Premier de corvée

Où en sont les Buffalos à 15 jours de leur entrée en lice en Europa League ?

On est entré officiellement dans la saison 2009-2010, la semaine dernière, lorsque La Gantoise a pris connaissance de son premier adversaire en Europa League : le FC Naftan Novopolotsk. Pardon ? Il s’agit du vainqueur de la Coupe de Biélorussie.

 » C’est un nom qui, effectivement, n’évoque pas grand-chose. Mais, en cette période de l’année où l’on est encore en pleine préparation, il faut éviter de tomber dans le piège de la facilité. L’an passé, Anderlecht avait aussi hérité d’un club biélorusse et l’on sait ce qu’il est advenu. Le fantôme de BATE Borisov hante encore les travées du stade Constant Vanden Stock « , rappelle AdnanCustovic, auteur du premier but de la saison des Buffalos, mercredi passé sur le terrain du RC Waregem (victoire 2-3, les deux autres buts étant signés YassineElGhanassy).

 » Bonne première mi-temps, mauvaise deuxième « , souligne MichelPreud’homme.  » Les conséquences de la fatigue accumulée au cours de l’entraînement matinal ? Non : simplement, j’avais chamboulé mon équipe après la pause.  »

Custovic attend la nouvelle saison avec optimisme.  » J’ai digéré mon départ de Mouscron et je constate que Gand déborde d’ambition. Et puis, la perspective de disputer l’Europa League constitue tout de même un sérieux adjuvant. « 

 » Adi a raison lorsqu’il affirme qu’il faut se méfier de cette équipe biélorusse « , enchaîne l’entraîneur adjoint ManuFerrera.  » Aujourd’hui, malheureusement, les clubs belges n’ont plus aucune raison de prendre un adversaire de haut, quel qu’il soit. On progresse dans tous les pays, alors qu’en Belgique on fait du surplace. Or, qui n’avance pas, recule. StanVandenBuys ira visionner Naftan. La ville de Novopolotsk est située au nord de Minsk, près de la frontière lituanienne. Mais on ne jouera pas là-bas, car le stade n’est pas homologué par l’UEFA. Le match aura lieu dans une autre ville, dont j’ai oublié le nom mais qui, par chance, possède un aéroport. Cela nous permettra d’affréter un vol charter depuis Wevelgem, comme on l’avait déjà fait l’an passé, et d’éviter de longs trajets en car.  »

16 mai, 16 juin, 16 juillet

Si Gand sera le premier club belge à faire son entrée officielle dans la nouvelle saison, il n’a pas été le premier à reprendre l’entraînement. Saint-Trond l’a précédé, mais les Canaris bénéficieront d’une semaine de congé.  » On a terminé le championnat le 16 mai et on a donné rendez-vous aux joueurs le 16 juin pour les tests médicaux « , explique Ferrera.  » Le premier match en Biélorussie est fixé au 16 juillet. A priori, un mois de vacances, c’est suffisant. Mais certains joueurs ont encore joué avec leur équipe nationale après la fin du championnat. C’est le cas des Slovènes MilosMaric et GoranLjubijankic, du Togolais AdefanmiOlufade et aussi de BryanRuiz. Le cas d’Olufade cause le plus de soucis. La preuve : il est actuellement blessé…  »

Sur le plan de la préparation, Manu estime qu’il faut tenir compte de deux aspects qui diffèrent par rapport à la saison dernière.  » Il y a évidemment ce premier match européen qui tombe très tôt mais il y a aussi, et surtout, la suppression de la trêve de Noël en championnat. Autrefois, on planifiait la préparation physique jusqu’en décembre, et on effectuait une remise en condition durant le stage de janvier. Aujourd’hui, il faut conférer aux joueurs une plus grande base d’endurance afin qu’ils tiennent le coup jusqu’en mai. C’est un défi pour les préparateurs physiques des différents clubs de trouver la meilleure méthode. « 

C’est donc une longue, très longue saison, qui commence.  » D’aucuns affirment déjà que, puisqu’on commence avant les autres, on sera… fatigué avant les autres. Cela reste à prouver. Jadis, on affirmait parfois que les équipes qui jouaient l’Intertoto lâchaient prise en cours de saison. Cela n’a jamais été démontré. Le tour préliminaire de l’Europa League ne perturbe pas exagérément notre préparation. Si l’on n’avait pas affronté les Biélorusses les 16 et 23 juillet, on aurait disputé des matches amicaux ces jours-là. « 

