Pour jouer au Standard, il faut être payé en conséquence

Annoncé chez les Rouches, le Bruxellois a rompu les ponts avec le club principautaire et a finalement signé au Lierse. Explications sous forme de monologue.

J oeri Dequevy :  » Les premiers contacts avec le Standard remontaient au mercato de janvier. Le club de Sclessin désirait me signer sur-le-champ, mais moi je n’étais pas pressé de quitter Roulers. Par correction envers le club d’abord où je me sentais bien et où l’on comptait sur mes services pour assurer le sauvetage en fin de saison. Et puis, pour ne pas le cacher, parce que je savais pertinemment bien aussi que j’étais dans le viseur d’autres représentants de D1. Et non des moindres, car Anderlecht, qui m’avait formé autrefois, souhaitait me récupérer également. La Gantoise, le Germinal Beerschot, le Club Bruges et le Racing Genk étaient des options aussi. Dès lors, je ne voulais pas prendre de décision hâtive mais mûrement réfléchir à la tournure que j’allais donner à ma carrière.

Jusqu’aux play-offs, mon ex-manager, Eric Depireux, m’a tenu au courant de l’intérêt des divers candidats acquéreurs. Le Standard se manifestait à intervalles réguliers et Anderlecht voulait aussi être tenu au courant de ma situation. Les Rouches furent finalement les premiers à faire une offre concrète en début de printemps : fixe, primes diverses, voiture, appartement, etc. Je savais déjà, à ce moment-là, à quoi m’en tenir exactement avec eux. Sur tous les plans c’était alléchant. Mais j’estimais qu’il était encore trop tôt pour me décider. De fait, j’avais toujours le Sporting en tête à ce moment-là. Quelques mois plus tôt, le nom de Jelle Van Damme avait été mis en rapport avec le Standard et je me disais, à raison, qu’il n’irait peut-être pas au bout de son contrat. Sans compter que sur le même flanc gauche, l’avenir de Mbark Boussoufa était toujours incertain aussi.

J’avais vu juste car au moment d’aborder la deuxième phase de la compétition, les Mauves sont revenus à la charge. Si on en est resté là, c’est pour deux raisons. D’une part, les dirigeants étaient dans l’expectative quant aux contours du noyau pour la saison à venir. Ils étaient à la fois désireux de m’engager, au même titre que Kevin De Bruyne, mais ils se rendaient parfaitement compte que notre temps de jeu risquait d’être très limité si aucun des gauchers ne quittait le club. Herman Van Holsbeeck joua cartes sur table en me disant que dans ce cas je serais sans doute prêté. Idem, d’ailleurs, concernant le médian de Genk. Je n’avais toutefois ni envie de faire banquette ni d’être prêté ailleurs. Je voulais absolument jouer et je n’avais pas cette garantie au Parc Astrid. L’autre problème, c’est que la direction roularienne avait mis ma tête à prix pour 750.000 euros. Et à ce tarif-là, Anderlecht n’était pas preneur. Il voulait bien aller jusqu’à 600.000 mais rien de plus. De toute façon, ça ne faisait pas mon affaire, puisque je n’étais pas sûr de jouer. Du coup, j’ai gommé les Mauves de mes pensées.  »

Des conditions rabotées de 30 %

 » Après Anderlecht, ce fut au tour des Rouches. Et Depireux m’avisa un beau jour que les Liégeois étaient parvenus à un terrain d’entente avec Roulers concernant une indemnité. Comme nous avions déjà défriché le terrain quelques mois plus tôt quant aux données chiffrées de mon contrat, je pensais que l’affaire serait rapidement réglée. Mais au bout de 6 mois, j’étais subitement confronté à un nouveau son de cloche. Dans la mesure où le club avait loupé les play-offs 1 ainsi qu’une qualification européenne, il se disait obligé de revoir certains montants à la baisse. J’aurais compris qu’il rabote un peu par-ci par-là, mais au final, l’amputation était de 30 % à peu de choses près. Subitement, je devais renoncer à ma prime à la signature. Il me fallait aussi payer mon propre logement. Quant à une voiture mise à ma disposition par le club, il n’en était plus question non plus. Et alors que je faisais figure de valeur sûre au moment des premiers pourparlers, les responsables du club évoquèrent un prêt, car ils n’étaient pas certains de pouvoir se séparer de Wilfried Dalmat ou Grégory Dufer. On était loin des promesses formulées au tout début. J’avais l’impression qu’ils considéraient que c’était un véritable honneur, pour un jeune Belge, de jouer pour eux. Désolé, mais je ne mange pas de ce pain-là. Si je joue au Standard, je veux être payé en conséquence aussi.

Mon ex-manager était d’avis que je ne devais pas faire la fine bouche. A ses yeux, une occasion comme le Standard n’allait pas se représenter de sitôt. D’après lui, c’était d’ailleurs la seule possibilité pour moi, dans la mesure où tous les autres clubs avaient prétendument décroché. Je trouvais cela bizarre car j’étais encore bien vu auprès de tout le monde quelques mois plus tôt. Sur l’instant, j’ai vraiment eu l’impression que Depireux voulait me pousser à tout prix vers les Rouches. En tant que Liégeois pure souche lui-même, je comprends que ce club l’interpelle. D’autant plus que son père en fut l’une des vedettes autrefois. Me caser à Sclessin, c’était aussi une manière pour lui d’avoir un pied dans l’étrier là-bas, vu que la concurrence entre managers est grande à Liège. Mais moi, je n’étais pas disposé à accepter n’importe quoi. Et surtout pas que mes conditions soient revues à la baisse à ce point-là. Trop, c’est trop.

Après un week-end de réflexion en famille, j’ai décidé de rompre à la fois les ponts avec le Standard ainsi qu’avec mon homme de confiance. Autant j’ai flashé sur les Rouches à un moment donné, autant j’ai été déçu après coup par l’attitude de certaines personnes. Pour ce qui est de Depireux, je lui serai toujours reconnaissant pour tout ce qu’il a fait pour moi ces dernières années. Mais, je ne pouvais pas le suivre sur ce coup. Une séparation était donc inéluctable.  »

Pas question d’un rôle de doublure

 » J’ai lu dans les journaux que c’est l’argent qui avait fait capoter mon transfert. C’est une demi-vérité. Pour moi, il n’est quand même pas logique qu’un club comme le Standard n’offre pas de meilleures conditions financières que le Lierse ou même encore Lokeren. Sans parler d’Utrecht. Mais davantage encore que les données chiffrées, c’est la manière dont j’ai été traité qui ne m’a pas plu. Du coup, je ne me voyais plus au Standard. Pour moi, c’était terminé. L’histoire d’amour entre nous n’aura été qu’un feu de paille. Depuis, mon avenir est entre les mains de Jacques Lichtenstein. Non pas parce que j’espérais me rapprocher d’Anderlecht, comme on pourrait le croire. Avec l’engagement de Jan Lecjaks et la probable venue de Mahmoud Shikabala, ma chance est passée là-bas. Et puis, de toute façon, je ne veux pas me contenter d’un rôle de doublure. J’ai eu la chance d’être incontournable à Roulers et j’entends que cela continue, même si je dois évoluer dans un club du sub-top comme le Lierse plutôt qu’au sommet. A mon âge, je dois de toute façon encore étoffer mon registre. Le haut du panier, ce sera pour plus tard. »

par bruno govers

Autant j’ai flashé sur le Standard à un moment donné, autant j’ai été déçu par certains.

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