PRODUITS ASIATIQUES

Peter Velappan, le secrétaire général de la Confédération asiatique, est l’une des figures les plus puissantes du football mondial. Le Malaisien, qui vient de recevoir le titre de Dato, l’équivalent de Sir dans son pays, a suivi des études de manager commercial en Angleterre, où il a également joué, se produisant même quelques fois pour les réserves de West Ham United. Il a également travaillé dans le secteur du marketing aux Etats-Unis.

Revenu au pays, il s’est installé au chevet du football asiatique. Depuis des années, son Altesse Royale le Sultan Haji Ahmand Shah, un des hommes les plus riches de Malaisie, s’en occupe. Le sultan est à la tête du Comité exécutif de l’AFC. L’Indonésie, la Chine, le Koweit, le Sri-Lanka, l’Arabie Saoudite, le Qatar, la Thaïlande, la Syrie et la Corée du Sud, dont le délégué, le Dr. Chung Mong Joon, est vice-prédident de la FIFA, sont représentés au sein de cet organe, mais pas le Japon. C’est pour le moins étonnant mais c’est dû au fait que le Pays du Soleil Levant n’entretient pas d’excellents rapports politiques et sociaux avec le reste de l’Asie.

Peter Velappan a joué un rôle considérable dans différents conflits internationaux. C’est lui qui a veillé à ce que le Japon n’obtienne pas la responsabilité complète de la prochaine Coupe du Monde, contre la volonté de la FIFA et de Joao Havelange. L’année dernière, c’est encore lui qui a orchestré le boycott du congrès de la FIFA à Los Angeles, parce que l’Asie n’obtenait pas de place qualificative supplémentaire pour la Coupe du monde 2002.

Peter Velappan est davantage qu’une grande personnalité politique. Il s’intéresse au sport lui-même. Il serait certainement devenu secrétaire général de la FIFA si Lennart Johansson avait été élu à la place de Sepp Blatter à la succession de Joao Havelange en 1998. Il nous a souvent expliqué qu’il regrettait que les footballeurs asiatiques ne soient pas mieux développés physiquement et que ce handicap les empêche de rivaliser avec les autres joueurs du monde. « Donnez-moi la race africaine de footballeurs et en quelques années, je formerai en Malaisie une équipe capable de rivaliser avec les meilleures nations du monde. Nous pourrions produire le footballeur idéal en unissant leurs qualités physiques à notre technique et à notre souplesse ».

Velappan n’ignore pas non plus les limites mentales des joueurs asiatiques. Récemment, en revenant sur l’exode massif des joueurs coréens et japonais en Europe et en Amérique, il a constaté dans Football Asia, le magazine officiel de l’AFC: « L’AFC a toujours encouragé ses joueurs à tenter leur chance à l’Ouest pour poursuivre leur carrière dans des clubs européens. Non seulement pour affûter leurs qualités techniques, mais aussi pour renforcer leur résistance mentale. Trop souvent, les Asiatiques perdent pied dans les compétitions de haut niveau ».

En même temps, Velappan montre du doigt les clubs européens qui engagent un Asiatique -qui n’a pas son Nakata, son Ono, son Seol, son Lee Dong Ook ou son Jung Hwan?- pour des motifs mercantiles, afin d’étendre à l’Asie leur merchandising et de conclure des contrats avec des chaînes TV qui veulent montrer le local hero habillé aux couleurs de son nouveau club aux ménages japonais et coréens. De fait, c’est l’hystérie dès qu’on présente en Europe un footballeur japonais, aux cheveux noir jais teints en blond, qui arbore fièrement l’équipement d’un club européen connu. A Feyenoord, on a dénombré quarante photographes et cameramen japonais lors de la première apparition d’Ono au Kuip.

Encore un peu de patience, donc, avant de mesurer leurs réelles aptitudes footballistiques et leur force mentale.

Mick Michels

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