Promesses d’ivrogne?

Le RSCA vient de recruter à l’étranger mais compte dorénavant tabler de plus en plus sur le jeune talent belge. Provenant du club ou d’ailleurs… Mais l’argent reste un problème.

Assisterait-on à un changement de cap au RSCA ? Il est symptomatique de constater, en tout cas, qu’on y multiplie à la fois les efforts pour conserver et attirer le jeune talent. Car, qu’on ne s’y trompe pas, les Mauves n’ont pas la possibilité de délier très généreusement les cordons de leur bourse. En lieu et place de palper les millions de la Ligue des Champions, leur campagne actuelle en Coupe de l’UEFA a été synonyme, jusqu’ici, d’un bonus financier de 225.000 euros à peine. Dans les hautes sphères du club, beaucoup espèrent que les joueurs réussiront l’exploit d’éliminer Bordeaux en 16es de finale, avec la perspective de réaliser un gain financier appréciable contre, plus que vraisemblablement, le Bayern Munich au tour suivant. Les Allemands, c’est à la fois l’assurance d’un stade plein et de droits télés des plus appréciables. Mais, pour ce faire, il conviendra évidemment d’éliminer d’abord les Français. Et ça, c’est une autre histoire.

Le cas Vadis Ofoé

Quo vadis ?, (Où vas-tu ? en latin) VadisOdjidja Ofoe a l’avenir au Parc Astrid toujours entouré d’un point d’interrogation, puisque son bail arrive à échéance le 30 juin prochain. Sa prolongation constitue l’une des priorités absolues au Sporting. La direction du club ne tient plus trop à vivre avec lui la même déconvenue qu’avec Roland Lamah et Cheikh Tioté. Deux talents en herbe, considérés encore comme surnuméraires au RSCA l’été dernier, mais qui se sont épanouis à la vitesse de l’éclair dans leur nouvel entourage, au Roda JC Kerkrade. Aux Pays-Bas, où ils sont loués, ils font figure d’incontournables en équipe fanion. La direction des Mauve et Blanc aurait d’ailleurs aimé les récupérer tous deux lors du mercato de janvier 2008, histoire d’enrichir leur effectif. En six mois à peine, le premier cité est devenu davantage qu’une doublure pour Bart Goor sur le flanc gauche. Quant au second, accrocheur en diable, ne correspond-il pas, finalement, au profil du salopard recherché précisément par les champions de Belgique, comme l’a avoué le secrétaire général, Philippe Collin, dans ces mêmes colonnes, voici peu ?

Jusqu’il y a peu, Vadis, né d’un père ghanéen et d’une maman belge, présentait un cas en tous points similaires à ses frères de couleur précités : si personne ne contestait son immense talent au Parc Astrid, on y marchandait quand même allégrement son soutien envers lui, comme le traduisaient ses apparitions plus que furtives en équipe-fanion, sous l’ère de Frankie Vercauteren : l’une ou l’autre pige lors de rencontres amicales, sans plus. Paradoxalement, dans le même temps, les aptitudes du garçon étaient moins sujettes à caution aux Pays-Bas où le même Roda JC ainsi que le FC Twente flairaient encore la bonne affaire, dans un passé récent. Et ce n’est pas tout : le SV Hambourg, lui aussi, est venu aux nouvelles dernièrement, conseillé en la matière par Vincent Kompany en personne. Un joueur auquel le coming man anderlechtois est souvent comparé d’ailleurs, à cette petite nuance près qu’à 18 ans, Vince était déjà bien installé, en Première, alors que son prétendu successeur a encore tout à découvrir à ce niveau. Sa situation a toutefois évolué sensiblement depuis qu’ Ariel Jacobs a repris en main les rênes du groupe : une première titularisation en Coupe de Belgique face au VW Hamme, une entrée au jeu remarquée au Club Bruges et, le week-end passé, un maiden match en championnat, assorti d’un but contre l’AEC Mons.

