Pour le titre

Ce qu’ils ont joué

Anderlecht est champion d’automne avec 38 points sur 51 ; devançant le Standard de quatre unités. Avant le choc à Sclessin (6e journée), les éternels rivaux avaient récolté 13 points en 5 matches, les Mauves réalisant un nul à domicile contre Gand après avoir mené 2-0, les Rouches galvaudant deux unités à Roulers.

La victoire du Standard (2-1) dans le sommet a permis aux joueurs de Laszlo Bolöni de prendre trois points d’avance sur les hommes d’ Ariel Jacobs, avantage effacé dès la journée suivante avec la défaite de la bande à Steven Defour au Cercle Bruges (4-1) conjuguée à la victoire du Sporting (2-1) face à Mouscron. Cependant, au soir de la 8e journée, les Rouches reprenaient leurs distances en disposant de Mons (2-1) à domicile tandis qu’Anderlecht était laminé (4-0) à Zulte. La double victoire face à Malines (7-1) et au GBA (1-3) a permis à Anderlecht de prendre les devants grâce au 1 sur 6 réalisé par leur rival avec un partage blanc à Genk et une défaite surprise dans son stade contre un Charleroi pourtant en pleine crise. La semaine suivante, les joueurs de Sclessin repassaient devant en réalisant le même résultat au GBA (qui perdait deux fois consécutivement 1-3 chez lui, contre les deux grands, après avoir mené au score dans chaque match !).

Ensuite, résultat similaire (1-1) à Lokeren pour le Standard et à Bruges pour Anderlecht suivi d’une victoire à domicile pour les deux rivaux. C’est finalement lors des 14e et 15e journées que les Mauves ont fait le break avec un 6 sur 6 pendant que les Rouches étaient tenus en échec à Malines (0-0) et surpris à domicile par Zulte (1-2). Les deux derniers matches se sont soldés par autant de victoires pour les deux principaux candidats au titre.

Comparaison du rendement

D’aucuns s’accordent à dire que le Standard présente le meilleur onze et pratique le meilleur football mais les chiffres sont là, implacables : Anderlecht a 4 points d’avance et a inscrit 13 buts de plus (43-30) que les Rouches.

L’excuse de la coupe d’Europe est un peu facile car jouer des matches tous les trois jours est parfaitement réalisable pour des pros. Il faut plutôt expliquer le retard du Standard par certaines lacunes au niveau mental d’où, chez certains peut-être, une moins grande motivation dans les petits matches.

4-3-3 pour Anderlecht et 4-4-2 pour le Standard

Jacobs utilise le 4-3-3 le plus souvent mais les indisponibilités de certains joueurs l’amènent à passer parfois au 4-4-2 voire au 4-5-1.

Boloni reste, quant à lui, fidèle au 4-4-2 qui peut par son animation, et par le choix des joueurs, se transformer en 4-3-3 et même en 4-2-4 avec Wilfried Dalmat et Milan Jovanovic très hauts sur les flancs.

La défense

Devant Daniel Zitka (principalement) et Aragon Espinoza, deux gardiens qu’il est inutile de vouloir comparer tant leurs styles sont différents, les deux équipes ont évolué toute cette première partie de saison dans un quatre en ligne, le plus souvent dans la compo-type du schéma ci-joint. Il y a bien eu quelques changements tactiques à ce niveau en cours de matches (quand le score était défavorable en fin de rencontre), mais la tendance générale est clairement expliquée dans le schéma avec des arrières d’ailes plus offensifs au Standard qu’à Anderlecht.

Défensivement, les deux équipes ont encaissé chacune 1 but par match (17 au total). Huit buts à domicile concédés chacun en neuf matches côté Anderlecht et en huit côté Standard.

L’entrejeu

Le coach anderlechtois a enfin pu aligner de concert, le trio Lucas BigliaGuillaume GilletJan Polak dans les derniers matches ; période où les Mauves ont fait carton plein et distancé les Liégeois. Ce trio (où Polak et Gillet s’infiltrent facilement) est probablement ce que l’on fait de mieux en Belgique au niveau de l’efficacité.

Du côté du Standard, le départ de Marouane Fellaini après trois matches a redistribué les rôles en milieu de terrain. Defour a évolué le plus souvent comme demi récupérateur et Axel Witsel s’est révélé soit un peu plus haut dans l’axe, soit légèrement décalé vers les flancs. A droite, Dalmat est le plus utilisé et de l’autre côté, Salim Toama a perdu sa place après quelques matches au profit d’un Jova, qui a le plus souvent occupé ce poste. Enfin, outre Witsel, Igor de Camargo a aussi évolué comme soutien d’attaque.

