Portrait Katarina Witt

La glace est son biotope. Fierté de l’Allemagne de l’Est, elle a accumulé les titres olympiques, mondiaux et les prix divers avant de se produire avec Stars on Ice. C’est une vedette du business sportif, mais sa vie turbulente a de quoi faire fondre.

Katarina Witt et l’Ouest: la combinaison a marché d’emblée. Elle est tombée sous le charme de l’Occident pour devenir une perle de la jet set. Elle possède un appartement à Berlin et une maison à New York. Les agences publicitaires et les sponsors s’arrachent ses services. Elle arrose le monde de revues sur glace. Fin septembre, sa production Stars On Ice a été nominée pour les 54e Emmy Awards de Los Angeles dans les catégories « meilleure chorégraphie » et « plus beaux costumes ». Elle a dû s’avouer vaincue, dans les deux cas, par la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Salt Lake City. Mais elle s’est vengée durant la cérémonie de clôture, lorsqu’elle a été ovationnée par 56.000 spectateurs.

Katarina Witt croule sous les prix. L’année dernière, les Etats-Unis lui ont octroyé le Lifetime Award. En 1999, une enquête de l’ American Opinion Research Institute a révélé qu’elle était l’athlète féminine préférée (côté messieurs, c’est Michael Jordan qui l’a emporté). Pourtant, elle a mis fin à sa carrière sportive depuis longtemps.

Elle a effectué un retour remarqué aux J.O. de Lillehammer, en 1994, dont elle a terminé septième tout en conquérant les suffrages du public parce qu’elle continuait à danser et à tourbillonner sur la glace, alors que la jeune génération, dépourvue de sa grâce, compensait ce handicap en multipliant les sauts. Witt a été reprise deux fois parmi les 50 plus belles femmes du monde par People Magazine, qui ne peut pas être soupçonné de ne pas connaître de gens, avec un titre pareil. Le mois passé, le magazine Gala l’a reprise dans le top-50 des femmes allemandes les plus importantes.

Katarina Witt effectue une tournée avec sa nouvelle version de Stars On Ice et va se produire dans 60 villes américaines de novembre à avril. Elle a déjà brillé dans des films, notamment aux côtés de Tom Cruise et de Robert De Niro. Elle produit elle-même de nombreux spectacles avec sa maison de production With Witt, de son nom complet Witt Sports & Entertainmnt GmbH. Elle accepte de commenter des compétitions de patinage artistique moyennant émoluments. Elle participe à des talk-shows et présente même des soirées de gala. Evidemment, elle a également sa propre ligne de vêtements et de bijoux. Entre les coups, elle écrit des livres, essentiellement sur le fitness.

Et l’Est? Katarina Witt est née le 3 décembre 1965 à Staaken, près de Berlin-Est. Son père dirigeait une entreprise de plantes et de graines, sa mère était kinésithérapeute. On a découvert son talent à l’âge de cinq ans et elle a rejoint l’école de sport de Bernd Egert, à Karl-Marx-Stadt. Egert l’a confiée à l’âge de neuf ans au célèbre entraîneur Jutta Müller, qui a transformé Witt en championne, d’après les méthodes de la RDA. La jeune Katarina débordait de classe. En pure technique, elle ne dominait pas vraiment ses concurrentes mais son élégance naturelle a toujours marqué les esprits. Aucune patineuse ne peut se targuer d’être ou d’avoir été aussi séduisante sur la glace que Witt. Après Sonja Henie en 1932, elle a été la première patineuse artistique à remporter la médaille d’or lors de deux Jeux différents, à Sarajevo en 1984 et à Calgary en 1988. Elle a également conquis quatre titres mondiaux et six européens.

Le régime est-allemand a toujours surveillé sa vedette de très près! On l’a su quand Witt, après la chute du Mur de Berlin, a choisi la liberté de l’Ouest et s’est produite dans des revues professionnelles. La Stasi, le service secret de la RDA, l’avait fait espionner sans répit. Sa maison était truffée de micros et de caméras. A l’époque, la patineuse ne s’en est guère plainte. Au contraire, elle n’a jamais manqué d’exprimer sa gratitude à l’égard du système est-allemand, qui lui octroyait un régime de faveur et lui avait permis d’atteindre l’élite. C’est ainsi que la rumeur selon laquelle elle avait travaillé pour la Stasi s’est répandue, mais elle affirme n’avoir rien sur la conscience.

Le fait que le dossier de 1.345 pages la concernant fourmille de renseignements sur sa vie intime la dérangea évidemment mais sa réputation de femme ardente ne lui a pas valu de problèmes. Pendant dix ans, elle a refusé les offres répétées de Playboy mais elle a cédé et s’est dévêtue en 1998.

Ben Herremans

La police est-allemande avait espionné et enregistré tous ses faits et gestes pendant des années

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