Voilà des signes qui ne trompent pas sur une reconsidération envers lui. Après la joute face aux Dragons, le concerné était en tout cas aux anges.  » Beaucoup de choses ont changé pour moi depuis le changement d’entraîneur  » dit-il.  » Je ne sais trop pourquoi mais je n’ai jamais eu ma chance avec l’ancien T1. Il n’a cessé de me snober en toutes circonstances. S’il était resté, je n’aurais sans doute pas encore pu prouver mes qualités, et ce en dépit des nombreuses blessures qui ont décimé le noyau. Voilà quelques semaines, j’avais pour ainsi dire fait une croix sur le Sporting. A l’époque, je m’étais d’ailleurs rendu tour à tour aux Pays-Bas et en Allemagne afin de prêter une oreille attentive aux clubs intéressés par mes services. Aujourd’hui, le contexte a, bien sûr, évolué du tout au tout. D’un côté, le nouveau coach me fait manifestement confiance. De l’autre, je sens aussi que le langage des dirigeants n’est plus le même. Manifestement, le manager, Herman Van Holsbeeck, compte jouer de plus en plus la carte des jeunes. Ce ne sont pas de simples paroles en l’air. La preuve : Bakary Sare est, lui aussi, monté au jeu devant les Dragons. Et, sur le banc, il y avait encore Cor Gillis, un défenseur que je côtoie régulièrement en réserve. D’accord, il y a de nombreuses indisponibilités pour le moment. Mais les faits sont là « .

Le cas Biglia

Lucas Biglia, que l’on disait partant après le premier tour, voire en fin de saison, a rempilé ainsi jusqu’en 2012. A des conditions plus avantageuses, certes, mais sans doute pas uniquement pour la forme. Contre les Espagnols de Getafe, le petit prince du Parc Astrid a probablement mesuré tout le chemin qu’il lui reste à parcourir pour mériter sa place en Liga, où évolue notamment son ancien complice, Sergio Aguerro.

Dans la banlieue madrilène, le milieu argentin, à l’image de ses team-mates, n’a pas fait le poids. Son sens du placement et ses anticipations judicieuses constituent, bien sûr, autant d’atouts chez lui. Mais tant qu’il n’y couplera pas une plus grande vivacité ainsi qu’une hargne beaucoup plus prononcée, il courra franchement perdu dans le championnat espagnol. Et sans doute l’a-t-il saisi pour de bon après le déplacement européen de mercredi passé. De quoi justifier des heures sup’ au Sporting, où il peut toujours espérer étoffer son registre en se faisant violence.

Le cas Legear

L’ex-joueur d’Independiente n’est pas le seul jeune à faire l’objet d’une prolongation de contrat. Dans un même registre, il y a lieu d’évoquer le cas de Jonathan Legear. Réserviste plus souvent qu’à son tour dans le passé, Jo est parvenu à faire son trou sur l’aile droite durant la présente campagne, au point d’avoir rang, sans conteste, de Sportingman le plus méritant sur l’ensemble du premier tour. Dans son cas aussi, le bouche-à-oreille a parfaitement fonctionné puisque son coéquipier chez les Espoirs, Nicolas Lombaerts, l’a chaudement recommandé, dernièrement, à son employeur, le Zenit Saint-Pétersbourg. Un intérêt qui n’est pas demeuré sans suite dans le reste de la Russie car le Dinamo Moscou s’est montré, lui aussi, désireux de recruter le joueur. Avec des conditions nettement plus lucratives à la clé : huit millions d’euros pour un bail de quatre ans. Pourtant, à l’image du pocketplayer argentin, le Liégeois a évacué de ses pensées toute idée de transfert, préférant la certitude du RSCA à l’inconnue du football dans le septentrion de l’Europe.

Les cas de Biglia, Legear et Vadis, associés aux retours de Lamah et Tioté devraient logiquement trouver leur prolongement au cours des semaines et mois à venir au RSCA. La volonté est d’y préparer une relève à connotation la plus belge possible. A cet égard, plusieurs jeunes, voire des valeurs un peu plus confirmées déjà, sont l’objet de réelles convoitises. Chez la concurrence directe, à Genk plus précisément, il y a lieu de citer les noms de Thomas Chatelle et Faris Haroun. Deux éléments qui arrivent en fin de contrat au Racing en juin prochain et qui ont décidé de ne pas rempiler là-bas pour des raisons différentes.

Le cas Chatelle

Victime de deux blessures sérieuses au genou, Chatelle est resté, à son goût, trop longtemps dans l’incertitude concernant un nouveau bail chez les Limbourgeois. Du coup, il a décidé d’aller voir ailleurs. Les possibilités ne manquent pas pour lui : en Belgique, le Standard et le Club Bruges ont été les premiers à se montrer intéressés par un embrigadement en fin de campagne.

A Anderlecht, certains sont plus pressés et aimeraient voir l’international débarquer dès janvier. Le hic, dans son cas, c’est que tout le monde n’est pas convaincu de la plus-value que l’intéressé est capable d’apporter. Certes, le Sporting manque cruellement de vitesse, et c’est justement là l’un des points forts du Bruxellois. D’un autre côté, ses blessures à répétition ainsi que son absence de relief font réfléchir dans un groupe où les véritables leaders font défaut.

