Publicité mensongère : la charte des 18 faux culs

Le nonsense était plaisant, le spot/TV était comique : Marc Delire y commentait un joli coup franc victorieux de Randall Azofeifa ; mais Michel Preud’homme trouvait la frappe moche et la faisait recommencer ; Azofeifa rebottait vers Bryan Ruiz ; Ruiz (soit parce qu’il s’était laissé aller à fumer un pétard, soit parce qu’il se repasse chaque jour en DVD le film Shaolin soccer) bondissait vers le ciel pour une reprise de volée, à classer quelque part entre la bicyclette, la Madjer aérienne, l’aile de pigeon et la distension des ligaments du genou : hapax gestuel, plus anthologique y’a pas… et pub pour Belgacom 11 : laquelle nous affirmait que  » Cette saison, les entraîneurs de la Jupiler Pro-League s’engagent pour plus de spectacle !  »

Suivaient sur l’écran (et dans la presse écrite) les signatures des 18 coaches, qui ne sont plus que 17 vu que Philippe Saint-Jean s’est déjà désengagé… Une charte, 18 moutons ou 18 faux culs au choix. Mais c’était rigolo.

C’est bien fait pour elle, la marque Kellogg’s vient de se ramasser 15.000 euros d’amende pour avoir entubé les rêveurs de minceur dans mon genre : durant trois ans sur sa gamme Spécial K que j’ai mangée comme un bêta, il était écrit  » 0 % de matières grasses  » et c’était une menterie ! Ceci pour rappeler que la publicité mensongère est punie par la loi, qu’on se le dise chez les coaches, lesquels entubent joyeusement les footeux rêveurs de spectacle ! Le naïf enthousiaste qui s’abonne au My club de Belgacom 11 pour suivre les 34 matches de son Tubize ou de son Lokeren, s’il s’y est royalement emmerdé durant toute la saison, je lui conseille alors de contacter Luc Misson qui est de tous les bons coups : pour réclamer avec lui dommages et intérêts à Albert Cartier ou à Georges Leekens, y’aura du pognon gâché à récupérer !

Balivernes publicitaires : le spectacle ne sera pas miraculeusement supérieur cette saison en D1, parce que les coaches s’y engagent comme Tonton Mailleux ! Prometteurs de bonjours pour les besoins du bizness, nos entraîneurs ne prennent pas pour autant les vessies du spectacle pour les lanternes de la réussite : au niveau où ils sont, ils savent pertinemment qu’en foot, le spectacle n’existe jamais quand la victoire n’est pas au bout ! Bien sûr, si tu gagnes avec plein de buts, on t’encense en criant – Foot-Champagne ! Mais si tu perds bien qu’ayant marqué des buts, on t’enfonce en vociférant – Journée/Portes ouvertes ! Ce qu’on nomme spectacle est la résultante du niveau intrinsèque des individualités, bien davantage que d’options tactiques particulièrement spectaculaires ! Evidemment, plus les médias te tressent une couronne d’entraîneur offensif, plus ça flatte ton p’tit ego tactique : mais ça n’a jamais qu’un temps, celui où tu disposes de joueurs fortiches… Si le foot est insuffisamment spectaculaire (ce qui est mon avis, mais pas celui de tout le monde, affluences/stades et audiences/TV sont en hausse), la seule manière de le spectaculariser davantage est d’en modifier les règles. J’ai déjà radoté là-dessus, je ne détaillerai pas aujourd’hui…

J’aimerais par contre radoter sur Hein Vanhaezebrouck, qui a crevé l’écran voici dix jours à Studio 1 : non seulement en expliquant posément avoir failli ne pas signer cette charte qu’il trouvait mensongère (faute avouée à moitié pardonnée !), mais en séduisant par ses nuances. Bon sens de bon vivant, ce Hein, sourire de malin, amabilité, absence toujours polie de langue de bois : en osant trouver qu’ Axel Witsel était supérieur à Steven Defour, en osant défendre Joseph Akpala dans son contact avec Logan Bailly malgré les avis contraires,… chouette apparition dans notre petit monde de la papote/télé ! Au fait, avez-vous remarqué que, chaque saison, un entraîneur méconnu est découvert et porté au pinacle par nos médias unanimes ? Evidemment, ça ne dure jamais, mais rappelez-vous Franky Dury, coach si différent des autres quand il est apparu, en même temps que Zulte Waregem étonnait… Rappelez-vous Jacky Mathijssen à son époque carolo, et l’effet inverse qu’il produit maintenant… Remember José Riga et sa gentillesse, avant qu’on l’estime trop gentil… Repensez à Albert Cartier, tellement sans peur et sans reproche avant qu’on le trouve parfois bizarre ! A condition (évidemment) que Courtrai ne se plante pas, Hein Van Haezebrouck sera le coach en vogue cette année en D1, et c’est une perspective agréable… pour le spectacle en interview !

par bernard jeunejean

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