Profondément marqué

L’avant argentin voit plus de raisons de rester à Charleroi que de partir,… mais à certains conditions.

Voici ce que nous disait le joueur en fin de semaine dernière: « Le Sporting m’a fait une proposition, j’ai fait une contre-proposition, j’attends. Faute d’accord avec mon club actuel, je rechercherai la meilleure solution sur le plan sportif et économique. Ensuite, je demanderai à mon épouse si elle est d’accord que je poursuive ma carrière en Europe. Elle est rentrée en Argentine, passe deux mois là-bas, revient en Belgique pour quelques semaines et rentre à nouveau au pays. Ce n’est pas la solution idéale, mais si elle lui convient, je m’en accomode. Et puis, elle est enceinte. La naissance est prévue dans trois mois, début juillet. J’ai déjà un fils, j’espère que ce sera une fille. Je préfère tout de même garder la surprise. Notre deuxième enfant naîtra en Argentine. Moi, j’aurai probablement déjà repris l’entraînement, mais avec quel club? Je me suis très bien adapté à Charleroi après ces trois ans. Je me suis fait des amis et je n’ai plus le blues lorsque je dois rester quelques semaines seul dans mon appartement.

Le problème est donc exclusivement d’ordre financier?

Sergio Rojas: Exactement. C’est regrettable car j’ai franchement envie de rester. Je me suis adapté au jeu à l’européenne et j’apprécie beaucoup l’entraîneur. Je suis reconnaissant au Sporting de m’avoir ouvert la porte de l’Europe, mais je ne peux pas accepter n’importe quoi. J’ai fait beaucoup de sacrifices, on n’a jamais eu à se plaindre de mon comportement et j’espère qu’on montrera une certaine forme de gratitude en faisant un geste envers moi. Mes exigences n’ont rien d’exhorbitantes. Je demande un salaire normal. S’il n’y a pas d’argent, on ne peut forcément pas m’en donner. Mais je ne comprends pas l’attitude des dirigeants: si je pars, ils devront se trouver un autre attaquant. Cela leur coûtera plus cher que de me conserver s’il y a une somme de transfert et sans être certains de faire le bon choix. Et, quand bien même il s’agirait d’un footballeur très talentueux, son adaptation n’est pas acquise d’avance!

Ils devront aussi remplacer Darko Pivaljevic, non?

Le problème est différent: il n’a été engagé que sur base d’une location et pour le transférer définitivement, il faudra indemniser le FC Cologne.

Il y a beaucoup de joueurs à Charleroi…

C’est vrai, à l’entraînement, il y a actuellement de quoi former trois équipes. C’est difficile de travailler dans ces conditions.

Les propositions existent

On a déjà parlé pour vous de La Gantoise et d’un club français de D2, Nancy. Est-ce exact?

Je ne tiens pas à citer le nom des clubs qui s’intéressent à moi. Il y a des propositions et c’est déjà très réjouissant: je ne me retrouverai pas au chômage. Retourner en Argentine, avec la crise économique, ce n’est pas à conseiller. La situation finira par se normaliser, mais pas dans les semaines ni les années à venir. D’ici là, si on a la possibilité de travailler en Europe, il ne faut pas hésiter.

Le championnat de France de D2 devrait vous convenir, non?

Je le pense aussi. C’est un football très technique qui me plaît beaucoup. Et, financièrement, la proposition est très intéressante.

Vous descendriez un peu plus vers le sud… en direction de l’Espagne!

(il rit) L’Espagne est la destination dont rêvent tous les footballeurs argentins: le style de jeu, le climat, la langue. Mais je n’ai aucune proposition d’un club espagnol. Si cela avait été le cas, j’aurais déjà signé depuis longtemps.

Quel bilan dresseriez-vous des trois ans passés ici?

La première saison avait été difficile pour moi… et très difficile pour mon épouse. Progressivement, j’ai trouvé mes marques. Le public m’a adopté, et aujourd’hui si je devais partir, ce serait à regrets.

Vous avez, chaque année, inscrit des buts de classe. Mais, au décompte final, ils furent peu nombreux. La qualité prime-t-elle sur la quantité?

