime à Gand.

S hlomi Arbitman (27 ans) est né dans une maternité de Netanya et a fait, bien plus tard, le tour des principales villes d’Israël. Il y a quatre grands clubs traditionnels dans ce pays et il en a connu trois : Beitar Jérusalem, Maccabi Haïfa (deux titres de champion), Hapoel Tel-Aviv. Partout, cet attaquant international (un hat-trick pour son tout premier match en équipe A !) a marqué. Une bonne pioche donc pour l’agent Dudu Dahan, l’homme qui nous a aussi amené Rami Gershon, Lior Refaelov et Dudu Biton.

Durant l’été 2010, Dahan place Arbitman à Gand. Prix du transfert : un million d’euros. Une paille pour ceux qui connaissent le marché.  » Beaucoup d’Israéliens ne coûtent pas cher, que ce soit à l’achat ou à l’entretien « , dit Ronny Rosenthal (ex-Club Bruges, Standard, Liverpool, etc).  » Et l’Israélien est un bon produit d’exportation.  » Avec Francky Dury, l’entente est bof bof. Souvenir :  » Il s’amusait à m’imposer des navettes entre le banc et la tribune. Comme si j’avais quitté mon pays pour perdre subitement mon statut et devenir un simple réserviste. A l’entraînement, il me rentrait tellement dedans que des coéquipiers me demandaient parfois comment je réussissais à garder mon calme.  »

Arbitman plante quand même sept buts cette saison-là, en ayant commencé peu de matches. Cela lui permet de conserver son extraordinaire moyenne : depuis qu’il est pro, il marque dans un match sur deux s’il est titulaire et dans une rencontre sur quatre s’il commence sur le banc. Au total, il a déjà frappé près de 90 fois en D1 israélienne et belge, en moins de 250 matches.

Ceulemans passe 10 heures à le convaincre

Un an plus tard, ça se passe à peine mieux avec Trond Sollied, qui lui offre cinq petites minutes sur la pelouse entre l’ouverture du championnat et le dernier jour du mercato d’été, quand Arbitman est appelé dans le bureau de la direction. On veut le fourguer à Westerlo. Il ne le sent pas. Une légende fait le déplacement pour débloquer la situation : Jan Ceulemans passe dix heures à convaincre l’Israélien de le rejoindre. Le deal se fait in extremis. Dans la Campine profonde, deux gros points noirs pour le buteur juif : des blessures à répétition (dont une opération au genou) et la descente en D2. Mais aussi un grand bonheur :  » J’ai retrouvé le goût du foot. Ceulemans m’a sauvé de la noyade.  »

Dans les explications extra-sportives de son nouveau bien-être, il y a notamment son déménagement de Gand à Anvers.  » Je me suis installé dans un quartier juif, j’ai l’impression d’être en famille, dans mon pays. Anvers, c’est Israël miniature. Dans mon immeuble, je pense qu’un seul appartement est occupé par des Belges.  » Là-bas, il trouve la viande provenant d’animaux tués selon les rites juifs (la seule qu’il accepte d’avaler) et se rend régulièrement à la synagogue.

Back in town

Son prêt d’une saison l’a transfiguré. Cet été, il a été le grand bonhomme de la campagne de préparation gantoise. Il a marqué huit fois dans les matches amicaux, il a aussi donné pas mal d’assists, provoqué des penalties, etc. Et il a pris plein d’assurance :  » J’avais le numéro 23 depuis mon arrivée en Belgique. J’avais envie du 10, j’ai demandé à Stijn De Smet s’il était d’accord pour faire l’échange. No problem.  »

Confirmation de tout cela dans le premier match de championnat, contre le Lierse : trois occasions pour Shlomi Arbitman, deux buts (2-0). Le commentaire du speaker après le premier goal :  » Shlomi is back in town « . L’avis de Bernd Thijs :  » Shlomi is a goal machine « . Et si c’était lui, le sauveur de ces Buffalos dont les carences à la concrétisation sont historiques ? Sollied analyse les matches en parlant de  » A-chances  » (grosses occasions) et  » B-chances  » (opportunités moins nettes). Et regrette que son équipe ne marque même pas chaque semaine alors qu’elle se retrouve au moins quinze fois devant le but lors de chaque match. L’Arbitman d’aujourd’hui peut être la pièce manquante.

Chez les supporters, sa cote est énorme. C’était déjà le cas lors de sa première saison foireuse à Gentbrugge. Ce fut confirmé à Westerlo où il avait régulièrement une façon particulière de célébrer ses buts. Un jour, il a couru vers la tribune où sa femme et sa petite fille étaient installées. Il a embrassé les pieds de la gamine. Pour lui, ça n’avait rien de bête ou choquant :  » Si j’avais marqué de la tête, je lui aurais fait un bisou sur le front !  » Et aujourd’hui, il est à nouveau très hot à Gand. On y entend des  » Shlooomi, Shlooomi  » qui prouvent que le nouveau chouchou, c’est lui.

PAR PIERRE DANVOYE – PHOTO : IMAGEGLOBE

Depuis qu’il est pro, il marque dans un match sur deux s’il est titulaire et dans une rencontre sur quatre s’il commence sur le banc.

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