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POURQUOI L’ANTWERP MONTRE LES MUSCLES

Quand il a commencé le croquis de son Antwerp, László Bölöni a certainement cherché l’inspiration en levant les yeux au ciel. En risquant le torticolis, son regard a croisé les centimètres de Jelle Van Damme, Dino Arslanagic, Matheus, ou encore Sambou Yatabaré, une bande de géants qui dépassent tous le mètre nonante. Comme le reste du noyau n’a pas à rougir avec ces quatre molosses, et que le Bosuil aime les gladiateurs, le football anversois du coach roumain se jouera avec les muscles plutôt qu’avec les pieds.

La partition du Great Old a des notes qui sentent bon le terrain de rugby. Au milieu, le pied gauche de Geoffry Hairemans, trop lent pour le rythme de la D1A mais trop précis pour rester ailleurs qu’au sein de l’élite,sert de demi d’ouverture. Ses coups de botte vers la touche servent des ailiers véloces, sans grande variété dans leur jeu : Ivo Rodrigues cherche systématiquement à rentrer vers son pied droit pour armer une frappe, tandis que Stallone Limbombé déborde et tente un centre, que son adversaire direct soit effacé ou non. Dans le pire des cas, cela lui rapporte un corner. L’Antwerp en a accumulé dix face à Saint-Trond, dans un match qu’il ne semblait pourtant pas dominer largement. Comme si le club les recherchait. Peut-on marquer autrement quand c’est l’ailier Reda Jaadi qui est installé en numéro 9 ?

L’idée est loin d’être absurde, quand les géants peuvent envahir le rectangle adverse à la moindre phase arrêtée. C’est d’ailleurs là que réside le principal danger de l’équipe anversoise, qui semble avoir peu d’inspiration pour arriver au rectangle adverse quand le ballon est en mouvement. Là aussi, le plan a des airs d’ovalie, avec des kicks vicieux qui mettent en difficulté la défense adverse, puis un rush collectif et puissant aux airs de mêlée pour chasser le fameux  » deuxième ballon « , avec des interventions musculeuses et intimidatrices, toujours à la limite des lois du jeu. Un style agressif qui a atteint son apogée quand Jelle Van Damme est monté sur la pelouse du Bosuil, à cinq minutes de la fin du temps réglementaire. L’ancien des LA Galaxy, placé au milieu défensif,a eu le temps de prendre un carton jaune, de flirter avec l’exclusion sur une intervention digne d’un film de son homonyme Jean-Claude, et de grimper quelques fois sur ses opposants dans les duels aériens. C’est sur l’une de ces actions, située quelque part entre l’intervention musclée et la faute manifeste, qu’il a lancé le but égalisateur des Anversois.

L’action symbolise parfaitement la philosophie installée par le Great Old. Une relance à l’arraché sur le côté droit, un centre qui semble seulement destiné à être repoussé difficilement par l’arrière-garde trudonnaire, puis un tacle dans les pieds du trop joueur Alexis de Sart en guise de passe décisive, qui sert un peu miraculeusement le grand William Owusu, lequel réussit une superbe frappe à la retourne depuis l’entrée du rectangle, qui ne laisse aucune chance à Lucas Pirard.

À défaut de proposer un jeu élaboré, l’Antwerp lutte avec les armes à sa disposition. Bölöni réussit pour l’instant à placer dans le top 6 un noyau dont les qualités footballistiques sont loin de faire rougir n’importe quel noyau de Pro League. Mais le Bosuil lutte avec les armes qu’il aime : de la sueuret des muscles. Qui a dit que le kick and rush était de l’histoire ancienne ?

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