Le cas Haroun

A l’époque où il évoluait encore au RWDM, beaucoup auraient aimé pouvoir l’attirer au Parc Astrid, fief de ses copains Kompany et Anthony Vanden Borre. A Molenbeek, on était toutefois réfractaire à l’idée de le voir passer dans les rangs du voisin et ennemi et c’est pourquoi l’intéressé a mis le cap sur Genk. Anderlecht reste toutefois quelque chose de spécial pour Haroun, dont le père est d’ailleurs l’un des fidèles, en tribune d’honneur, lors des matches à domicile des Mauves.

Certains se posent néanmoins des questions sur le mental de ce garçon, payé rubis sur l’ongle au stade du Phénix, mais qui n’est jamais parvenu à y faire réellement son trou. D’autre part, quelques-uns observent aussi que le mieux est souvent l’ennemi du bien. Ceux-là remarquent que malgré une demi-douzaine d’éléments interchangeables au sein de la défense, celle-ci n’a pas gagné en hermétisme pour autant. L’adjonction du Belgo-Tchadien est susceptible de provoquer un même problème dans l’entrejeu car outre Biglia, Tioté et les autres, les Mauves comptent également donner du temps de jeu à Bakary Sare, que les inconditionnels du Parc Astrid ont pu découvrir contre Mons.

Le cas Sare

Le jeune Ivoirien, âgé de 17 ans, est un produit du FC Bibo, ancienne antenne du Sporting à Abidjan. Il avait été amené à Anderlecht par les bons soins de l’ex-manager Serge Trimpont. Lassé de voir son poulain jouer les utilités au Sporting, celui-ci avait proposé le joueur au PSV, il y a quelques mois, avant de se raviser suite aux supplications de Van Holsbeeck.

Bouba, présenté comme un futur Patrick Vieira, a joui de plus de considération depuis cette date. Avec, comme cerise sur le gâteau, son entrée au jeu à la place de Mbo Mpenza face à l’Albert-Elisabeth Mons.

Le cas Gillet

Parmi les autres jeunes Belges dans le viseur des Mauves, le nom le plus souvent cité est celui du BuffaloGuillaume Gillet. A Anderlecht, on n’a jamais caché son regret de ne pas avoir mis le grappin sur lui à l’époque où il était le Mister 50 % d’Eupen, quitte à le faire mûrir ailleurs entre-temps. Depuis lors, Gillet a gravi les échelons au point de devenir Diable Rouge. Son acquisition est d’autant plus intéressante qu’il en va là d’un joueur des plus polyvalents. D’aucuns voient en lui le box-to-box idéal à moyen terme mais, dans l’immédiat, le néo-international s’impose comme une piste intéressante au back droit, où Marcin Wasilewski n’a pas de concurrent.

Or, Wasyl souffle le chaud et le froid depuis son arrivée. D’un côté, ses coups de tête se sont révélés quelquefois décisifs (c’était le cas, notamment, à Malines, en tout début de saison), de l’autre, son côté fruste et exaspère plus d’un. C’est qu’il ne se passe guère de rencontre sans que le Polonais n’écope d’une carte jaune, stupide ou non. Ses approximations tactiques irritent aussi : en l’espace d’un an, il n’a toujours pas fait le moindre progrès en matière de jeu de position. Et, lorsqu’il monte, c’est souvent à contretemps. Il est difficile aussi, parfois, de savoir qui de Legear ou lui occupe la position la plus avancée sur le flanc droit, tant tout baigne dans le flou sur cette portion du terrain. Avec Gillet, cette approximation ne serait pas de mise. En coulisse, on prétend qu’un accord aurait déjà été trouvé entre toutes les parties pour que le Liégeois devienne Anderlechtois en 2008. Mais le manager du RSCA dément, sous prétexte que le montant de transfert requis (entre 3 et 4 millions d’euros) échaude toujours. Pour faire baisser le prix, les Mauves ont une solution de rechange sous la main : Dusan Basta, l’arrière droit de l’Etoile Rouge Belgrade. Mais à choisir, Gillet recueille leurs faveurs.

Le cas Proto

Le gardien de l’Union Saint-Gilloise, Nicaise Mulopo Kudimbana prendra sans nul doute la place laissée vacante par Silvio Proto, qui désire absolument jouer en 2008.