L’attaque

Le souhait de Jacobs a été d’employer Nicolas Frutos comme pointe axiale. Mais suite aux absences répétées de l’Argentin, le coach a utilisé bon nombre de joueurs à ce poste, pas toujours avec un rendement optimal. Mbark Boussoufa s’est le plus souvent positionné côté gauche et à droite, Jonathan Legear a régulièrement pris le dessus sur Thomas Chatelle.

Au Standard, l’entraîneur a toujours opté pour un duo, généralement choisi parmi Dieumerci Mbokani, de Camargo et Jovanovic.

Les deux triangles décisifs

Même si l’ensemble de l’équipe est naturellement responsable des résultats, il faut bien admettre que dans chaque club, un triangle a beaucoup d’influence sur la qualité du jeu produit et sur l’efficacité, notamment offensive. Du côté d’Anderlecht, le trio Biglia-Gillet-Polak a énormément d’impact sur le reste de l’équipe et ce triangle se limite à ces trois noms.

Au Standard, cette figure géométrique se situe beaucoup plus haut dans le jeu et est composée du soutien d’attaque et des deux attaquants ; ici, les noms varient en fonction des choix du coach !

L’avenir du Standard

Le Standard, dont le parcours européen est remarquable, a intérêt à moins gaspiller dans le deuxième tour, s’il veut conserver son titre. Le départ de Fellaini n’a pas porté préjudice en Coupe d’Europe mais qui peut affirmer que ce ne fut pas le cas en championnat ? Et que dire maintenant du transfert sortant de Dante ? Sera-t-il compensé par Landry Mulemo voire un nouvel arrivant ? Les arrivées de Sinan Bolat et de ChristianBenteke vont-elles améliorer fortement ce groupe ? Le Standard au complet avec une approche mentale au top est la meilleure équipe de Belgique, cela ne fait aucun doute. Cependant, le noyau est moins riche en profondeur que chez son rival et psychologiquement, certains jeunes ont peut-être du mal à gérer des matches à enjeu tous les trois jours.

Il faut aussi espérer pour les supporters que des offres intéressantes pour certains cadres ne soient pas déposées sur le bureau de Lucien D’Onofrio car l’un ou l’autre départ important signifierait sans doute la perte du titre.

De toute façon, le coach va devoir principalement doper son groupe moralement que le préparer physiquement ou tactiquement. Car le Standard ne pourra se permettre de perdre quelques points supplémentaires vis-à-vis des Mauves, au risque, même inconscient, de se concentrer plus sur la Coupe d’Europe. Bref, un Standard plutôt déforcé par rapport à son rival va devoir faire preuve de plus d’efficacité et être capable de répéter une bonne dizaine de fois des prestations telles que celle de Bruges (1-4) !

L’avenir d’Anderlecht

Le noyau du président Roger Vanden Stock a été renforcé. La perte de Zitka peut poser problème mais ce sera à Davy Schollen – voire à Michaël Cordier – de prouver qu’ils méritent leur chance. La défense voit l’arrivée d’un élément supplémentaire (en attendant d’autres transferts ?) en la personne du Hondurien Victor Bernardez, qui devra faire ses preuves dans un secteur où il y a pléthore. L’indisponibilité de Frutos, en début de deuxième tour, devrait être compensée par l’arrivée de Tom De Sutter qui, s’il retrouve son niveau du premier tour de la saison 2007-2008, sera une alternative voire un complément idéal au grand Argentin.

L’absence de Frutos est un manque pour Anderlecht même s’il n’a pas beaucoup joué ces trois premiers mois alors que ses équipiers ont quand même réalisé des résultats probants. Si le trio médian, Gillet-Polak-Biglia, est épargné par les blessures et que le dernier nommé retrouve son véritable niveau, il sera très difficile de déloger les Mauves du leadership. Les fidèles de Saint Guidon attendent de toute manière un football plus léché que fin 2008. Avec le noyau étoffé aux multiples possibilités mis à sa disposition, Jacobs a tout le loisir de faire jouer la concurrence et de modifier son système en fonction des événements. Il lui restera à gérer les égos car les mécontents risquent d’être nombreux…

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire