© CHRISTOPHE KETELS

PROJET BX

En 2013, Vincent Kompany, à grand renfort d’annonces médiatiques, créait le BX Brussels, un club qui devait associer sportif et social dans un projet conçu pour la jeunesse bruxelloise. Près de 4 ans plus tard, tout ne s’est pas passé comme prévu.

Fondé sur les cendres encore chaudes d’un FC Bleid déplacé depuis déjà un an à Molenbeek, le BX Brussels a vu le jour au printemps 2013. Vincent Kompany rachète alors le matricule du club  » gaumais  » dans le but de créer un club bruxellois pour la jeunesse de la capitale, où l’aspect social serait aussi important que le sportif.

 » We start from scratch « , annonce la nouvelle structure made in Kompany. Nouveau nom, nouvelles couleurs et nouveau logo offrent au matricule 9026 un lifting en profondeur.

Ça, c’était sur le papier. Dans la pratique, le ballon a rarement tourné dans le sens voulu. À l’image du Diable Rouge ces dernières années, chaque annonce ambitieuse du club a été suivie d’une rechute.

INEXORABLE CHUTE

Les premiers mois sont chantants mais, l’euphorie passée, le BX doit faire face à la réalité. Alors que Junior Ngalula, le directeur sportif des  » Blanc et Noir  » et ami de Vince The Prince, clamait haut et fort à qui voulait bien l’entendre que le BX jouerait les premiers rôles en Promotion, la réalité est tout autre. 48 mois après cette annonce, le club se retrouve en P2.

Gestion hasardeuse ? Manque d’expérience ? Enthousiasme aveuglant ? Un peu de tout à la fois, certainement. Dans l’organigramme, Vincent Kompany commence par placer des connaissances, des amis, la famille. Une solution de facilité qui n’est pas gage de réussite. On pense inévitablement aux arrivées de l’entraîneur norvégien Johnny-Mikael Galleffos, du CEO Jesse de Preter (lequel a refusé de répondre à nos questions, tenu par une clause de confidentialité depuis son départ, fin 2014) et de plusieurs joueurs comme Floribert Ngalula (le frère de) ou Oleg Iachtchouk, 36 ans à l’époque et qui n’inscrira que 4 petits buts en 18 rencontres de championnat.  » Après coup, c’est facile à dire. On était simplement dans une mauvaise dynamique dont on n’a pas su se sortir. C’est ça aussi le football « , se défend Junior Ngalula.

CLUB ITINÉRANT

Sportivement, l’équipe, il faut l’avouer, n’a pas non plus été aidée par ses problèmes de stade. D’abord installé du côté de Jette, le BX a ensuite posé ses valises du côté de Forest avant de revenir à Jette, dans le nord de la capitale.  » Cela a été notre problème au début. On voulait arriver à se fixer quelque part. C’était nécessaire pour que le sportif suive « , glisse Junior Ngalula. La convention d’occupation a d’ailleurs été signée directement avec le club de Jette, preuve que l’entente est cordiale.

Chez les jeunes, les équipes des plus petits sont basées à Forest alors qu’à partir des U13, c’est au Stade Verdi que le BX a ses quartiers, à quelques centaines de mètres du Stade Constant Vanden Stock, dans le sud de Bruxelles. Chez certains parents, on grimace de ce manque de centralisation, surtout dans une ville congestionnée comme Bruxelles.

LE CLAN KOMPANY

Malgré ces résultats sportifs catastrophiques, Vincent Kompany n’a pas abandonné le navire. En bon capitaine, il continue à croire en ce projet où le social prime.  » Il supervise d’où il est « , assure Junior Ngalula.  » C’est difficile pour lui de venir mais on l’informe mensuellement de ce qui se passe au club. Quand il a du temps libre (mais il en manque), il essaye de passer.  » Il y a un an, on se souvient que le Citizen avait joué, seul, un match contre 100 jeunes du club. Et sur les réseaux sociaux, Twitter notamment, Vince n’est jamais avare d’un petit mot de soutien à l’égard de son BX.

La gestion quotidienne est donc laissée aux bons soins du directeur sportif, de Christelle Kompany (soeur et présidente) et de Pierre Kompany (papa et CQ), sans oublier François (le frère) qui siège aussi au CA. Un clan qui en agace parfois certains.  » Si tu n’es pas dans leur cercle, c’est difficile de te faire entendre « , nous confie un ancien collaborateur.  » Mais il faut bien reconnaître que sans leur nom, ça aurait été impossible de lancer un tel projet.  » Le BX peut en effet compter sur le soutien de ING, de Pepsi ou encore Warrior, des sponsors du joueur.

SOCIALEMENT FORT

À l’occasion d’une visite au club en 2015, Vincent Kompany rappelait que le sportif n’était pas la priorité du BX :  » La personne qui pense ça est à côté de la plaque. Ça n’a jamais été mon objectif.  »  » Attention, on n’est pas non plus content d’être descendu « , précise Ngalula.  » Mais ce n’est pas un frein au projet.  »

Ce projet est justement axé à fond sur les ketjes, les jeunes de Bruxelles. Par exemple, le club propose la cotisation la moins chère de Bruxelles (100 euros), a engagé des coaches sociaux, mise à fond sur le bilinguisme, et le suivi scolaire est important.  » J’ai un contrat avec le BX qui stipule que je dois avoir 60 % à l’école si je veux continuer le foot « , racontait l’an dernier le jeune Rayane Azzabi dans un reportage de Bruzz. Le club est également lié à des associations caritatives et sociales telles que SOS Villages d’Enfants (dont Kompany est un ambassadeur), Fedasil ou la Homeless Cup, une compétition pour les sans-abri. » Il y a beaucoup d’activités autour du club axées sur ça. De quoi nous conforter dans l’idée que notre projet est viable malgré nos résultats « , commente Ngalula.

REMONTER LA PENTE

Aujourd’hui, le BX semble avoir mangé son pain noir et s’être enfin stabilisé. Sa première place en P2 tend à le prouver. Les erreurs du passé ont servi et le club a misé sur un mix entre jeunesse et joueurs d’expérience. L’entraîneur, Amaury Toussaint, connaît également la P2 comme sa poche, un avantage non négligeable. Avec seulement cinq partages et deux défaites en 21 rencontres, le BX est en tout cas bien parti pour rejoindre l’élite provinciale la saison prochaine, sauf catastrophe.

 » On est dans la continuité de la dernière saison « , se réjouit Ngalula.  » L’équipe première est en grosse progression. On n’a jamais douté que ça finirait par bien tourner. À plus long terme, notre objectif reste de rejoindre les séries nationales. C’est important pour le développement de nos jeunes (environ 900 répartis entre le BX, le Black Star et le FC Forest, ndlr), pour qu’ils restent.  »

Un discours teinté d’optimisme qui veut faire oublier les années de vaches maigres. Mais attention tout de même à ne pas mettre la charrue avant les boeufs. On a vu où ça pouvait mener.

PAR JULIEN DENOËL – PHOTO CHRISTOPHE KETELS

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