Compte tenu de la nouvelle formule de compétition, il y a peut-être intérêt, aussi, à atteindre le pic de forme en avril ou mai, au moment des playoffs.  » Là, je ne suis pas d’accord « , corrige Ferrera.  » Tous les points comptent. Les récompenses seront effectivement distribuées en mai, mais pour y prétendre, il faudra avoir engrangé suffisamment de points pour… faire partie du Top 6. Or, même si notre championnat a tendance à stagner, on ne peut pas se permettre d’être à 50 % si l’on veut gagner des matches. « 

Des infrastructures calamiteuses

Lorsque Ferrera affirme que le football belge stagne, il songe surtout aux infrastructures.  » Pour le grand public, l’aspect le plus visible est l’état désastreux de certains stades mais ce qui nous importe avant tout ce sont les conditions d’entraînement. Et à ce niveau, le retard qu’on accuse est encore plus grand. HugoBroos a ouvert de grands yeux lorsqu’il a découvert le complexe où il pourra dispenser ses entraînements à Trabzonspor. Cela ne m’étonne pas du tout. Mon frère, Emilio, a fait pareil lorsqu’il a visité les installations de son nouveau club athénien. Cela me laisse pantois lorsque je lis qu’un club du calibre d’Anderlecht ne dispose même pas d’une salle où les joueurs peuvent se reposer entre deux séances.  »

C’est pour bénéficier de toutes ces facilités que Gand est parti, cette semaine, à Delden au Pays-Bas. Les Buffalos y peaufineront-ils particulièrement leur condition physique ?  » Pas uniquement « , affirme Ferrera.  » Preud’homme a l’habitude de travailler en même temps tous les aspects, depuis le premier jour d’entraînement. Avec certains entraîneurs, les joueurs ne voient pas le ballon durant 15 jours. Avec d’autres, c’est l’inverse. JoséMourinho par exemple, ne programme pas de préparation physique spécifique : il passe directement à la tactique. Pourtant, on ne peut pas dire qu’il n’a pas eu de résultats… Chaque entraîneur a ses méthodes. Il n’y en a pas de bonne ou de mauvaise. L’entraîneur qui gagne a raison, c’est tout.  »

Comment Ferrera situerait-il Preud’homme ?  » C’est un entraîneur qui planifie tout et essaie de réduire la part de hasard au minimum. Que ce soit en match ou aux entraînements. Sa philosophie n’a pas changé depuis sa période au Standard : il recherche avant tout la meilleure manière pour inscrire un but… et accessoirement, la meilleure manière pour ne pas en encaisser. C’est surtout moi qui suis orienté défensivement. Et c’est sans doute la raison pour laquelle je fais contrepoids et qu’on se complète. « 

Sportivement, le staff gantois doit gérer la présence d’un joueur – et non des moindres – qui manifeste depuis longtemps des envies de départ.  » Aussi longtemps que Ruiz n’est pas parti, on considère qu’il fait toujours partie de l’effectif et on le gère comme un élément du groupe à part entière « , explique Ferrera.

On parle d’un intérêt de Heerenveen.  » Sportivement, je me demande si ce club est réellement supérieur à Gand « , poursuit Ferrera.  » Mais Bryan s’améliorerait sans doute, un peu, financièrement et surtout, il augmenterait ses chances de rejoindre, plus tard, un club espagnol comme il en rêve. A mon avis, il a le niveau pour s’imposer dans la Liga, mais son problème est qu’il provient du championnat de Belgique. Or, la Ligue Jupiler a perdu beaucoup de crédit à l’étranger. Un footballeur qui s’illustre aux Pays-Bas est courtisé par les plus grands clubs européens. Un joueur phare du championnat de Belgique laisse, en revanche, les recruteurs sceptiques. Cela ne vaut pas uniquement pour Ruiz. Regardez OguchiOnyewu : il est en fin de contrat et, malgré cela, il intéresse uniquement des clubs du niveau de Birmingham, à peine promu en Premier League. Pourtant, je puis vous l’assurer : il est meilleur que les six défenseurs centraux actuellement sous contrat à l’Atletico Madrid. Si les Colchoneros le dédaignent, ce n’est pas parce qu’il est Américain, mais parce qu’il ne s’est encore illustré qu’en Belgique.  »

Un groupe déjà en place

Au niveau des automatismes, le staff technique de Gand n’aura pas trop de soucis. Le gros des transferts avait déjà été effectué durant le mercato hivernal avec TimSmolders, StefWils, ErlendHanstveit, MbayeLeye, Custovic et deux jeunes Maliens arrivés de Bamako : KassimDoumbia et MamoutouN’Diaye.

