POUR LA VIE

Comme ses équipiers, le capitaine des Dragons doit retrouver le rythme de la D1.

1. Pourquoi aviez-vous décidé de rester à Mons en juin 2005 malgré la relégation et les nombreuses offres émanant de cercles plus huppés ?

Après avoir galéré en Angleterre, à Crystal Palace, j’avais décidé de revenir sur le continent, en France ou en Belgique. Quand je suis arrivé à Mons, j’ai été très bien accueilli et je trouve que l’on avait réalisé un très bon deuxième tour, malgré l’échec dans la course au maintien. Cela m’était d’ailleurs resté en travers de la gorge et je trouvais dommage de terminer mon parcours à Mons de cette façon. Je savais que mes managers avaient plusieurs contacts mais je leur ai tout de suite dit que j’allais d’abord écouter le discours du président. S’il m’avait dit qu’il fallait baisser le budget et que la remontée prendrait quatre ou cinq ans, je serais parti. Mais le président restait ambitieux…

2. Vous êtes un des rescapés de la dernière expérience en D1 et avez connu l’année en D2. Comment avez-vous vécu la différence entre les deux divisions ?

La D1, c’est quand même plus ouvert. En D2, les matches restent fermés. On le voyait bien lors de nos rencontres à l’extérieur. Quand cela se terminait sur le score de 0-0, nos adversaires étaient contents. En D1, on recherche la victoire… si on peut y parvenir. Tout va plus vite, le jeu est davantage posé et la moindre erreur se paie cash.

3. Vous aussi allez devoir retrou- ver vos repères…

Les deux premières rencontres furent loin d’être mes meilleures. Au Germinal Beerschot, j’avais déjà retrou-vé mes sensations. Il faut repenser autrement. Les centres arrivent plus tendus, les frappes plus puissantes. Cela demande de l’application et de la concentration.

4. Après six mois en D1, vous étiez parvenu à vous faire un nom. Suite à la descente, les gens vous ont un peu oublié. N’avez-vous pas l’impression que pour vous aussi, c’est un nouveau défi ?

Absolument. Dans le football actuel, tout va très vite. Vous pouvez faire une super saison et ensuite quatre ou cinq boulettes. Pouvoir sans cesse se remettre en question fait partie des qualités du footballeur. Il faut faire abstraction du passé pour se re-concentrer sur les matches suivants. Moi aussi, j’ai quelque chose à prouver dans ce championnat.

5. Vous êtes le capitaine de cette formation montoise. Comment appréhendez-vous ce rôle ?

Je fais partie de l’épopée depuis janvier 2005 et suis très fier de porter le brassard. C’est un rôle qui me va bien. J’ai une bonne relation avec l’entraîneur et ce n’est pas parce que je suis capitaine que je vais prendre mes coéquipiers de haut. Durant les tests, les dirigeants me demandaient mon avis, surtout pour savoir comment le joueur se comportait dans le vestiaire. Mon rôle consiste aussi à faire respecter le règlement intérieur et puis, il faut essayer de booster tout le monde le jour du match.

6. Quels sont les changements par rapport à l’équipe qui est descendue ?

C’est difficile à dire. En janvier 2005, l’équipe avait été remodelée et je trouve que la formation qui était descendue n’était vraiment pas mauvaise. On avait d’ailleurs pris énormément de points lors du second tour. Cette année, il y a plus de technique et de vitesse dans le jeu, avec Wilfried Dalmat qui va à 1.000 à l’heure, avec Momo Dahmane et Gilles Collin rapides sur les flancs. Sans compter Emmanuel Coquelet et Aziz El Khanchaf sur le banc. Enfin, il y a l’ambiance. En décembre 2004, quand je suis arrivé, le discours était négatif. – On va descendre. Combien va-t-on s’en prendre aujourd’hui ?, entendait-on dans le vestiaire.

7. Mons en est à quatre points sur 12. Est-ce un bilan qui respecte le tableau de marche ?

On aurait pu espérer mieux. Au moins trois points en plus. Au Germinal Beerschot, on s’incline dans les derniers instants et chez nous, contre Westerlo, nous aurions mérité les trois points. Cependant, ce n’est pas catastrophique. On dispose d’une équipe jeune en train de se forger un caractère. On est au début d’une saison que l’on doit rendre palpitante.

8. Pourtant il y a encore certaines lacunes…

Tout le monde a pu les apercevoir. Tous nos buts encaissés, à part celui de Peter Utaka de Westerlo, tombent sur phases arrêtées. Déjà en D2, on connaissait ce problème. On peut avoir le match en main et le perdre en une action. Il y a un manque de communication et de détermination et on n’est pas concentré à 100 %. Cela se travaille et on essaye de trouver des solutions. Moi aussi. Je vais essayer de prendre mes responsabilités en sortant plus souvent.

9. Vous avez trouvé la stabilité à Mons. Si d’autres clubs vous offrent un pont d’or, êtes-vous prêt à refaire vos valises ?

Je n’ai pas l’impression d’être en pays étranger, ici, même si j’habite à 100 km, près de Lens. Il me reste qua-tre ans de contrat et c’est très bien comme cela. Je n’ai pas d’ambitions personnelles. Je ne m’en cache pas : je gagne très bien ma vie, ici. Du moins assez pour être heureux et ce n’est pas avec un salaire deux fois plus élevé que je serai plus heureux. Je partirai de Mons le jour où on ne voudra plus de moi.

10. Vous conservez des bons souvenirs de vos expériences passées ?

On sort tout le temps grandi de ses expériences. Quand je suis parti de Lens pour Valence (en National) et que j’ai été écarté après quatre matches, ce fut dur. Car à Lens, on vivait dans un cocon et on n’était pas préparé à galérer. En Angleterre, j’ai explosé et je me suis vraiment éclaté… du moins au début. Les gens vivent pour le foot à 200 %. Les stades sont remplis. La D2 anglaise, c’est mieux que la L1 française. A Mons, on n’a pas la même ambiance et c’est vrai, qu’en tant que joueur, connaître un stade rempli (comme contre Bruges, un de nos derniers matches en D1 avant la relégation ou la saison passée contre La Louvière, en Coupe), c’est enivrant. Après, quand c’est plus calme dans les gradins, on a du mal à s’y habituer. Si Mons arrive à retrouver 8.000 spectateurs chaque semaine, ce serait déjà bien. Il faut dire que nos supporters n’ont pas encore de tribune couverte. Quand il pleut ou quand il neige, ce n’est pas super sympa.

STÉPHANE VANDE VELDE

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