PORTRAIT KAJSA BERGQVIST

La force d’attraction? Les femmes qui franchissent deux mètres en hauteur s’en jouent pendant la fraction de seconde qui s’écoule entre leur saut et leur chute. Pendant cet instant, qui semble si long, elles échappent au reste du monde, en fait. Mais pour cela, elles doivent d’abord martyriser leur corps. S’envoler vers les nuages avec l’aide d’une perche, d’accord, mais par sa seule détente?

Aussi haut qu’elle saute, la Suédoise Kajsa Margaretha Bergqvist sait très bien qu’elle devra tôt ou tard redescendre sur terre. Elle s’est bien préparée à ce moment. Elle est diplômée d’une haute école commerciale, celle de Sollentuna, sa ville natale, à un jet de pierres de Stockholm. Elle y a vu le jour le 12 octobre 1976. Ensuite, elle a étudié pendant quatre ans le marketing et la publicité à la Southern Methodist University de Dallas, Texas, parce que les Etats-Unis lui permettaient de combiner sport et études. Une blonde Suédoise aux yeux bleus a déjà un charme fou, même si, en fin de compte, elle n’a aucun mérite, puisque c’est la nature qui a fait tout le travail. Mais si en plus elle est intelligente et douée.

En outre, elle a bon goût. Elle apprécie Aimée Mann, la chanteuse aux puissantes cordes vocales qui assure la musique du film culte Magnolia. Bergvist n’est pas encore mariée. On ne lui connaît aucun ami. A bientôt 26 ans, elle est toujours seule. Nous la dévorons des yeux lorsqu’elle s’élance sur le tartan, nous ne la quittons pas du regard mais elle reste hors de portée.

Elle était prédestinée au sport : Kajsa Bergqvist a ça dans le sang. Son père, Gunnar, bouclait le 110 mètres haies en 15 secondes. En 1972, il s’agissait d’une performance tout à fait honnête. Son frère aîné, Andreas, est coureur de fond. Kasja elle-même a mis du temps à trouver sa voie: natation, football, volley, badminton, elle a tâté de tout pour mordre à l’athlétisme. Sa grand-mère Meth l’avait prédit: « Cet enfant était intenable. Elle n’arrêtait pas de courir et de sauter ».

Elle a commencé par l’heptathlon, ce qui prouve bien qu’elle était incapable de choisir. Son talent crevait les yeux et elle a remporté le titre suédois en Juniors. Lennar Juhlin, un expert suédois es athlétisme, se souvient d’elle: « Je l’ai découverte à l’âge de 12 ans et j’ai retenu son nom. Non qu’elle fût nettement supérieure aux autres filles. C’est plutôt son charisme qui m’a marqué ».

L’heptathlon est destiné aux athlètes qui sont bons en tout sans vraiment briller dans une discipline, ce qui n’était pas le cas de Bergqvist: elle avait de sérieuses dispositions en saut en hauteur. Elle en était consciente. A partir de ce moment, sa carrière a progressé à une vitesse fulgurante. Il suffit pour s’en convaincre de parcourir ses résultats lors des derniers grands rendez-vous. Avant Munich, Bergqvist avait terminé cinquième à Athènes, quatrième à Séville, troisième à Edmonton. Un modèle de régularité et de progression. Elle a également arraché la médaille de bronze aux Jeux Olympiques de Sydney et a été championne d’Europe indoor à Gand et championne du monde à Lisbonne..

Bergqvist mène une vie agréable. C’est une chouette fille, qui adore regarder Friends et Ally McBeal. On ne la voit guère au théâtre ni au cinéma. Elle n’aime pas trop faire la fête, même si elle retrouve avec plaisir sa famille et ses amis. Elle s’intéresse à la photographie et quand elle lit un livre passionnant, elle ne peut le mettre de côté avant la fin. Elle roule en Alfa Romeo 156. Elle réside à Monaco et veut devenir la meilleure sauteuse en hauteur du monde.

Ben Herremans

Elle veut devenir la meilleure sauteuse en hauteur de l’histoire

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