Première C1

Real Madrid, Benfica, AC et Inter Milan, Celtic, Manchester United… Comment gagnèrent-ils leur première Coupe des Champions?

Real Madrid 8 victoires, AC Milan 5, Ajax et Liverpool 4, Bayern Munich 3… A l’internations, l’Espagne (Real Madrid 8 et Barcelone 1), l’Italie (Milan 5, Inter et Juventus 2) et l’Angleterre (Liverpool 4, Manchester U. et Nottigham 2, Aston Villa 1) sont à égalité de succès, 9.

Le Real de Di Stefano. Qui étaient ces Madrilènes qui de 55 à 60 trustèrent 5 succès d’affilée? En 56, à Paris, face au Stade Reims, menés 2-0, puis 3-2, Di Stefano, Marquitos et Rial (2) renversèrent le score à 4-3. L’équipe: Alonso, Atienza, Lesmes, Munoz, Marquitos, Zarraga, Joseito, Marsal, Di Stefano, Rial et Gento. Le Rémois Raymond Kopa rejoignit Madrid la saison suivante, et le Hongrois Ferenc Puskas en 60 pour l’inoubliable 7-3 sur l’Eintracht Francfort, à Hampden Park, en Ecosse. Quatre buts de Puskas, record en finale de la C1, et trois de Di Stefano assommèrent les Allemands devant 127.621 spectateurs, la plus forte affluence en finale.

Benfica mate Barcelone. En 62, Barcelone, tombeur du Real au deuxième tour, avait de gros arguments pour vaincre en finale avec Kocsis, Czibor et Kubala, international tchèque, hongrois puis espagnol. Mais Benfica recelait du talent, encore inconnu, avec Germano, Jose Augusto, Aguas et Coluna. Les Portugais, brillants, s’imposèrent 3-2 (Aguas, Coluna et autobut de Ramallets) avec le onze Costa Pereira, Mario Joao, Angelo, Neto, Germano, Cruz, Jose Augusto, Santana, Aguas, Coluna et Cavem.

La saison suivante, avec le Mozambiquais Eusebio, Benfica maîtrisa le Real en finale à Amsterdam, 5-3. Dans le vestiaire d’après-match, Eusebio, debout sur un banc, le regard perdu, psalmodiait des mélopées africaines. Une scène inoubliable.

Rivera stratège de Milan. L’AC Milan mit fin à l’épopée benfiquiste, en finale 63 à Wembley. Les Milanais, défaits à Bruxelles-Expo 58 par Madrid, ne loupèrent pas leur seconde chance. Avec Gianni Rivera, un stratège de format mondial, le libero Cesare Maldini, père de Paolo, et les Brésiliens Dino Sani, médian, et José Altafini, attaquant, Milan misait sur un onze au talent homogène. Deux ballons de Rivera à Altafini mirent Benfica sur les genoux (2-1). Les 14 buts d’Altafini cette saison-là constituent toujours le record en CI. Les vainqueurs: Ghezzi, David, Trebbi, Benitez, Maldini, Trapattoni, Pivatelli, Dino Sani, Altafini, Rivera et Mora.

Le verrou de l’Inter. A l’AC Milan succéda l’Inter, en 64, à Vienne. Une équipe aux fortes individualités (Facchetti, Mazzola, le Brésilien Jair et l’Espagnol Luis Suarez) mais basée sur un implacable système défensif cadenassé par le libero Armando Picchi. Maître d’oeuvre, l’entraîneur franco-argentin Luis Herrera. Deux buts de Mazzola, rival en talent et en popularité de Rivera, et un de Milano eurent raison du Real Madrid (3-1). Tour d’honneur pour: Sarti, Burgnich, Facchetti, Tagnin, Guarneri, Picchi, Jair, Mazzola, Milani, Suarez et Corso.

