Problèmes structurels

« Le football coréen a un grand problème: il doit être réorganisé de fond en comble », affirme Joon Seo Choi, un jeune intellectuel qui a travaillé chez Nike avant de fonder sa propre entreprise, voici deux ans. Mister Choi est aujourd’hui à la tête de l’agence de marketing sportif Hoochoo Enov8 et a lancé sur Internet un magazine sportif progressiste où il n’hésite pas à prôner la révolution.

Pas de créativité

« Le problème c’est que, dans le système actuel, nos sportifs sont soumis à une pression et à des responsabilités énormes. Ce n’est pas seulement le cas des footballeurs mais également des joueurs de basket ou de baseball. Ils ne sont pas obligés d’étudier. Tout ce qu’on leur demande, c’est de s’entraîner et d’obtenir des résultats qui glorifient l’école. Ils savent donc qu’en cas d’échec, ils ne pourront faire plus tard qu’un travail physique car ils manqueront de formation intellectuelle. Il faut également savoir qu’en Corée du Sud, il n’y a que dix équipes professionnelles et autant de formations d’entreprises ou d’universités. Les chances de faire carrière ne sont donc pas bien grandes.

La pression est tellement forte que les sportifs n’éprouvent plus aucun plaisir, aucune spontanéité. Ils n’arrivent plus à se détendre ni à créer. C’est notre plus grand problème. Nous sommes encore plus stricts que les Japonais et cela nuit à l’imagination. Au cours de leur formation, les sportifs sud-coréens n’entendent qu’un seul mot: mentalité. C’est sans doute un concept très important mais, dans le football actuel, cela ne suffit plus à se montrer concurrentiel ».

Pas d’encadrement

« Bien sûr, on n’oublie pas la tactique mais on ne va pas voir ce qui se fait en Europe. Pratiquement aucun coach étranger n’a travaillé ici au cours des trente dernières années et la formation de nos entraîneurs a pris énormément de retard. Voyez le nombre de coaches brésiliens qui travaillent au Japon et le nombre d’étudiants japonais qui jouent au Brésil. Notre retard est énorme. Ki-Hyeun Seol est le premier joueur coréen d’un certain niveau à partir à l’étranger pour y apprendre son métier. Cha Bum (Bundesliga) et Cie étaient déjà plus âgés lorsqu’ils se sont expatriés. Leur choix était basé sur le business, ce n’était pas un investissement pour le football coréen.

Mais Cha Bum est un pionnier sur ce plan. Il y a dix ans, il a lancé une école de football avec ses propres deniers. Il y accueille les jeunes à partir de cinq ans et travaille en collaboration avec une école. Cela permet de combiner le football et les études. C’est le seul système coréen qui permette de s’amuser en jouant. Il a remporté le championnat de highschool et fournit déjà des joueurs aux équipes nationales -16 et -19 ans. Malheureusement, nos espoirs ne peuvent quand même pas reposer sur l’initiative d’un seul homme ».

Pas de terrains en herbe

« 95% des terrains de jeunes ne sont pas en herbe mais en terre? On n’y pratique donc pas le même type de football. C’est un miracle qu’un joueur comme Seol se débrouille aussi bien en Belgique. Ici, les investissements ne manquent pas mais on n’a pas d’argent pour le football.

Il y a dix ans, le Japon a implanté un nouveau système à tout le pays. On a vu le résultat à la Coupe des Confédérations: les Japonais ont joué la finale tandis que nous étions éliminés dès le premier tour. A dix-huit mois de la Coupe du Monde, ce n’était pas le moment d’embrigader un coach étranger. S’il parvient à renverser la vapeur en aussi peu de temps, Guus Hiddink est un faiseur de miracles… »

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