Elle tient plus de la bête que de la belle mais elle est la reine des courts. Serena Williams a pendu des posters d’elle-même dans sa chambre, son refuge, comme elle dit. « C’est là que se trouve mon miroir ».

L’Open d’Australie n’est pas le tournoi préféré de Serena et Venus Williams. Il vient top tôt. A ce moment, l’hiver règne sur l’Ouest. Durant cette saison, les soeurs prennent leur sport par-dessus la jambe. Le tennis n’est pas à leur ordre du jour.

Généralement, leur inactivité leur coûte cher à Melbourne. Elles ne sont pas invincibles, pour peu que leur condition physique ne soit pas parfaite. Leur niveau technique n’est pas des plus éblouissants. Il y a quelques mois, dans une interview, Carl Maes, l’ancien entraîneur de Kim Clijsters, l’a suggéré. Entre les lignes, et en exagérant, bien sûr, on pouvait lire que le style de Serena et de Venus Williams n’est vraiment pas terrible. Elles manient la raquette comme si elles chassaient les mouches. La coordination des bras et des jambes? Elle constitue parfois une caricature des règles le plus élémentaires de la technique tennistique. Elles compensent leurs carences par leur puissance physique. Las, cette puissance leur fait traditionnellement défaut en Australie: elles ne se sont pas encore assez entraînées. Du coup, à Melbourne, elles retrouvent un brin d’humanité.

En ira-t-il différemment cette fois. Elles n’ont pas été avares de déclarations dans lesquelles elles prétendaient qu’elles avaient l’intention de mieux préparer l’épreuve australienne. Mais en automne, elles ont été en proie à la fatigue et/ou à des blessures. Leur tennis est évidemment physiquement très exigeant… Elles ont fait l’impasse sur des tournois et ont perdu plus souvent qu’elles n’en ont l’habitude. Rappelez-vous la façon dont Kim Clijsters s’est jouée de Serena en finale des Masters à Los Angeles, devant le public des deux soeurs, par-dessus le marché.

Peut-être Serena et Venus Williams ont-elles tiré les leçons de la saison passée: elles ne peuvent maintenir pareil niveau toute une année. Elles doivent donc mieux doser leurs efforts, se fixer des objectifs. On peut douter qu’un sportif contraint à ce raisonnement ait le pied lourd avant même que la saison commence. Il est donc fort probable qu’elles se présenteront bientôt à down under fragilisées.

C’est particulièrement flagrant dans le cas de Serena. Née le 26 septembre 1981, numéro un mondial, elle s’est trouvé un autre centre d’intérêt. Madame se découvre une vocation d’actrice. Elle y croit vraiment. « J’ai le cinéma dans le sang. J’en fais depuis que je suis gamine. Tout le monde trouve que je me comporte avec beaucoup de naturel devant une caméra. J’ai engagé un professeur privé afin de parfaire mon talent ».

Elle s’est déjà prêtée à un premier rôle, en attendant. Elle campe le personnage d’une bonne d’enfants sévère dans le téléfilm My Wife and Kids, produit par la chaîne américaine ABC.

Il n’est pas exclu non plus que le divorce de leurs parents ait une influence négative sur Serena et Venus (née le 17 juin 1980, numéro deux mondial). Richard et Oracene Williams sont séparés depuis un an et demi, même s’ils conservent leur harmonie quand ils suivent les exploits de leurs deux cadettes (ils ont cinq filles). Le divorce a été prononcé en novembre. Richard s’est abstenu de tout commentaire, ce qui n’est pas dans les habitudes de ce braillard.

Il faut aussi nuancer les déclarations selon lesquelles les soeurs Williams dominent le tennis comme nulle autre avant. Ce qui les distingue, en fait, c’est leur lien familial. Voir deux soeurs occuper les deux premières places du classement mondial est en effet du jamais vu. Prises séparément, elles ne méritent pas encore le qualificatif « historique ». D’accord, Serena a remporté les trois tournois précédents du Grand Chelem (Roland Garros, Wimbledon, US Open). Mais sept joueuses ont réussi cet exploit avant elle: Helen Wills (1928, 1929), Maureen Connoly (1953), Margaret Smith (1970 ), Billie Jean King (1972), Martina Navratilova (1983, 1984) et Steffi Graf (1988, 1993, 1995 en 1996) ont également gagné trois tournois du Grands Chelems en une saison. Connoly, Smith et Graf ont même fait mieux et ont raflé le Grand Chelem.

Ben Herremans

« J’ai le cinéma dans le sang: je suis très naturelle face à une caméra »

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