En attendant la jeune classe belge, le RSCA a fait ses premières emplettes en Europe, question de sauver ce qui peut encore l’être à très court terme. Pour ce faire, il s’est tourné vers deux éléments de l’ancien bloc de l’Est : le Tchèque Stanislav Vlcek, du Slavia Prague et le Bosniaque Sulejman Smajic de Zrinsjki Mostar, qui devait toutefois être soumis à des tests médicaux plus approfondis – le c£ur en l’occurrence – en ce début de semaine.

Le cas Vlcek

Le premier s’est tout particulièrement signalé, cette saison, en boutant à lui seul hors d’Europe l’Ajax Amsterdam, grâce à deux buts inscrits lors du troisième tour préliminaire, dans la capitale tchèque. D’après les suiveurs du championnat dans son pays, c’était là le seul réel fait d’armes de cet attaquant trentenaire, qui ne compte que 8 sélections en formation représentative de Tchéquie.

 » Ce n’est pas un buteur-né, dans la mesure où il a besoin de pas mal d’occasions pour marquer « , observe notre collègue Horst Trnad.  » A son propos, on dit souvent de lui que la 150e fois est la bonne ( il rit). Cette saison, sa moyenne est particulièrement bonne puisqu’il compte une réalisation par deux matches. Mais c’est surtout sur la scène européenne qu’il a défrayé la chronique en scorant à 100 % face à Amsterdam. Ce soir-là, il a vraiment vécu son heure de gloire. Vlcek n’a ni la taille ni le jeu de tête de Jan Koller, que vous connaissez bien. Mais il est plus rapide sur les premiers mètres et il mouille son maillot comme nul autre. Néanmoins, son transfert étonne quand même, ici. Car Anderlecht, c’est un autre calibre que le Slavia. Dès lors, saura-t-il s’y tirer d’affaire ? »

Bizarrement, alors que le manager Herman Van Holsbeeck avait juré ses grands dieux qu’il n’engagerait plus jamais un joueur sans le voir live à l’£uvre, Vlcek a été recruté essentiellement sur base de la cassette de sa prestation contre les Ajacides. Il a certes été scouté à quatre reprises par la suite mais l’équité commande d’écrire qu’il n’a plus jamais répété, en ces différentes occasions, l’impression qu’il avait laissée devant le club hollandais. Avec 7 buts en 13 rencontres en Tchéquie et un statut de deuxième meilleur buteur de la compétition, derrière LiborDosek du Sparta Prague, à ajouter à 88 goals inscrits précédemment dans son pays en l’espace de 385 matches, Vlcek a le bénéfice du doute. Reste que sa première expérience à l’étranger, au Dinamo Moscou en 2002-03, s’était soldée par un cuisant échec avec deux buts à la clé seulement.

Le cas Smajic

La deuxième recrue du mercato (sous réserve) a trait à un flanc droit, qui fait partie de la sélection A de Bosnie-Herzégovine mais actif dans un club de milieu de classement seulement dans son pays. Présenté en début de saison à l’AEC Mons, il n’y a toutefois pas effectué de tests aux dires d’ Alain Lommers, car jugé trop cher. Ses managers, les Belges Gerd Van Eetvelde et Eric Tetaert parlent de lui comme d’un nouveau Christian Wilhelmsson. Sa palette est même, semble-t-il, un peu plus riche que celle du Suédois car le garçon, habile sur le flanc, se débrouille aussi dans l’axe, dans une position de numéro 10.

Son profil n’est donc pas inintéressant pour le RSCA, qui sera privé du 20 janvier au 10 février du concours de son stratège, Ahmed Hassan, retenu pour participer avec les Pharaons égyptiens la phase finale de la Coupe d’Afrique des Nations. Mbark Boussoufa, qui ne fait pas partie, pour l’heure, du groupe élargi des 30 présélectionnés par le sélectionneur marocain, Henri Michel, pourrait, lui aussi, éventuellement, remplir ce rôle s’il n’est pas retenu in extremis pour la CAN.

Le cas Belgrano

Le Sporting aurait aimé recruter dès à présent un troisième élément, argentin celui-là : Matias Belgrano, un milieu de terrain offensif évoluant à Belgrano, en D2 argentine. Mais son prix est encore jugé prohibitif par le club bruxellois, qui espère obtenir le concours du joueur à de meilleures conditions l’été prochain. Anderlecht n’a plus autant d’argent qu’avant…

par bruno govers – photos: belga

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