Jésus l’inspire, les chiens l’émeuvent et il entretient une relation d’amour-haine avec le rectangle. Découvrez Thanasis Papazoglou, le pieux géant grec de Courtrai.

Le géant est la convivialité personnifiée. Sa spécialité ? Le café grec. Il file dans la cuisine nous en préparer, pendant que son amie nous tient compagnie dans le living. Thanasis et Vasiliki ont fait connaissance il y a quatre ans et demi dans un bar à Thessalonique, leur ville natale.

VASILIKI :  » Le début a été très difficile car au terme de mes études en administration sociale, j’ai travaillé comme mannequin, ce qui m’a contrainte à beaucoup voyager. Juste après avoir fait connaissance avec Thanasis, je suis partie deux mois à Milan. A peine revenue, j’ai dû repartir plusieurs mois. Mais nous avons été assez forts pour surmonter nos difficultés. Maintenant, je le suis partout.  »

THANASIS :  » Je suis un homme heureux, avec Vasiliki et mes enfants, une fille et un garçon.  »

Il parle des deux chiens qui courent dans la maison. Un petit blanc, pas un caniche comme nous le pensions mais un maltais, et un grand noir avec des taches brunes, un rottweiler. Pêco et Zera. Le premier est venu par Ryanair, l’autre en voiture.

VASILIKI :  » Paragiotis, le frère aîné de Thanasis, l’a amené mais il s’est trompé de route. Il s’est retrouvé en Allemagne : au lieu de prendre la direction de Gand, il a suivi la plaque Genk.  »

THANASIS :  » Et les 24 heures de route sont devenues trente. J’aime les chiens. J’ai grandi avec le husky de mon oncle et il y a cinq ans, quand j’ai eu assez d’argent pour vivre seul, j’ai acheté un chien. Zera. Le coup de foudre. Voyez comme elle me regarde. C’est un cadeau du ciel.  »

LE FOOT AU LIEU DU BASKET

Dieu est important pour le sensible géant grec. Il l’a tatoué sur son corps : Only God can judge me.  » La foi est le principal pilier de la vie. Quand on ne croit pas, on ne peut rien espérer. Ma foi me permet de rêver de progresser et de croire qu’il est possible de réaliser ces rêves. Jésus m’inspire. Avant chaque match, je fais le signe de la croix et je prie pour ne pas être blessé. Sans plus. Ce n’est que du sport.  »

Le football est toutefois important. Il a déjà dû surmonter beaucoup de difficultés.  » Je ne suis pas issu d’une famille de footeux. Mes parents ne s’intéressent pas au ballon rond. Ma mère a été coiffeuse, mon père peint des autos. Petit, j’étais un bon basketteur mais j’ai préféré le football. Le Brésilien Ronaldo était mon idole. Aris Salonique m’a recruté quand j’avais onze ans. J’ai obtenu un contrat professionnel à 18 ans mais à cette époque, il y avait encore de l’argent et il était difficile de percer. Maintenant, les clubs sont obligés de se tourner vers les jeunes. J’ai disputé la finale de l’EURO U19 avec la Grèce. Nous avons été battus 1-0 par l’Espagne. J’ai effectué mes débuts pour Aris dans le derby contre le PAOK Salonique. Un peu plus tard, j’ai marqué deux buts contre l’Etoile Rouge Belgrade en Europa League. C’était comme dans un rêve mais peu après, je me suis gravement blessé au genou. Ce fut la fin de ma carrière d’espoir international. La saison suivante était ma dernière et j’ai eu des problèmes avec le président. J’ai donc signé au PAOK. Je n’étais pas encore prêt à jouer pour un club d’un tel gabarit mais j’ai acquis de l’expérience, grâce à des matches contre Tottenham et Fenerbahçe, entre autres. Je ne veux plus qu’on me parle de mon passage à Asteras Tripoli. Je me suis tourné vers OFI Crète pour me refaire un nom. Le début a été pénible mais après mon premier but, tout s’est mieux déroulé et ma deuxième saison a été encore meilleure. La vie là-bas me plaisait beaucoup. La mentalité est différente. La Crète est un paradis. Ses habitants sont toujours gais et gentils.  »

GRAND MAIS PAS LENT

VASILIKI :  » Il était bien dans sa peau.  »

THANASIS :  » J’étais en confiance et je jouais vraiment bien. L’Olympiacos m’a alors engagé mais je me suis retrouvé dans un noyau de 38 hommes. A l’issue de la préparation, j’ai été loué à Atromitos. Je n’aime pas les locations. Ce n’est pas la même chose et je le sens. En plus, c’était une équipe de contre et je passais mon temps à courir.  »

VASILIKI :  » Il n’était pas bien utilisé.  »

THANASIS :  » On ne m’alignait pas au centre-avant. Ceci dit, je n’aime pas non plus rester planté dans le rectangle en attendant le ballon. Je suis grand mais pas lent. Le football est un jeu auquel je veux participer. Je ne suis pas un avant classique car j’aime aussi évoluer en dehors des seize mètres. Mais la saison passée, j’ai dû revenir jusqu’en défense et c’était fatigant.

A Courtrai, tout est différent. Le climat, la mentalité, la langue, la vie. Il nous est très difficile de nous y faire mais je suis ici pour jouer au football et j’essaie de positiver. A vingt ans, mon objectif était de jouer à l’étranger. Un club allemand s’intéressait à moi, de même que la Sampdoria, qui a même fait une offre. Pour diverses raisons, ça ne s’est pas fait. Maintenant, j’ai ma chance ici.  »

VASILIKI :  » Nous avons mauvaise réputation à cause de la crise. Beaucoup de gens en Europe disent que les Grecs sont fainéants mais c’est chez nous qu’on travaille le plus d’heures.  »

THANASIS :  » Les Grecs travaillent dix heures par jour pour 420 à 480 euros. En journée, nous aimons aller boire un café et le soir, nous sortons. C’est inhérent à notre culture. La Grèce est ainsi faite. Tout le monde vient passer des vacances chez nous mais nous travaillons beaucoup aussi. La vie est très difficile pour tout le monde mais nous savons que jamais la Grèce ne mourra.  »

PLUS TACTIQUE EN GRÈCE

La Jupiler Pro League n’est pas facile non plus.

VASILIKI :  » Je ne suis ici que depuis une semaine. Chaque fois que je téléphonais après un match, il avait mal quelque part : au dos, à la tête, au genou. Il s’est ouvert une arcade sourcilière…  »

THANASIS :  » Le football est différent. Le championnat grec est plus tactique. Ici, le rythme est plus élevé, le jeu plus rapide, plus physique. Il y a plus de duels et de contacts. Mais le football, c’est aussi une lutte. Celui qui ne veut pas se battre ne doit pas jouer au football.  »

PAR CHRISTIAN VANDENABEELE – PHOTO KOEN BAUTERS

 » Petit, j’étais un bon basketteur.  » THANASIS PAPAZOGLOU

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