Portrait Patrick Rafter

La plage ou les courts de tennis? Il n’ose encore se prononcer mais peut-être a-t-il déjà tourné la page. Quoi qu’il en soit, l’Australien ne sera pas de la partie à Wimbledon, le 24 juin.

Le principal intéressé ne se laisse aller à aucun commentaire, dans quelque sens que ce soit. « Je préfère ne pas trop en dire. Je ne veux pas qu’ensuite, on me rétorque: -Oui, mais vous avez déclaré que…

Peut-être va-t-il arrêter. Les signaux en ce sens ne manquent pas. Le 28 décembre, il aura 30 ans. Toutefois, l’âge ne veut plus dire grand-chose, à l’heure actuelle.

Quels sont les arguments en faveur d’un arrêt?

Il profite du congé sabbatique qu’il prend actuellement, il le reconnaît. Son break s’éternise depuis cinq mois. Il a profité de chaque instant. Il a fait du ski aux States, intensifié le contact avec ses cinq frères et ses trois soeurs, rendu visite à des amis aux Bermudes, voyagé en Australie, où il a été élu Homme de l’Année en 2001, tant il y est adulé. Il a rendu un élan à ses oeuvres caritatives, pris des vacances sur les Iles Fuji, surfé. Et joué au golf, souvent.

Surtout, il s’est préparé à l’heureux événement. En juillet, Rafter va découvrir les joies de la paternité, grâce à Lare Feltham, un mannequin qui a trois ans de plus que lui. Ils forment un couple depuis quatre ans, sans être mariés, ce qui suscite quelque controverse dans l’Australie bien-pensante. Quoi qu’il en soit, cette naissance n’est pas de nature à l’inciter à rejouer.

La carrière de Rafter est incomplète. Ses supporters espèrent que les vides de son palmarès l’encourageront à reprendre du service. Il a remporté l’US Open en 1997 et en 1998. En juillet 1999, il a pris la tête du classement mondial pendant une semaine. Avant lui, un seul Australien avait réalisé cet exploit: John Newcombe, en 1974.

Un homme se souvient plus longtemps de ce qu’il a raté. Comme de Wimbledon. En 2000, Rafter a atteint la finale mais il s’est heurté à Pete Sampras. L’Américain était déjà sur le déclin mais sa surface favorite l’avait aidé à briller une dernière fois. L’année dernière, l’issue a été pire. Rafter s’est une nouvelle fois qualifié pour la finale mais il a dû s’avouer vaincu, au terme de cinq sets épiques, face à Goran Ivanisevic.

Rafter ne peut mettre fin à sa carrière ans avoir remporté Wimbledon, plaident les partisans de son retour. Il lui reste une mission à accomplir. L’opinion de Rafter est différente. Il pense qu’il est voué à ne jamais remporter ce tournoi. « Je crois au destin et celui-ci a décidé que je ne gagnerais jamais le tournoi de Wimbledon ».

Une fois de plus, le destin a fait des siennes. Son épaule s’est rappelée à son souvenir et il a été contraint au forfait pour le dernier match, décisif. Wayne Arthurs l’a remplacé et a perdu. La déception de Rafter était telle qu’il ne s’est pas présenté à la conférence de presse.

Au plus profond de sa tristesse, il a décidé de se retirer un moment du tennis: « Le temps me dira si le tennis me manque », lança-t-il.

Cinq mois plus tard, Patrick Rafter ne regrette toujours pas le tennis. Au contraire.

Ben Herremans, ,

« Je crois au destin. Il a décidé que je ne gagnerais jamais Wimbledon »

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