Pour Vandereycken !

Essayons, pour une fois, de trouver des mérites au coach de la Belgique…

Les Diables Rouges terminent, par deux déplacements en Pologne ce samedi et en Azerbaïdjan mercredi prochain, une campagne calamiteuse au niveau des résultats. La pire depuis 1962. Le sélectionneur RenéVandereycken est régulièrement la cible des critiques des médias. Faut-il, pour autant, lui reprocher tous les maux ? Faisons-nous, pour une fois, l’avocat du… Diable en chef et essayons de définir ses mérites.

Atout I : la jeunesse de l’équipe

Cessons de crier qu’il faut du changement, et surtout, qu’il faut rajeunir l’équipe. Elle est déjà assez jeune comme cela : c’est même la plus jeune d’Europe. On a, aujourd’hui, une équipe pour dix ans. Lors de la Coupe du Monde 2014, au Brésil, VincentKompany, StevenDefour et KevinMirallas -pour ne citer qu’eux- n’auront que 26 ou 27 ans. On pourra rétorquer que Vandereycken a tiré profit du travail de JeanFrançoisdeSart, mais c’est inévitable : un sélectionneur national est toujours tributaire du travail effectué en sélections de jeunes ou dans les clubs. Ce n’est pas avec cinq jours d’entraînement qu’il peut améliorer la qualité des joueurs.

Atout II : les trouvailles

Vandereycken est allé chercher des joueurs dont certains d’entre nous ne soupçonnaient même pas l’existence. Lorsqu’il a sélectionné JanVertonghen, au printemps 2007, beaucoup ont crié au fou. Le milieu de terrain évoluait, à l’époque, au RKC Waalwijk, un club qui luttait pour son maintien en Eredivisie et n’a d’ailleurs pas atteint son objectif. Mais, après sa première prestation sous le maillot des Diables Rouges, les mêmes personnes ont applaudi.

Avouons-le également : combien d’entre nous auraient-ils sélectionné MoussaDembelé au départ de l’actuelle campagne ? L’attaquant avait à peine eu le temps de se faire connaître au Germinal Beerschot. Il est ensuite parti à Willem II, puis fut cédé pour cinq millions (avec une plus-value pour le GB) à l’AZ. Après son match contre la Serbie, en août, beaucoup d’organes de presse lui ont attribué une cote de 9/10. Idem avec KevinMirallas. Lorsqu’il a été titularisé pour la première fois dans ce même match, beaucoup s’attendaient à voir FrançoisSterchele sur le terrain. Au coup de sifflet final, il a bien fallu reconnaître que MaîtreRené ne s’était pas trompé. D’accord, c’était facile de découvrir Mirallas : il avait brillé avec les Espoirs lors de l’Euro aux Pays-Bas ! Mais ce n’est pas pour cette raison-là que Vandereycken l’a sélectionné. C’est parce que le joueur avait, entre-temps, gagné ses galons de titulaire (qu’il a reperdus aujourd’hui) dans une équipe de Ligue 1.

Atout III : le scouting

Si Vandereycken a pu faire ces trouvailles, c’est parce qu’il dispose d’une équipe de scouting bien organisée. Les performances des joueurs belges évoluant à l’étranger sont passées au peigne fin. Lorsqu’on part assister à un match hors-frontières, on croise régulièrement un scout de l’Union Belge.  » Et René veut un rapport détaillé dès le lundi matin ! « , nous a récemment confié l’un d’eux. Les avis de ces hommes ont plus de valeur que nos impulsions, basées sur des images furtives de la télévision, sur des rumeurs qui circulent ou même… sur des préjugés.

On est sous le charme des images diffusées par Match 1 le samedi soir. La saison dernière, lorsque Genk trônait en tête du championnat, on réclamait HansCornelis et TomSoetaers. On n’en parle plus aujourd’hui. S’est-on, un jour, demandé si Cornelis parviendrait, en cas de sélection, à prendre la mesure de CristianoRonaldo avec autant de facilité qu’il le faisait avec, par exemple, JefDelen de Westerlo ? On réclamait aussi SébastienPocognoli. Cet été, le Liégeois de Genk a choisi d’émigrer à l’AZ parce qu’il s’agissait, à ses yeux, d’un pas en avant raisonnable et parce qu’une place se libérait à l’arrière gauche suite au départ de TimDeCler pour Feyenoord. Poco a entamé la saison sur le banc à Alkmaar : sa place à l’arrière gauche a été prise par BarryOpdam, un arrière central que l’on a fait glisser sur le flanc. Il est, aujourd’hui, devenu titulaire mais en… milieu de terrain. Vandereycken avait-il tort de considérer qu’il n’était pas encore prêt ?

Cette saison, parce que La Gantoise fut l’équipe du début de championnat, on réclamait GuillaumeGillet et ChristopheGrégoire. Les deux Liégeois de Gand ont reçu leur chance contre la Finlande, le mois passé. L’ont-ils saisie ? On leur fera cadeau d’une première sélection, mais on ne peut pas dire qu’ils aient eu un impact phénoménal sur le jeu.

Et puis, il y a le gardien. StijnStijnen ne plaît pas à beaucoup de personnes, pour diverses raisons, mais il a rarement déçu sous le maillot des Diables Rouges. Qui d’autre pourrait-il prétendre à une titularisation ? Il y a, certes, LoganBailly, mais il reconnaît lui-même avoir commis des erreurs lors de l’Euro Espoirs alors qu’il affrontait des jeunes de 21 ans. OlivierRenard ? MichelPreud’homme lui a récemment préféré AndrésEspinoza. Silvio Proto ? Il est barré par Daniel Zitka à Anderlecht. On pourrait se demander pourquoi, à l’image de ses prédécesseurs, Vandereycken snobe JeanFrançoisGillet, qui reçoit toujours des bonnes notes dans la presse italienne, mais il joue en Série B et on n’est pas sur place pour juger. YvesMakabuMaKalambay ? On reçoit régulièrement des échos de ses exploits dans les buts d’Hibernian, mais un journaliste écossais nous a récemment confié que, s’il réalisait des prouesses, il était très irrégulier. On critique aussi le choix Brian Vandenbussche comme troisième gardien. Qui d’entre nous voit régulièrement Heerenveen à l’£uvre ? Cette équipe est européenne chaque année et a encore battu le PSV Eindhoven, pas plus tard qu’il y a dix jours.

Atout IV : les circonstances atténuantes

Kompany s’est blessé lors du premier match contre le Kazakhstan, et a été absent durant la quasi-totalité de la campagne. Dembelé a écopé d’un carton rouge deux mois plus tard, lors du match contre l’Azerbaïdjan, et a été suspendu pour trois rencontres. WesleySonck s’est longtemps morfondu sur le banc de Mönchengladbach. On a vu, lorsque ces joueurs étaient de la partie, ce qu’ils pouvaient apporter.

La plus belle fille du monde ne peut donner que ce qu’elle a. On se plaint régulièrement de la faiblesse du championnat de Belgique. Peut-on, alors, attendre monts et merveilles des Diables Rouges ? Et peut-on donner tort à Vandereycken de privilégier les footballeurs qui jouent à l’étranger ? Mais, même là, on n’est pas riches. On a trois Belges en Ligue des Champions : TimmySimons (PSV), GabyMudingayi (Lazio) et… TomDeMul (FC Séville). Quatre, si l’on inclut OnderTuraci (Fenerbahçe), qui peut aussi entrer en ligne de compte. Les autres jouent, au mieux, en Coupe de l’UEFA. Quand ils jouent…

Les Diables Rouges ont loupé leur troisième qualification d’affilée pour un grand tournoi ? Certes, mais Vandereycken n’est responsable que d’un seul échec. Lors des qualifications pour 2004 et 2006, AiméAnthuenis était aux commandes.

par daniel devos – photos: reporters

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