Présidentielles BELGES

Bruno Govers

Le chairman anderlechtois Roger VDS succédera-t-il à Jan Peeters à la tête de l’Union Belge ?

A l’occasion de la récente finale de l’EURO 2004, entre le Portugal et la Grèce, le président d’Anderlecht Roger Vanden Stock, et le Secrétaire général de l’Union Belge Jean-Paul Houben, étaient assis l’un à côté de l’autre dans la tribune VIP de l’imposant Estadio da Luz, à Lisbonne. Le grand timonier du Sporting, Membre de la Commission d’Organisation de l’UEFA, avait participé au préalable à une réunion de travail de la plus haute instance du football européen. Quant au bras droit du président de l’UB, Jan Peeters, il avait été invité au même titre que d’autres dignitaires de la cinquantaine de fédérations reprises sous l’égide de l’UEFA.

Peeters aurait dû être du nombre, lui aussi. Mais, en raison d’une intervention à la hanche, réalisée peu de temps avant la phase finale du Championnat d’Europe des Nations, il s’était désisté, contraint et forcé. C’est la deuxième fois, en une courte période, que Peeters était amené à devoir renoncer à un rendez-vous footballistique qu’il était censé honorer de sa présence. Plus tôt, il avait dû faire l’impasse sur la rencontre amicale entre l’Allemagne et la Belgique, à Cologne, suite à des problèmes d’arythmie cardiaque. On peut dès lors se demander si l’image de Roger Vanden Stock (par ailleurs 1er Vice-Président du Comité Exécutif de l’UB) et de Jean-Paul Houben prenant place côte à côte lors d’un rendez-vous footballistique majeur, relève simplement d’un épiphénomène ou bien, au contraire, si elle est susceptible de se reproduire, voire de s’inscrire carrément dans la durée. Car l’année prochaine, fin juin, le mandat de Jan Peeters en tant que président de la fédération sera venu à son terme. Et, dans l’état actuel des choses, il y a sans doute peu de chances qu’il soit prorogé.

 » La tradition veut qu’au sein du football belge les membres qui ont droit de vote au Comité exécutif désignent, par suffrage, celui qui assumera les fonctions de président « , observe Jan Peeters.  » En principe, le mandat est renouvelable chaque année. Mais mon prédécesseur, Michel D’Hooghe, avait insisté pour avoir les coudées franches durant quatre ans, autrement dit la période qui couvre les préparations des deux compétitions les plus emblématiques du calendrier international : la Coupe du Monde et l’EURO. Moi-même, j’avais plaidé pour que ce laps de temps soit ramené à deux ans. Puisque le CE s’est désigné en ma faveur au début de l’été 2003, je suis donc en place, théoriquement, jusqu’au milieu de l’année 2005 « .

Une grosse fatigue

 » Après ? Ma foi, je n’en sais trop rien moi-même « , poursuit notre interlocuteur.  » Tout dépendra de mon état de santé au cours des prochains mois. J’ai fêté mes 70 ans le 2 avril dernier. A cet âge-là, d’autres sont en retraite depuis cinq années ou plus encore pour ceux qui ont l’avantage de bénéficier d’une pension anticipée. Certains croient, sans doute, que la vie d’un président de fédération n’est pas harassante. Mais les problèmes n’ont pas manqué avec toutes ces péripéties concernant les licences ainsi que toutes ces rumeurs de rencontres soi-disant arrangées. C’est bien simple : à un moment donné, nous enregistrions une moyenne de trois plaintes par jour. C’est quand même assez significatif, non ?

En outre, mes nombreux déplacements, ces derniers mois, ont engendré chez moi une grosse fatigue avec, comme conséquence, des problèmes d’extra systole. Bien sûr, si je l’avais réellement voulu, j’aurais pu me soustraire à certaines obligations. Notamment à ma désignation comme responsable principal de la Commission d’Inspection des stades en prévision de la Coupe du Monde 2010. A partir de l’automne 2003, j’ai mis le cap sur les six pays qui avaient posé leur candidature pour l’organisation de cet événement : le Maroc, l’Afrique du Sud, le Nigeria, la Tunisie, la Libye et l’Egypte. Il tombe sous le sens que toutes ces visites étaient éreintantes. Mais j’y tenais car, en acceptant cette tâche, l’honneur rejaillissait en quelque sorte sur notre football. Avec le recul, je mesure que j’ai puisé loin, très loin dans mes réserves, en ces diverses occasions. Et que je devrai être beaucoup plus sage à l’avenir. Pour le moment, je me remets de mon opération et j’attends à nouveau avec impatience le début de la prochaine saison. Mais je ne sais absolument pas, actuellement, comment je vais la digérer. Ou bien tous mes petits tracas n’y paraîtront plus et il n’est pas impossible, dans ces conditions, que je brigue un nouveau mandat si on veut toujours de moi. Ou bien, j’estimerai tout simplement le temps venu de passer la main. Je serais en tout cas un président peu prévoyant si, en tant que septuagénaire, je ne planchais pas sur ma succession. A cet égard, tous ceux qui siègent au Comité exécutif entrent en ligne de compte, que leur patronyme présente des consonances familières ou non « .

