Pour clôturer nos JO

La Belgique du foot sort contente des Jeux, ses Diablotins s’y sont bien comportés, sauf sur la fin. Et la Belgique du sport sort contente elle aussi, ses athlètes féminines ont sauvé la mise, en glanant au bon moment l’argent puis l’or : c’est-à dire sur la fin, alors que le classement des médailles allait nous engluer dans la rougeur honteuse et la morosité. Toute la Belgique cocardière est donc finalement fière de l’arbre belge,… savoir s’il cache une forêt malingre est une autre histoire ! Et ceux du Nord sont un peu plus contents que nous, c’est bien normal, Tia Hellebaut est aussi flamande que JustineHenin fut wallonne,… nous ne nous sommes pas privés pour plastronner wallon via Juju voici quatre ans !

Mais ce qui est plus comique, c’est notre facilité – et en disant nous, je pense aux footeux mâles des deux langues – à soudain nous extirper du football des hommes pour nous intéresser aux sportives belges… si et seulement si elles tutoient les sommets du sport médiatisé ! Le foot que nous idolâtrons, nous le regardons à peine quand les stars olympiques n’y sont que des footballeuses allemandes ou américaines. Le saut en hauteur féminin, que nous n’avons jamais suivi, que nous méconnaissions au point de ne pouvoir citer aucune star internationale de la discipline, voilà soudain que nous nous y rivons parce qu’une compatriote a placé haut la barre !

D’où trois grandes questions face auxquelles je demeure à quia : serions- nous machos davantage que footeux ? Serions-nous chauvins davantage que machos ? Et pourquoi les compétitrices belges sont-elles plus performantes que leurs homologues masculins ?

Durant ces JO, j’ai tout vu des Diablotins et rien vu du foot féminin ! Pas même Fatmire Bajramaj, qui m’avait pourtant shooté dans l’£il lors du récent Belgique-Allemagne d’Eupen ! Pas même la finale, au point que j’ignorais avant ce papier que les Américaines y avaient battu les Brésiliennes ! J’ai honte, et pas seulement de mon machisme, mais aussi d’aimer davantage le foot le moins clean… car le foot des hommes est largement plus pourri, plus brutal, plus tricheur : en Chine, les mâles se sont fait exclure 17 fois en 32 matches,… alors qu’il n’y eut aucun carton rouge durant les 26 matches du tournoi féminin !

Constat qui me fait rebondir sur la problématique de l’exclusion, tant celle-ci devient fréquente. Aux Jeux – et les Diablotins ont vécu avers et revers de la pièce – grosso modo 50 % des matches ne se sont pas déroulés durant 90′ en égalité numérique. Et l’inégalité numérique tape sur les nerfs : elle fausse le déroulement d’une partie, d’autant que les cartons rouges sont parfois (souvent) discutables, d’autant qu’ils peuvent se ramasser tôt dans le match. Si l’exclusion était un fait rarissime, elle serait supportable comme l’est le Destin. Mais si elle se met à survenir lors d’un match sur deux, elle va devenir un GROS problème passionnel, un gros motif d’aigreur au moment où se ruminent les échecs… et le foot se passerait bien de cela ! Sans compter qu’une même faute punie d’un même carton rouge n’amène pas la même sanction, exemple Thomas Vermaelen : exclu au quart d’heure contre l’Italie, il est privé de 75+90=165′ de jeu,… alors qu’un gars commettant strictement la même faute à la 85e ne sera privé que de 95′ de jeu ! C’est injuste, ça fait deux poids/deux mesures ! Je sais que ça engendrerait des comptes d’apothicaire, mais la logique imposerait que Vermaelen puisse entrer au jeu dès le quart d’heure du match suivant. Non ? Le débat est ouvert dans vos buvettes.

Nos Diablotins furent évidemment héroïques face à l’Italie, vu que l’héroïsme en football est la sentence immanquable d’une victoire à dix contre onze,… voici donc mes médailles personnelles aux héros en question !

L’or pour Moussa Dembélé, nous n’avons plus eu de manieur de ballon de ce niveau depuis Robbie Rensenbrink qui n’était pas à nous. Rappel à propos de Dembélé, et quelle que soit l’irritation que suscite René Vandereycken : faut mettre au crédit du coach national de nous l’avoir fait découvrir dès mai 2006, un an avant l’Euro 2007 des Diablotins de Jean-François de Sart !

L’argent pour Jan Vertonghen,… et je me dois de révéler aux jeunes que ce gars est le clone parfait de VDE/joueur, lequel était dans son genre un footballeur fantastique,… fantastiquement utile en tout cas !

Le bronze pour Tom De Mul, j’ai découvert trois poumons, virevoltants sur leur flanc. Last and least, le plomb pour Anthony Vanden Borre qui, s’il continue à penser que le foot ne se joue qu’avec les pieds, finira n°10 de génie à Oud Heverlee Leuven, où le coach le dispensera de penser en perte de balle : j’irai l’y voir parce qu’il a des gestes, on peut être à la fois talentueux et médaillé d’or du gâchis…

par bernard jeunejean

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