 » Ils nous ont été renseignés par des scouts là-bas et ce sont surtout des paris sur l’avenir « , précise Ferrera.  » Les autres ont été performants tout de suite. Ils nous ont déjà permis de réaliser le deuxième tour que l’on connait. Un journal a d’ailleurs publié des statistiques intéressantes : sur le deuxième tour, Gand a été l’équipe qui s’est créé le plus d’occasions et celle qui en a offert le moins à l’adversaire, à une exception près. Cela signifie qu’on a été aussi performant devant que derrière. « 

Gand est cité parmi les possibles révélations de la nouvelle saison.  » Il est difficile de faire des pronostics, aussi tôt dans la saison. Toutefois, il est un fait que, si l’on peut continuer sur la lancée du deuxième tour de la saison dernière, on aura notre mot à dire. D’un point de vue tactique, grâce aux transferts hivernaux, on a pris un peu d’avance sur la concurrence. Le groupe a été conservé et encore renforcé par les arrivées d’ ElimaneCoulibaly et de ChristopheLepoint. On doit aussi récupérer BerndThijs, qui s’est retrouvé sept mois sur la touche à cause d’un problème au pubis qu’on n’est jamais parvenu à réellement cerner. C’est presque un nouveau transfert également.  »

Parmi les joueurs qui pourraient exploser, on cite surtout El Ghanassy, 18 ans, considéré comme le nouveau MbarkBoussoufa.  » N’allons pas trop vite en besogne « , tempère Ferrera.  » Yassine est Marocain, comme Mbark, mais ce n’est pas le même type de joueur. Il a une belle action individuelle dans les pieds. Ses dribbles sont souvent orientés vers le but adverse, ce qui est bien. Il provoque beaucoup ses adversaires. Il a beaucoup de qualités, a déjà beaucoup progressé et joue à la même position que Ruiz. De là à affirmer qu’on tient déjà en lui le successeur du Costaricien, c’est encore un peu tôt. Un peu de respect pour Bryan, s.v.p. Yassine n’a pas encore joué un match complet en D1. Mais ce qu’il a laissé entrevoir est, effectivement, prometteur.  »

Lepoint a assez boulingué

Qu’attend-on à Gand de Lepoint ?  » Actuellement, il est malheureusement blessé au tendon d’Achille « , révèle Ferrera.  » Mais c’est un joueur assez complet. Lorsque j’étais entraîneur de jeunes à Anderlecht, j’ai eu son frère aîné sous mes ordres : un gardien de but. Christophe n’avait encore que 12 ou 13 ans. Il évoluait dans une catégorie inférieure où il a été mis à toutes les sauces. Il peut occuper toutes les positions de l’axe, de défenseur central à avant-centre. Sa polyvalence est un gros atout. Son volume de course également : il est présent dans les deux rectangles. Sa meilleure place se situe sans doute dans l’entrejeu, secteur dans lequel Gand est déjà bien fourni avec Maric, Thijs, Duarte, RandallAzofeifa, ChristopheGrondin…  »

 » Je sais que la concurrence sera rude, mais je préfère cela à la situation qui était la mienne à Tubize, où je m’entraînais en sachant que ma place de titulaire était assurée le week-end « , affirme l’intéressé.  » Lorsqu’on n’est pas poussé dans ses derniers retranchements par la concurrence, on ne progresse pas. Sur base du deuxième tour de la saison dernière, Gand peut viser le podium, peut-être même la deuxième place. En ce qui me concerne, ce sera la première fois que j’évoluerai sur la scène européenne. Ce sera une saison-clef pour moi : celle de l’éclosion définitive. A 24 ans, j’ai assez bourlingué. Le temps de la stabilité est arrivé. « 

par daniel devos – photos: belga

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