Gemmell du Celtic. Après onze ans de succès latins, la victoire du Celtic Glasgow sur l’Inter, 2-1, en 67, à Lisbonne, fut saluée comme un retour vers un foot plus offensif. La santé et le total engagement des Anglo-Saxons du coach Jock Stein mirent à mal les Italiens pourtant bien lancés par un penalty de Mazzola. Le folklorique Gemmell et Chalmers se chargèrent du marquoir. Premiers non-Latins à s’offrir la CI: Simpson, Craig, Gemmell, Murdoch, McNeill, Clark, Johnstone, Wallace, Chalmers, Auld et Lennox.

M.U. dix ans après. Manchester United confirma la pression britannique la saison suivante, en 68, à Wembley, par un copieux 4-1 sur Benfica. Et pourtant… à 1-1, et à quelques minutes de la 90e, Eusebio ne concrétisa pas une superbe chance de but. En prolongations, le physique et le talent de Bobby Charlton (2 buts) et cie firent la différence. Ce premier succès anglais coïncidait pour le coach Matt Busby et ses hommes avec le dixième anniversaire de l’accident d’avion qui dissémina, à Munich, le noyau MU. Les Mancunians d’alors: Stepney, Brennan, Dunne, Crerand, Foulkes, Stiles, Best, Kidd, Charlton, Sadler et Aston.

La Hollande avec Feyenoord. Des prolongations aussi pour la conquête par Feyenoord de la Coupe 70, à Milan, au détriment du Celtic. Ernst Happel alignait de brillantes individualités, Israel, Kindvall, Van Hanegem et Moulijn, pour arracher la première Coupe pour la Hollande. Match-winner, à la 116e minute, le Suédois Ove Kindvall. L’équipe: Pieters Graafland, Romeijn, Van Duivenbode, Jansen, Israel, Hasil, Wery, Laseroms, Kindvall, Van Hanegem et Moulijn.

Cruyff et l’Ajax. Feyenoord ouvrit la porte au triplé 71-72-73 d’Ajax. C’est à Wembley que le coach Rinus Michels et l’étourdissant Johan Cruyff brandirent la première Coupe ajacide vers le ciel. Leurs victimes : les Grecs de Panathinaïkos dirigés par Puskas. Malgré Domazos et Antoniadis les Amstellodamois triomphèrent 2-0 sans peine. Buts de Van Dijk et Haan. Les vainqueurs: Stuy, Suurbier, Neeskens, Vasovic, Rijnders, Hulshoff, Swart (Haan), Van Dijk, Cruyff, G. Muhren et Keizer.

Beckenbauer et le Bayern. Hat-trick 74-75-76 aussi pour le Bayern Munich du génial libero Franz Beckenbauer, et premier sacre pour l’Allemagne. A Bruxelles, en 74, les Bavarois jouèrent deux matches au Heysel pour vaincre l’Atletico Madrid. 1-1 après les prolongations du premier match, puis 0-4 par Hoeness et Muller, 2 buts chacun. Tour d’honneur pour Maier, Hansen, Breitner, Schwarzenbeck, Beckenbauer, Roth, Torstensson, Zobel, Müller, Hoeness et Kapellmann.

Keegan lance les Reds. Doublé 77-78 pour Liverpool avec une première Coupe, à Rome, face à Moenchengladbach. Les Reds de Bob Paisley avec Keegan, Hughes et Callaghan furent intraitables face aux Vogts, Simonsen et Stielike et réussirent leurs 3 buts par McDermott, Smith et Neal. La Coupe pour Clemence, Neal, Jones, Smith, R. Kennedy, Hughes, Keegan, Case, Heighway, McDermott et Callaghan.

Doublé pour les Notts. Toujours les Anglais en 79 et 80 avec le double succès de Nottingham Forest. A Munich, un but de la tête de l’efficace Trevor Francis suffit aux Notts de Brian Clough pour battre les Suédois de Malmoë. L’équipe: Shilton, Anderson, Clark, McGovern, Lloyd, Burns, Francis, Bowyer, Birtles, Woodcock et Robertson.

