Pour moins de 10.000 t’as plus rien

Quand t’as rien à foutre, joue au foot. Le vrai. Pas le virtuel. Pas celui vautré dans le canapé à mâcher des chips en buvant des boissons sucrées. Non seulement tu seras en meilleure santé mais, en plus, tu auras beaucoup plus de chances de gagner à  » Qui veut gagner des millions grâce au ballon ? « . Le talent inné n’est qu’un leurre. Ce qui compte, ce sont les heures. Les heures qui, avec la passion, te semblent des minutes. On ne naît pas avec un cerveau ou de l’ADN de footballeur pro. Les études le prouvent, c’est la pratique et la répétition des gestes qui permettent la maîtrise technique. De ton corps, de celui des autres, de ton esprit et surtout du ballon. La théorie des 10.000 heures est une référence dans tous les domaines qui touchent à l’art, à la création. Faire ses gammes encore et toujours fait la différence.

Le golfeur Rory McIlroy, plus jeune vainqueur de l’US Open depuis 1923, a commencé le golf à l’âge de 18… mois. A 2 ans, il drivait à plus de 6 mètres. En musique aussi la précocité et l’assiduité font la différence. Le psychologue Anders Ericksson a démontré avec des violonistes que ce qui fait la différence entre les solistes, les accompagnateurs d’orchestres et ceux qui ne deviendront  » que  » professeurs, sont les heures de pratique : 10.000 pour les top, 8.000 pour les très bons et 4.000 pour les bons. En foot, c’est la même chose : un jeune de 18 ans qui sort de la Masia, centre de formation du Barca, s’est entraîné deux fois plus qu’un jeune Anglais de 21 ans. Après, on s’étonne que l’équipe d’Angleterre ne gagne jamais rien. Surtout qu’en Premier League, y a pas beaucoup de place pour les jeunes Anglais.

Et puis, le business a pris le dessus. Pour payer la construction du  » New Wembley « , qui s’est avérée être un gouffre financier, la fédé anglaise a puisé dans les budgets consacrés à la formation. Bonjour l’ambition. Et puis, y a aussi le contexte. Quand t’as pas grand-chose, tu te contentes de peu. Les Africains sont des artistes du ballon. Jeunes, ils n’ont souvent qu’un bout de chiffon. Ils en font un ballon. Idem pour les Brésiliens. Et quand t’as appris sur le sable cela devient vachement plus facile sur du gazon. En plus, ils jouent tous au mini-foot. Petit espace, donc penser plus vite, dribbler plus court. Moins de joueurs, donc plus souvent le ballon. Jusqu’à six fois plus qu’en foot. On le sait, la Masia s’est beaucoup inspirée de l’Ajax. Tonton Johan est passé par là. La Hollande, là aussi, ils ont longtemps eu une intelligence d’avance.

Steve McClaren, ex coach de l’équipe à la Rose, qui a entraîné et été champion avec le FC Twente adore raconter cette anecdote :  » Avant un match, j’expose la tactique de l’adversaire. Je demande à mon plus jeune joueur comment on devrait faire pour les contrer. Il m’a fait un exposé de 20 minutes. C’était mieux que celui que j’avais préparé. Je le félicite et il me répond qu’à l’âge de 8 ans, on lui apprenait déjà à analyser le jeu adverse.  » Sûr que si on leur apprenait aussi à gérer leur ego, les Oranje auraient déjà été Champions du Monde.

Beaucoup jouer est donc indispensable mais il y a un autre paramètre également primordial. Les  » enseignants « . Pour transmettre un savoir, encore faut-il savoir. Le constat est implacable. Il y a quelques années encore, le nombre d’entraîneurs licenciés UEFA en Angleterre était de 2.769. Ils étaient 17.000 en France, 24.000 en Espagne, 30.000 en Italie et 35.000 en Allemagne. Pas de secret dans tous ces pays, il y a beaucoup de monde pour former juste et, surtout, dès le plus jeune âge. C’est entre 8 et 10 ans qu’il faut, déjà, semer les graines. On ne naît pas tous sous la même étoile mais on peut, partout sur terre, rendre le ciel plus bleu. Avec un archet dans les mains, un ballon dans les pieds ou tout ce que le destin nous offre, c’est l’éducation qui sauvera le monde.

Un gars de 18 ans qui sort de la Masia s’est déjà entraîné deux fois plus qu’un jeune Anglais de 21 ans.

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