Portrait Patty Schnyder

Comme souvent dans ces cas-là, Patty aime laisser parler sa raquette. Lorsqu’elle passe professionnelle en 1994, elle ne met qu’une année pour grimper de… 634 places au classement mondial. Une progression fulgurante qui lui permet de recevoir plusieurs distinctions. Timide, Schnyder poursuit tant et plus son petit bonhomme de chemin sur le circuit.

L’année 1998 lui permet d’exploser et de devenir l’une des joueuses les plus redoutées. Cette saison-là, elle engrange 56 victoires et pas moins de cinq titres. Elle devient du même coup la 18e joueuse seulement de l’histoire à gagner au moins cinq tournois. Pas mal pour une fille dont ce sont les premiers lauriers chez les professionnelles. Quelques grosses pointures ont succombé face au style particulier de la Suissesse: Iva Majoli, Jana Novotna, Nathalie Tauziat, Sandrine Testud mais aussi Sabine Appelmans et Dominique Monami.

Ce qui devait arriver arrive: le 10 août, Patty Schnyder entre dans le top 10. Sa réputation de coupeuse de têtes n’est plus à faire. A Roland Garros, elle se hisse jusqu’en quarts de finale où elle élimine la Sud-Africaine Coetzer avant de tenir trois sets face à la future gagnante Arantxa Sanchez.

Mais le meilleur est encore à venir pour la mystérieuse Patty. A l’US Open, contre toute attente, elle élimine la reine Steffi Graf, cinq fois vainqueur à New York, au stade des huitièmes de finale. Pour retrouver la trace d’une défaite aussi précoce de l’Allemande à Flushing, il fallut remonter à 1984!

Tandis qu’elle est présentée partout comme l’une des joueuses les plus dangereuses pour la nouvelle saison qui s’annonce, la Bâloise effectue une saisissante courbe rentrante. A l’exception d’une victoire en tout début d’année 1999 à Gold Coast (contre Mary Pierce), Schnyder ne fera plus rien. Un énorme trou noir dans lequel elle restera plongée jusque fin 2000. La raison s’appelle Rainer Harnecker, un Allemand de 42 ans, adepte des médecines alternatives. Depuis qu’il fait partie de son entourage, Schnyder a quitté le domicile familial, n’a plus que des contacts sporadiques avec ses parents, a licencié deux coaches et viré son petit ami. Tout le monde comprend alors que ledit Harnecker ne fait pas que la soigner de maux mystérieux.

Le cas Schnyder devient une affaire nationale. Toutes les conversations dans les bars et les cafés, à la radio ou dans les talk-shows télévisés tournent autour de cette histoire incroyable. Tellement incroyable qu’après avoir brossé un entraînement, Patty Schnyder est exclue de l’équipe suisse de Fed Cup. Pareil comportement ne plaît guère aux sponsors. Dès l’annonce de son exclusion, Crossair, Asetra, une firme informatique suisse et Amag, une société d’importation de véhicules, rompent leur contrat avec la joueuse.

« Patty était l’épouse idéale que toutes les mères suisses voulaient pour leurs fils », expliqua Tons Haltermann, le manager de Schnyder. « Elle était la Suissesse sans histoire, la fille de la porte d’à côté ». En plus, Patty annonce qu’elle représentera bien la Suisse en Fed Cup contre la Slovaquie, mais refuse de s’entraîner sous les ordres du coach hollandais Eric van Harpen, devenu capitaine de Fed Cup: « Je n’ai pas confiance en lui. Et il est impossible pour moi de m’entraîner tandis que 30 à 40 journalistes guettent mes moindres faits et gestes et mettent en cause tout ce que fait ou dit Rainer Harnecker ».

Cette affaire est maintenant classée. Depuis un an, Patty Schnyder a un autre entraîneur – Hubert Choudury– qui l’a fait remonter à la 42e place mondiale. Elle ne cherche plus qu’une chose: rattraper le temps perdu.

Florient Etienne, ,

Victime d’un gourou, elle ne dort que cinq heures par nuit et ne mange que des fruits et des légumes

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