PRIORITÉ Brême

Pierre Bilic

Les Allemands veulent avancer cette semaine. Quel est le dessous des cartes ?

Son moteur était descendu dans les tours depuis quelques semaines. Emile Mpenza a enclenché la vitesse supérieure dès que Jonathan Walasiak fit sauter le verrou de la défense du Cercle Bruges via un satellite qui explosa dans le ciel de la cage de Ricky Begeyn.

On suppose que les observateurs secrets du Werder Brême auront apprécié la perf de l’avion à réaction de Sclessin. Emile Mpenza passa plusieurs fois le mur du son face à une DCA brugeoise muette. C’est évidemment cet Emile-là qui intéresse Brême. Peu avant qu’il ne survole le ciel de Sclessin, le Werder Brême, solide leader de la Bundesliga, croisait le fer avec Schalke 04. Ce ne fut pas un match comme les autres dans la mesure où l’ancien club d’Emile Mpenza et de Marc Wilmots a déjà engagé deux des stars du Werder pour la saison prochaine : Mladen Krstajic, arrière de Serbie-Monténégro, et l’attaquant brésilien Ailton, meilleur cogneur de Bundesliga avec 19 buts après 20 journées de championnat. Malgré ce contexte, Krstajic a été élu meilleur homme du match.

Les prochains départs de Krstajic et d’Ailton ont un rapport direct avec l’intérêt du Werder Brême pour Emile. C’est un agent de joueurs belge, YouriSelak, qui a réglé les modalités du transfert de Krstajic. En discutant de choses et autres avec Klaus Allofs, ancien international, 48 ans et directeur sportif du club, Selak a appris qu’Ailton serait également transféré à Schalke 04. Dès lors, il affirma qu’Emile Mpenza réussissait un excellent automne sous les couleurs du Standard. Un peu plus tard, Allofs mandatait Selak afin de contacter Emile.

Lokomotiv Moscou et les Rangers suivent aussi Emile

Selak savait que l’aigle noir du Standard entretenait de bons rapports avec EricDepireux, le fils du King, qui vient de faire des débuts très remarqués dans le monde des agents de joueurs. Ce sont des amis. Eric Depireux fut le premier à faire confiance à Luigi Pieroni qu’il transféra à Mouscron avec l’aide de Freddy Luyckx. Il a également fait passer Muhamet Yoldas de Genk à Mons.

Il y a quelques temps, selon ses dires, Luciano D’Onofrio lui aurait permis verbalement de chercher un club pour Emile Mpenza. Le patron du Standard voulait-il savoir qui s’intéressait à son poulain ? Ou a-t-il estimé qu’Eric Depireux était trop jeune dans le métier afin de trouver des couleurs capables de s’offrir Emile Mpenza ? La touche que Selak a du côté de Brême a changé la donne. Les intérêts des deux jeunes agents aux dents longues sont complémentaires : l’un est mandaté par un club qui l’apprécie (Youri Selak), l’autre a l’oreille d’Emile Mpenza (Eric Depireux).

Même s’il a démenti tout intérêt pour Brême lors de la préparation de Belgique-France (c’est d’ailleurs interdit en dehors des périodes de transfert), on imagine difficilement, vu l’importance du contact, qu’Emile n’ait pas rencontré Allofs dans l’un ou l’autre restoroute. Brême est pressé : les Allemands ont entendu parler de l’intérêt du Lokomotiv Moscou et des Glasgow Rangers pour Emile. Ce dernier a refusé la piste russe mais les Ecossais ont des arguments financiers importants. Allofs veut régler au plus vite le problème de la succession d’Ailton. Dans un ou deux mois, il sera trop tard car le marché sera écrémé. Dès lors, Emile est la grande priorité aux yeux d’Allofs. Pour Brême, ce serait un pied de nez à l’adresse de Schalke qui a aussi tenté de débaucher Johan Micoud et IvanKlasnic, deux des vedettes du Werder.

Emile a été adulé en Bundesliga malgré ses derniers mois pénibles à Schalke. Ses rapports avec le manager de Schalke, Rudi Assauer, étaient catastrophiques. Par rapport à Assauer, Allofs a l’avantage de parler français car il joua autrefois à l’Olympique Marseille et à Bordeaux. A Brême, Valérien Isamël, Micoud et Ludovic Magnien, entre autres, parlent français. Ce sont des atouts pour Allofs qui semble certain de réussir là où Assauer a échoué. Sur le plan sportif, si le Werder continue de la sorte, cela permettrait à Emile de jouer en Ligue des Champions : c’est son rêve.

Deux millions d’euros

Brême n’a pas encore eu des nouvelles du Standard via Depireux et Selak car le premier devrait rencontrer plusieurs fois Luciano D’Onofrio cette semaine. Ils se connaissent bien mais le Standard reste évidemment le maître du jeu. Emile a signé un contrat de trois ans quand il est revenu à Liège. Le Standard avait besoin de lui. Le joueur réduisit fortement son salaire car il devait se refaire une santé. Les chiffres n’ont pas été révélés officiellement mais le Standard aurait déboursé 1,5 million d’euros à Schalke avec une clause à la clef : en cas de transfert ultérieur, les deux clubs se partagent tout ce qui dépasse deux millions d’euros.

Mais pour Brême, c’est la limite de transfert à ne pas franchir car le contrat du joueur sera lourd. Brême veut une réponse rapide. Le Standard a plus de temps. Si les Liégeois se qualifient pour la Ligue des Champions, Emile restera probablement à Sclessin, quitte à être transféré lors du prochain mercato d’hiver. Mais en cas d’échec à la grande course européenne, Emile pourrait s’en aller vers d’autres cieux européens en fin de saison. Même si le marché des transferts n’est plus ce qu’il était, quand Emile signe un but comme le second face au Cercle Bruges, sa cote remonte. S’il continue de la sorte, Brême et les autres seront encore plus intéressés. Luciano D’Onofrio se frotte les mains. C’est la preuve que le retour d’Emile était un bon choix sportif et financier.

Pierre Bilic

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