Si le nouveau coach a gagné grâce à un cocktail de bol et de choc psychologique, il veut apporter sa patte sur le futur.

La carrière mouscronnoise d’ Ariel Jacobs a commencé de la même manière que sa carrière louviéroise : par des coups de sifflet.  » Ce n’est jamais gai d’être limogé et de se retrouver à la maison, sans club, mais je dois reconnaître que je me sentais mieux il y a 15 jours que samedi passé, sur le coup de 20 h 45 « , affirme-t-il.  » Tout ce qui pouvait aller mal… allait mal. Les joueurs étaient stressés alors que, durant la semaine, je les avais trouvés relativement décontractés. Je ne retrouvais pas chez eux cet enthousiasme qui était encore perceptible… à l’échauffement d’avant match. Offensivement, on ne se créait pas d’occasions. Et défensivement, alors que j’avais demandé de laisser le moins d’espace possible aux adversaires, c’était le laxisme le plus complet. Au marquoir, c’était 0-2 « .

Dans les travées du Canonnier, chacun faisait ses comptes : les rivaux directs étaient tous en train de prendre des points et l’Excelsior se retrouvait barragiste, avec la perspective d’un déplacement à Anderlecht à l’horizon. Les Hurlus présentaient tous les symptômes d’une équipe de bas de classement : rien ne tournait, et le seul but qu’ils étaient parvenus à inscrire fut (justement) annulé pour hors-jeu.

Puis, subitement, tout a changé.  » J’ai un peu secoué les joueurs dans le vestiaire « , poursuit Jacobs.  » J’étais persuadé qu’un but était toujours susceptible de tomber, mais je n’imaginais pas que ce serait de cette manière. Je ne sais pas s’il faut parler de miracle, mais cela y ressemble. Le gardien Robert Giacomi nous a bien aidés. Comme par enchantement, on a retrouvé le moral, on est allé de l’avant, on s’est créé des occasions… et on a fini par gagner « .

Les conclusions que l’on pouvait tirer après 90 minutes étaient exactement à l’opposé de celles que l’on pouvait tirer après 45 minutes : l’Excel ne présentait plus aucun symptôme d’une équipe de bas de classement. Au contraire, tous les éléments ont joué en sa faveur : il a pu rencontrer un rival direct à un moment où celui-ci était privé de quatre défenseurs et de son gardien titulaire, blessés ; il a eu la chance d’inscrire un but sur une occasion qui n’en était pas une ; et son gardien Mark Volders, encore cloué au lit la veille, a détourné dans les dernières secondes un envoi de Kristof Lardenoit qui prenait la direction de la lucarne, alors que le marquoir indiquait 3-2. Sur la contre-attaque, Adnan Custovic allait faire 4-2.

Faut-il parler de choc psychologique pour autant ?  » Vous savez, lorsque j’ai été viré à Lokeren, on avait aussi parlé de choc psychologique… et jusqu’à présent, je n’ai toujours rien constaté « . Toujours amer à propos de son licenciement, Jacobs. Mais lucide également. Conscient que, samedi, le seul choc psychologique qui s’est produit a été provoqué par Giacomi. Jacobs a simplement eu le brin de chance qui s’était refusé à son prédécesseur les semaines précédentes.  » Aussi serait-il bon de dédier cette victoire à Gil Vandenbrouck « , conclut-il.

Jacobs avait remporté sa dernière victoire avec Lokeren… contre Beveren et a remporté sa première victoire avec Mouscron… contre Beveren également. L’avenir nous dira si ces trois unités serviront de déclic pour conquérir d’autres succès.

Par petites touches

Jacobs aurait déjà dû devenir l’entraîneur des Hurlus en mai.  » En fait, les premiers contacts remontaient à bien plus longtemps encore. L’Excel s’était déjà enquis de ma situation auprès de JosVaessen, durant mes six premiers mois à Genk, mais le président limbourgeois avait refusé de me libérer. Mouscron est revenu à la charge en avril 2006. Je pouvais signer un contrat de trois ans et j’avais marqué mon accord… avec une seule réserve : l’obtention de la licence « .

Dix mois plus tard, Jacobs a donc finalement atterri là où il avait été pressenti :  » Avec cette différence que, cette fois, j’ai seulement signé pour six mois plus deux ans en option, en fonction du maintien « .

Il a, dans un premier temps, observé sa nouvelle équipe à Roulers :  » L’Excel a les défauts de ses qualités : c’est une équipe capable de bien jouer au football, mais qui manque de réalisme à tous les niveaux. Que ce soit en attaque ou en défense. Pour remédier aux lacunes, j’ai travaillé par petites touches. Je ne peux pas dire que je me suis focalisé sur un seul thème. Au niveau de la condition physique, il y avait peu à redire. Il y avait peut-être un problème tactique et certainement un problème mental. J’ai eu des discussions individuelles avec plusieurs joueurs et, surtout, des discussions de groupe. J’ai commencé par l’évaluation du match à Roulers. J’ai enchaîné par la définition de l’objectif à atteindre, à savoir le maintien. J’ai encore eu deux autres discussions tactiques, plus spécifiques, durant la semaine. Et j’ai terminé par la présentation de l’adversaire. Mais, vu le manque de temps, aucun point n’a pu être travaillé en profondeur « .

Premier changement visible : le planning des entraînements. Les séances du jeudi et du vendredi ont désormais lieu l’après-midi et plus le matin.  » Parce que les joueurs sortent d’une double session les mardi et mercredi. Je préfère, dès lors, qu’ils dorment un peu plus longtemps et viennent faire soigner leurs éventuels bobos avant de recommencer le travail. En outre, en fixant l’entraînement l’après-midi, on se rapproche de l’heure du match « .

Contrairement à l’habitude, les titulaires et les réservistes ont été mélangés lors de la dernière séance d’entraînement :  » Le but n’était pas de brouiller les cartes, mais de veiller à ce que tout le monde se sente concerné. Personnellement, j’avais déjà mon 11 de base en tête depuis le mercredi. Ma tactique également. Je n’avais pas l’intention de tout révolutionner, mais d’effectuer l’un ou l’autre glissement ou repositionnement « .

Objectif 35 points

Concrètement, cela donnait quoi ? Au niveau de la composition de l’équipe, Alexandre Teklak a fait les frais de l’arrivée de Mathieu Assou-Ekotto. Devant, Bertin Tomou (suspendu à Roulers) retrouvait sa place aux côtés de Custovic. Au niveau du dispositif ? Sur papier, un 4-4-2 mais avec Mickaël Niçoise (sur le flanc gauche) plus avancé que Paco Sanchez (sur le flanc droit). Donc, en pratique, quasiment un 4-3-3. Ce l’est devenu totalement lorsque l’Excel a été mené. Au niveau des changements ? L’entrée au jeu, à la mi-temps, de Jean-Philippe Charlet à la place d’un Kevin Hatchi fort imprécis. Puis, celle d’ Alioune Kebe à la place de Tomou, poste pour poste. Et enfin, à 3-2, celle de Teklak à la place de Niçoise, pour se re-disposer en 4-4-2 et préserver le résultat. Bref, rien de révolutionnaire, en effet. Mais, contrairement aux semaines précédentes, la victoire fut au rendez-vous.

L’objectif, désormais ? Jacobs l’a défini davantage en termes de points que de classement.  » Les écarts sont tellement serrés que le classement ne signifie rien. Actuellement, l’équipe classée 10e n’est pas plus à l’abri que celle classée 16e. Je préfère donc fixer comme objectif la barre des 35 points. Peu importe où et comment on les prendra « .

DANIEL DEVOS

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