J’ai inscrit dix buts lors de mes deux premières saisons, j’en suis à huit actuellement. J’aurais aimé en inscrire davantage, mais je suis aussi tributaire des ballons que je reçois. Ce fut le grand problème de Charleroi cette saison: la transition du milieu de terrain vers l’avant.

Huit buts seulement?

Huit buts, c’est peu pour un « pichichi ».

En effet. Cela signifie que mes partenaires ont encore trouvé moins facilement le chemin des filets que moi. Mais malgré ces difficultés offensives, nous avons obtenu des résultats honorables.

Votre position, dans le ventre mou du classement, laissera pourtant beaucoup de supporters sur leur faim.

Oui, notre période de préparation avait été très encourageante. Nous avons évolué lors de cinq ou six matches avec Branko Milovanovic en soutien de deux attaquants. Puis, pour entamer le championnat, Enzo Scifo a décidé de changer. C’est son choix. Personnellement, je pense que l’équipe a été un peu perturbée. Pourtant, notre début de championnat ne fut pas mauvais non plus. Nous avons gagné au RWDM, puis à Mouscron. Chaque fois 0-1, mais peu importe: on vantait notre solidité défensive, on affirmait que Charleroi avait enfin appris à voyager. Que s’est-il pensé ensuite? Beaucoup de choses, notamment le fait qu’il y a eu des blessés. La blessure de Miklos Lendvai a porté, selon moi, un lourd préjudice à l’équipe. C’est un très bon joueur, un excellent récupérateur, et son absence a été ressentie.

L’équipe a souvent changé. Les schémas tactiques également.

Oui, nous avons joué tantôt avec deux attaquants, tantôt avec trois, tantôt avec un seul. C’est difficile de trouver des automatismes dans ces conditions. Mais cela, c’est une question qu’il faudrait poser à l’entraîneur.

Scifo aura appris

Enzo Scifo est nouveau dans le métier d’entraîneur. Il se tâte parfois.

Lors de certains matches, il a été obligé de changer de système, en raison d’un joueur blessé ou expulsé. En d’autres occasions, c’est un choix qu’il a fait et qu’il a assumé. Son grand problème est qu’il se sent encore trop joueur. La transition a été brusque pour lui. Il a encore envie de se joindre au groupe et réfléchit comme s’il se trouvait lui-même sur le terrain. Les autres joueurs le ressentent et lui manquent parfois de respect. Mais l’expérience vécue cette saison lui sera très utile pour les années futures.

Depuis quelques semaines, il vous a confié un nouveau rôle, en soutien d’attaque…

Oui, Enzo Scifo a pensé que j’étais en mesure de remplir ce rôle derrière les attaquants et m’a demandé d’évoluer un peu plus en retrait. Je suis en fin de contrat, j’ai besoin de me montrer. Je préfère donc jouer à cette place-là que me retrouver sur le banc. J’ai accepté et ce n’est pas un changement radical pour moi.

Pour un joueur offensif techniquement doué, mais qui a parfois péché à la conclusion ces trois dernières années, n’est-ce pas finalement la meilleure place?

Peut-être. Personnellement, j’estime que ma meilleure place, c’est lorsque je peux tourner autour d’un centre-avant pivot. Mais bon: j’aime toucher souvent le ballon, et à la place que j’occupe actuellement, j’en ai l’occasion. Cela a plutôt bien fonctionné jusqu’ici. Au moins, nous avons inscrit des buts dans ce système-là. (il rit) Le problème, c’est que lorsque j’évolue en soutien de deux attaquants, il manque un joueur dans l’entrejeu. Et, contre des équipes qui ont une bonne circulation de ballon, nous avons parfois été submergés dans ce secteur de jeu.

Pourquoi n’avoir jamais trouvé une bonne complémentarité avec Eduardo lorsque vous évoluiez comme attaquant de pointe à Charleroi?

(il réfléchit) C’est une question difficile. Sur base des chiffres, qui attestent d’un manque de productivité offensive, je me sens obligé de répondre par la négative. On a longtemps cherché, on n’a pas encore trouvé… et il ne reste plus beaucoup de temps: la saison se termine!

Daniel Devos, , ,

« L’équipe a été perturbée quand Milovanovic n’a plus joué en soutien de deux attaquants »

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