Portrait Pete Sampras

A tout juste 30 ans, Pete Sampras n’a pas fini de faire parler de lui. D’ailleurs, il y a fort à parier que ce ne sera jamais le cas, même longtemps après avoit raccroché sa raquette pour de bon. Car à l’instar de Borg, McEnroe ou Connors, l’Américain est déjà passé à la postérité comme étant un joueur d’exception.

Il est facile de cerner Pete Sampras: il suffit de rappeller sa victoire à l’US Open 1990 alors qu’il n’était qu’un jeune espoir du tennis US, ses 12 autres titres du Grand Chelem qui en font le recordman absolu en matière de victoires majeures, ainsi que ses six années consécutives achevées à la première place mondiale.

Maître absolu dans le jeu si spectaculaire et si risqué du service-volée, il n’a cessé tout au long de sa carrière de faire parler son tennis et lui seul. Pareille attitude lui fut reprochée une année à Wimbledon lorsque la presse anglaise, toujours avide de titres accrocheurs, l’affubla de l’adjectif boring.

Ennuyeux, Sampras le fut peut-être lorsqu’il vint commenter certaines de ses victoires. Encore qu’il y a là matière à redire. Contrairement à beaucoup de ses congénères aux discours aseptisés, l’ex numéro un mondial était (et est toujours) quelqu’un d’intéressant à écouter. Sans doute l’expérience aidant l’est-il davantage aujourd’hui.

Né à Washington le 12 août 1971 parce que Georgia et Sam, ses parents, travaillaient alors comme ingénieurs au ministère de la Défense, c’est à Palos Verdes, en Californie que Sampras passe une grande partie de sa jeunesse.

Le tennis, il le découvre à l’âge de sept ans. Son idole? Rod Laver dont il ne cesse de se repasser les cassettes de ses matches. Pourquoi le tennis? Parce qu’à l’exception de Marion, la cadette, l’ensemble de la famille le pratique. Stella est aujourd’hui responsable de l’équipe féminine de tennis à l’université de Los Angeles et Gus, le frangin, n’est autre que l’assistant du directeur du tournoi de Scottsdale.

En 1982, le jeune Pete a 11 ans lorsqu’il a l’occasion de frapper quelques balles en compagnie du célèbre Australien Laver, auteur notamment de deux Grands Chelems (en 1962 et 1969). On ne sait trop si c’est cette session qui l’inspirera de manière décisive, toujours est-il que Sampras décide, sous l’impulsion de Pete Fischer, son premier réel entraîneur, de changer radicalement de style. Son revers à deux mains devient un revers à une main et il abandonne son jeu de fond de court pour s’aventurer de manière presque systématique au filet.

Chez les juniors, il n’est qu’un espoir américain parmi beaucoup d’autres. Andre Agassi, Jim Courier, Michael Chang et David Wheaton lui donnent du fil à retordre et lorsqu’il décide de passer professionnel, à l’aube de la saison 1988, le monde du tennis ignore alors qu’il vient d’accueillir un champion hors normes.

L’ascension au firmament ne durera que deux ans. Le 12 février 1990, Sampras inscrit à Philadelphie le premier des 63 titres qui ornent à ce jour son palmarès. Suivront une victoire sur le gazon de Manchester et le triomphe à l’US Open où il bat successivement dans les trois dernières rencontres Ivan Lendl, John McEnroe et Agassi en finale. A 19 ans et 28 jours, Sampras est devenu du même coup le plus jeune vainqueur de l’histoire de l’Open américain.

Suivront trois autres victoires à New York (1993, 1995 et 1996), deux à Melbourne (1994 et 1997) mais surtout sept sacres sur l’herbe bénite du All England Club de Wimbledon (de 1993 à 1995 et de 1997 à 2000). En 13 participations, Pete Sampras n’a été battu que deux fois sur le mythique Centre Court: par Richard Krajicek en 1996 en quarts de finale et par Roger Federer l’année dernière au stade des huitièmes de finale.

Seul, en définitive, Roland Garros aura toujours échappé à son immense palmarès. En 1996, il fut toutefois très proche du trophée mais une chaleur écrasante et un tirage au sort particulièrement difficile (il disputa cinq sets face à des joueurs tels que Bruguera, Martin ou Courier) eurent raison de sa ténacité.

Le talent du maître est tellement évident qu’il est unanimement reconnu en 1997. Pete Sampras est qualifié de meilleur joueur de tous les temps par une centaine de joueurs actuels et anciens, des journalistes et des directeurs de tournois.

Marié à l’actrice Bridgette Wilson depuis septembre 2000, l’Américain n’a plus remporté le moindre tournoi depuis Wimbledon de la même année. On le dit successivement à cours de motivation, en panne d’inspiration ou en manque de condition mais l’homme est encore et toujours capable de produire du très bon tennis comme l’a prouvé le récent Open d’Australie où il ne fut éliminé que par un Safin au sommet de son art.

Aujourd’hui dirigé par l’Espagnol José Higueras dont la science de la terre battue a fait d’innombrables preuves, Sampras veut peut-être tenter un dernier coup de poker à Roland Garros. Car malgré ses échecs répétés, il ne s’est toujours pas résigné. Il l’affirme encore haut et fort: il veut, et peut, s’imposer à Paris. Le pari est beau même il apparaît aussi insensé.

Florient Etienne,

Une centaine de joueurs anciens et actuels l’a désigné comme meilleur tennisman de tous les temps

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