Parmi cet aréopage (v. cadre), trois noms se détachent. Par ordre croissant d’importance, il y a là Guy Lambeets, Michel Preud’homme et Roger Vanden Stock. Le premier nommé, qui n’est autre que le beau-père de Marc Wilmots, jouit d’une grande estime dans le milieu. Juriste de formation, spécialiste ès football, il présente cependant un inconvénient : St-Trond, le club qu’il représente, n’appartient pas au gratin du football belge, le G5, qui regroupe les cinq entités les plus influentes : Anderlecht, le Club Brugeois, le Standard, Genk et Gand. Le deuxième, Michel Preud’homme, a comme avantage un immense vécu, à la fois comme gardien du Standard et des Diables Rouges. Le hic, c’est qu’en tant que dirigeant, il vient à peine de passer de l’autre côté de la barrière chez les Rouches, et manque donc de recul à ce niveau. Cette lacune-là ne s’applique évidemment pas à Roger Vanden Stock qui cumule les mandats : 1er Vice-Président du Comité exécutif et membre des Commissions Technique et Sécurité de l’UB, membre de la Commission d’Organisation de l’UEFA et membre de la Commission des Associations de la FIFA. Mais, pour lui aussi, il y a aussi une petite ombre au tableau : en sa qualité de président d’Anderlecht, on le voit mal assumer la même charge à la tête de la fédération.

 » Le règlement n’interdit pas le port d’une double casquette « , observe Jean-Marie Philips, Président de la Ligue Pro, membre du Comité exécutif et juriste de formation. Si, dans certains pays, il arrive que le président du club le plus huppé soit aussi l’homme fort de la fédération, chez nous cette construction entraînerait indéniablement une levée de boucliers. C’est pourquoi, même si je suis d’avis que Roger Vanden Stock constituerait un candidat idéal à la succession éventuelle de Jan Peeters, il faudrait dans ce cas qu’il prenne ses distances par rapport au Sporting en y cédant le témoin présidentiel. Mais en a-t-il franchement envie et quelqu’un est-il susceptible de le relayer à plus ou moins long terme ? Il faudrait lui poser la question « .

Une affaire d’hommes

Samedi dernier, après la victoire des Mauves au FC Knokke (0-9), le numéro 1 anderlechtois se voulait, à cet égard, très mesuré dans ses propos :  » A l’image de Jean-Luc Dehaene, je veux bien parler d’un problème quand il se pose. Or, jusqu’à preuve du contraire, Jan Peeters est toujours bien en selle. Par respect envers lui, je ne tiens donc pas trop à m’épancher à ce sujet. Je mesure fort bien qu’auprès de certains membres du Comité exécutif, je bénéficie de pas mal de crédit. J’en suis à la fois flatté et reconnaissant mais une reconsidération de mon rôle aurait inévitablement une incidence sur l’organigramme d’Anderlecht. Il n’est pas pensable que j’occupe les deux sièges présidentiels. Or, tout reste à faire concernant ma succession à Anderlecht. Mon père a eu 25 ans pour préparer le terrain. Moi, j’arrive à peine au tiers de cette période. Il me paraît normal, dès lors, d’être pris un peu de court en la matière « .

Qui pourrait donc remplacer Roger Vanden Stock à la barre de son club ? On rappellera qu’en 1996, RVDS avait reçu le témoin de son père, Constant. Depuis lors, la présence de la famille s’est amplifiée tant et plus dans la structure du club. D’un côté, l’épouse de Roger, Kiki, dirige le fanshop avec l’aide épisodique de ses deux filles, Claire et Julie. Quant aux deux gendres, Didier Desmet et Stéphane Boillat, ils occupent eux aussi des fonctions au Parc Astrid, le premier comme leader du service informatique et le deuxième en tant que responsable de la sécurité. Faut-il prévoir une redistribution des rôles pour eux ? Non, sans doute. Car, d’une part, Constant Vanden Stock, président d’Honneur et personnage toujours influent en haut lieu, entend que  » son  » Sporting reste avant tout une affaire d’hommes, ce qui tend à écarter la branche féminine des premiers rôles. D’autre part, les deux beaufs, jeunes dans le métier, n’ont évidemment pas le vécu nécessaire pour briguer un rôle au sommet de la hiérarchie.

Dans le clan, c’est évidemment le neveu de Constant, Philippe Collin, secrétaire général du club qui possède le meilleur profil. Il est depuis toujours au club et a récemment été à l’origine de la refonte de l’Ecole des Jeunes, à Neerpede. Celle-là même qui vient de produire des jeunes talents du calibre de Vincent Kompany et Anthony Vanden Borre, pour ne citer qu’eux. Loué, dans le giron des Mauves, pour sa connaissance du football, le cousin de Roger ferait à coup sûr, pour beaucoup, figure de digne héritier à l’ombre de St-Guidon.

Bruno Govers

 » Le règlement n’interdit pas le port d’une DOUBLE CASQUETTE  » (Jean-Marie Philips)

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