L’homogénéité d’Aston Villa. Surprise en 82 avec la victoire d’Aston Villa sur le Bayern Munich, 1-0, à Rotterdam. Les Anglais, qui perdirent leur portier Jimmy Rimmer, sur blessure après 10 minutes, formaient un onze homogène et volontaire suffisant pour vaincre des Bavarois peu inspirés. But par Withe. Portèrent la Coupe: Rimmer (Spink), Swain, Williams, Mortimer, Evans, McNaught, Bremner, Shaw, Withe, Cowans et Morley.

Hambourg avec Hrubesch. Revanche allemande par Hambourg SV, en 83, à Athènes, aux dépens de la Juventus, 1-0. Malgré Platini, Rossi, Zoff et Boniek, les Hambourgeois, dirigés par Happel, créèrent l’événement par un but de Magath. Le onze: Stein, Kaltz, Wehmeyer, Jakobs, Hieronymus, Rolff, Milewski, Groh, Hrubesch, Magath et Bastrup.

La tragédie du Heysel. En 85, avant le coup d’envoi, une sauvage ruée des supporters de Liverpool vers le bloc de la Juventus ensanglanta le Heysel avec 39 morts. La tragédie dans toute son horreur. Le match eut quand même lieu. Penalty par Platini, et victoire de la Juve. L’équipe: Tacconi, Favero, Cabrini, Bonini, Brio, Scirea, Briaschi, Tardelli, Rossi, Platini et Boniek.

L’Est avec Steaua Bucarest. En 86, 0-0, à Séville, prolongations et tirs au but, et coup de tonnerre avec le succès du Steaua Bucarest sur Barcelone, grandissime favori. Première victoire d’une équipe de l’Est dans la CI, via Ducadam, Belodedici, Iovan, Bumbescu, Barbulescu, Balint, Balan, Boloni, Majaru, Lacatus et Piturca.

Porto contre Pfaff. 25 ans après Benfica, voici Porto qui tombe le Bayern Munich (Pfaff, Hoeness, Matthaus, Rumenigge), 2-1, en 87, à Vienne. Madjer (but inoubliable) et Juary mystifièrent Pfaff au dernier quart d’heure. Le onze d’Arthur Jorge: Mlynarczyk, Joao Pinto, Eduardo Luis, Celso, Ignacio, Quim (Juary), Jaime Magalhaes, Sousa, Andre et Futre.

PSV avec Gerets. Autre vainqueur inédit, à Stuttgart, en 88, le PSV Eindhoven de Guus Hiddink et d’Eric Gerets (capitaine) qui bat Benfica, 0-0 et 6-5 aux tirs au but (Van Breukelen, Gerets, Nielsen, R. Koeman, Heintze, Lerby, Linskens, Van Aerle, Kieft, Vanenburg et Gilhaus).

L’Etoile Rouge avec Prosinecki. Enfin un club yougo à l’honneur en 91, à Bari: l’Etoile Rouge de Belgrade, avec Prosinecki, vainqueur de Marseille, dirigé par Goethals, 5-3 aux tirs au but après le 0-0 en prolongation. S’offirent la Coupe: Stojanovic, Jugovic, Marovic, Sabanadzovic, Belodedici, Nadjoski, Mihajlovic, Savicevic, Pancev, Prosinecki et Binic.

Les Marseillais de Goethals. Goethals et ses Marseillais revinrent en finale, en 93 à Munich, et, cette fois, pour la victoire: 1-0 sur un coup de tête du défenseur Basile Boli. Premier succès de la France en C1 avec Barthez, Angloma, Boli, Desailly, Pele, Eydelie, Sauzée, Deschamps, Di Meco, Boksic et Völler.

Le réalisme de Dortmund. Avec Zidane, Del Piero et Boksic la Juventus était grande favorite, en 97, à Munich, mais le réalisme était du côté de Borussia Dortmund, 3-1, avec 2 buts de K-H. Riedle et un de Ricken. L’homme du match: Andy Möller auteur des 3 assists. L’équipe: Klos, Kohler, Sammer, Kree, Reuter, Lambert, Paulo Sousa, Möller, Heinrich, Riedle, Chapuisait (Ricken).

Henry Guldemont

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