Le Great Old revit grâce à un entraîneur anglais vraiment très spécial…

La Coupe traîne encore dans ses bagages des saveurs inégalables. Elle nous permet, au détour d’un exploit, de découvrir des lieux oubliés, des glorieux anciens tombés en désuétude ou des personnages savoureux. C’est ce qui s’est passé en huitièmes de finale lorsque l’Antwerp, le plus vieux club de Belgique, est venu à bout du Lierse. Les souvenirs sont remontés à la surface des mémoires bien trop sélectives. On pensait les pensionnaires du Great Old voués à la discrétion de la D2. L’Antwerp avait pourtant quitté la D1 un jour de mai 2004 avec l’espoir d’y revenir rapidement mais, depuis lors, le budget du club cher à son président Eddy Wauters n’a cessé d’être revu à la baisse.

Heureusement, les grands clubs ne meurent jamais. La Coupe a redonné espoir aux Anversois qui ne supportent pas le Germinal Beerschot et a placé sous les projecteurs un entraîneur anglais, Warren Joyce, sorti de nulle part, qui exultait, en short en plein hiver. Il avait sorti un pensionnaire de D1 que l’on disait ragaillardi par la trêve hivernale.  » Pour moi, mettre un short me paraît normal. Je ne dis pas que tous les entraîneurs s’habillent comme cela en Angleterre mais je ne suis en tout cas pas le seul…  »

Mais qu’est ce qui a poussé Joyce à quitter son île ?  » Je savais qu’il y avait une opportunité ici. J’avais connu Andy Welsh, l’entraîneur adjoint, lorsque j’entraînais les jeunes à Manchester United et Leeds United et il m’a dit que l’Antwerp cherchait un entraîneur. Je connaissais ce club avec lequel Manchester avait des liens. J’ai suivi les performances de Ronnie Wallwork, John O’Shea, Dany Higginbotham et Luke Chadwick. Lorsque j’étais manager de Hull, j’avais sous mes ordres Paul Rachubka qui me parlait tout le temps de l’Antwerp et de ce qu’il avait vécu là-bas. Mais, attention, je n’ai plus rien à voir avec Man U « .

Et voilà comment un footballeur so british a abouti en D2. A 41 ans, Joyce n’est pas le premier venu. Comme joueur, 700 apparitions à tous les niveaux : Bolton Wanderers, Preston North End, Plymouth Argile, Burnley et une fin prestigieuse à Hull où il succéda au poste d’entraîneur à l’ancien attaquant de Monaco, Mark Hateley. Il sauva le club de quatrième division et marqua les esprits des supporters qui parlent encore du sauvetage dans cette saison 1998-1999 comme du Great Escape (d’après le film, La Grande Evasion).

Des expériences chez les jeunes le lancèrent comme entraîneur :  » A Manchester, je n’entraînais que les dimanches. Après mon séjour à Hull, j’ai rejoint Leeds où j’ai connu de beaux succès avec les jeunes. J’ai formé Aaron Lennon, aujourd’hui à Tottenham. Lorsque je l’ai vu en action lors de la Coupe du Monde, je me suis dit que j’y étais un peu pour quelque chose « .

Techniques de boxe

Joyce était un bouledogue :  » Je taclais beaucoup et passais le ballon simplement. C’est ce qu’on me demandait de faire. Je laissais la construction à d’autres. Les dribbles, ça n’était pas pour moi. Moi, je devais récupérer le ballon. Mais vous savez comment ça se passe en Angleterre. Tout le monde va de l’avant et pense avant tout à marquer. Sur l’ensemble de ma carrière, j’ai dû inscrire une petite centaine de buts « . C’est de cette époque que date son surnom : Psycho… pour psychopathe.  » Je coupais aussi mes cheveux très courts ( il rit). On a retenu ce surnom mais j’en portais d’autres bien pires encore. Je ne les dévoilerai pas car psycho, c’est déjà pas mal « .

Passé de l’autre côté de la barrière, Joyce garde pas moins les mêmes valeurs :  » Il faut arracher le ballon le plus vite possible pour repartir vers l’avant le plus rapidement. Mes joueurs doivent avoir faim de ballon et de victoires. C’est cette mentalité qui conduit au succès. A l’entraînement, je veux qu’ils travaillent durs et donnent le meilleur d’eux-mêmes. On a déjà vu des joueurs sans qualités exceptionnelles réussir des excellentes carrières à force de travail et de courage. Et puis, quand on donne tout, on sort du terrain sans regret « .

Joyce a même intégré à ses entraînements de la boxe :  » Les joueurs mettent les gants et se défoulent sur un punching ball. Cela leur permet d’acquérir de la puissance mais aussi de supprimer leurs appréhensions à aller au duel « . Cela peut conduire aussi à certains débordements comme lors du déplacement à Tubize…

A tout cela s’ajoute un humour du cru. Il aime charrier ses joueurs et rigole sans cesse. Une façon de leur enlever la pression.

La montée avant la Coupe

La chute de Dender a coïncidé avec le regain de forme de la formation anversoise.  » Je ne peux pas dire si j’ai changé quelque chose à l’Antwerp car je ne sais pas comment cela fonctionnait avant mon arrivée. Je sais que l’on travaille dur et que l’on a réussi à rendre confiance à certains « .

En six mois, tout en gardant son identité insulaire, Joyce s’est fondu dans le microcosme belge :  » Techniquement, le football belge se défend pas mal. Sinon, le football est partout le même. On doit toujours parler tactique, physique et technique. Je ne suis pas dépaysé même s’il s’agit de ma première expérience à l’étranger. Comme l’Antwerp est le plus vieux club de Belgique, on y retrouve une certaine tradition, assez similaire à ce que j’ai connu à Bolton ou Preston, deux formations qui avaient connu leur heure de gloire quelques décennies plus tôt « .

Ce soir, l’Antwerp connaîtra à nouveau l’ivresse de la médiatisation. Le vieux stade du Bosuil revivra les grandes heures du passé en recevant le Standard, lors du match aller de quart de finale de Coupe de Belgique.  » Notre ambition réside dans la montée en D1. C’est pour cette raison que je refuse de trop parler de la Coupe de Belgique. Cependant, on monte sur le terrain pour gagner. Il n’en ira pas autrement contre le Standard même si cette équipe se compose de nombreux joueurs de qualité « .

par stéphane vande velde – photos : reporters/gouverneur

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