Poutte :  » Fous de foot ne montre pas des abrutis « 

Chaque lundi, Studio 1 La tribune débute par Fous de foot, une série documentaire qui met en scène Bouba et Jean-Marie, supporters respectifs du Standard et d’Anderlecht. Manuel Poutte est le réalisateur du projet.

Comment définiriez-vous Jean-Marie et Bouba ?

Ce sont des provocateurs et des grandes gueules. Ils manient l’humour. Jean-Marie est plus dans l’autodérision alors que Bouba aime la confrontation. Ils sont très émotionnels. Jean-Marie a pleuré quand Anderlecht a marqué son premier but contre Genk ! Si le Standard bat Anderlecht, le monde s’écroule pour Bouba. Il a une haine viscérale des Mauves. Jean-Marie est moins hargneux. Il vient de Rochefort et soutient Anderlecht dans une région rattachée à la cause du Standard. Il est dans une sorte de phénomène de reconnaissance. Bouba est quelqu’un qui a besoin de liens et qui s’est créé une grande tribu autour de lui. Ensemble, ils développent une forme de naïveté, quelque chose d’enfantin. D’ailleurs, pour moi, les gens vont au stade pour retrouver une part de cette enfance perdue.

D’où est venue l’idée ?

Je suis parti du principe que le spectateur, qui est à la fois le plus grand acteur de ce sport et celui qui est le plus fidèle au club, est quasi invisible dans les médias. Or, c’est un véritable phénomène de société. On observe un nombre grandissant de femmes dans les stades, même parmi les Ultras ! Je me suis rendu à plusieurs matches pour repérer des gens. Un casting a été organisé via Facebook et les clubs de supporters. Nous avons noté une petite résistance, notamment du côté anderlechtois. Ils avaient peur qu’on donne d’eux une image d’hooligans. J’ai dû faire preuve de dialogue. Nous avons vu des dizaines de personnes et cela a pris du temps.

Sur quels critères a reposé le choix final ?

Je cherchais des personnages à fond dans leur passion. Mais pas des abrutis. On devait vraiment percevoir de l’humanité dans leur comportement.

Ils oublient facilement la présence de la caméra ?

Oui et surtout ils la font oublier aux autres. L’avantage, c’est qu’on tourne avec des caméras qui ont la forme d’appareil photo. C’est plus discret.

Les clubs vous soutiennent ?

Pas du tout. Les relations sont assez compliquées que ce soit avec David Steegen ou avec Sacha Daout. On éprouve beaucoup de difficultés à accéder aux tribunes, à domicile ou à l’extérieur. Pourtant, on est soutenu par la RTBF et Belgacom. Et je ne pense pas qu’on véhicule une image négative. Je dirai même que, indirectement, on fait la promo des deux clubs. Je suis assez sur le cul. Peut-être sont-ils ennuyés qu’on ait eu l’idée avant eux.

PAR SIMON BARZYCZAK

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