PUISSANCE 4

Il est candidat à une nouvelle victoire en Ardenne.

On l’appelle Tintin, à cause sans doute de ce visage presque enfantin sur lequel les années semblent n’avoir aucune prise (il soufflera pourtant ses 45 bougies en septembre). On connaît son chapeau qu’il coiffe à peine son casque enlevé pour cacher sans doute une calvitie qui ne date pas d’hier. Il a roulé – et roule encore – sa bosse aux quatre coins de la planète auto où son coup de volant et son professionnalisme font autorité.

Ce professionnalisme, Eric Van de Poele le brandit comme un étendard :  » Quand je participe à un programme, je m’y investis à fond et je donne le maximum pour que le team qui fait appel à mes services en retire tout le bénéfice possible. Mais le pilotage en course est mon métier et j’entends être payé pour l’exercer. Expliquez-moi pourquoi un ingénieur, le kiné ou le cuisinier d’une équipe serait rétribué pour faire son boulot tandis que le pilote devrait prendre le volant pour le plaisir, sans être rétribué « …

L’allusion vise clairement une dérive du sport auto où le rôle sans cesse plus important de l’argent fait le bonheur de gentlemen drivers très riches mais pas automatiquement véloces. La tendance frappe même la F1 où les baquets dans une petite structure comme Midland se négocient à coup de millions de dollars.

La F1, Eric y a touché. Il a disputé cinq GP. Pour entamer son parcours, il a pu compter sur un coup de main inattendu de la presse spécialisée :  » Un producteur de cigarettes a demandé par référendum à une série de journalistes de désigner un jeune Belge qui hériterait du volant d’une BMW 325 dans le championnat national. Ils m’ont choisi et je peux dire que ma carrière a vraiment débuté à ce moment « .

La victoire en descendant de l’avion privé

VDP se produit ensuite en F3 allemande et son coup de volant séduit les dirigeants de BMW qui font appel à lui pour le très huppé DTM où ils mènent un combat sans pitié contre Mercedes et Opel. Déjouant tous les pronostics, le Belge décroche ce titre prestigieux au terme d’une saison 1987.  » Non seulement je me suis imposé en DTM mais j’ai également gagné mes premières 24 H de Spa. Malheureusement, je n’ai pas pu accompagner mes équipiers Didier Theys et Jean-Michel Martin sur le podium à Francorchamps car je suis rentré trop tard d’Allemagne où je disputais le même week-end une manche du DTM. C’est en descendant du petit avion qui me ramenait à Spa que j’ai appris ma victoire « …

La suite, c’est la Formule 3000 (vice-champion avec trois victoires à la clé en 1990), puis le grand saut vers la discipline reine. Mais Eric ne parvient pas à faire sa place en GP et il se tourne vers l’endurance où il se construit rapidement un solide palmarès, remportant notamment deux éditions des 12 H de Sebring et gagnant la confiance de Jean Todt pour défendre le pavillon de l’usine Peugeot aux 24 H du Mans. Plus tard, on le retrouvera sous les pavillons Nissan, Cadillac, Riley et Bentley.

C’est encore à Spa qu’il écrit deux des plus belles lignes de son copieux palmarès. En 1998, il ne fait pourtant pas partie des favoris sur la BMW qu’il partage avec Marc Duez et Alain Cudini. Mais les trois hommes signent la course parfaite et évitent toutes les embûches pour offrir un succès inespéré à l’équipe de Bart Mampaey. Cinq ans plus tard, on le retrouve au départ de la classique spadoise à bord d’une Maserati dont la fiabilité ne convainc guère les pronostiqueurs. Pourtant, c’est bien la belle Italienne qui passe la ligne en tête.

Favori, cette fois

Van de Poele défendra à nouveau les couleurs Maserati-Vitaphone ce prochain week-end. Il fera cause commune avec l’Allemand Michaël Bartels et l’Italien AndreaBertolini et endossera cette fois le rôle de favori.  » Je connais assez le sport auto pour éviter toute prévision trop optimiste. Mais je mesure aussi les arguments en ma faveur : je suis intégré dans un top team qui joue les premiers rôles en championnat FIA-GT, je partage le sort de deux pilotes haut de gamme et je pilote une voiture ultra performante. Avouez qu’il faudrait être difficile pour demander plus…  »

ÉRIC FAURE

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