Portrait Johan Bruyneel

Le Larousse est épais mais aucun qualificatif ne suffit à dépeindre l’impression qu’Eva Maria Perez nous fait. Quel que soit l’ordre dans lequel on place les mots, ils semblent bien pâles. Johan Bruyneel est un homme heureux! L’ancien coureur est actuellement le directeur de l’équipe de Lance Armstrong. Mais faut-il vraiment parler de cyclismeavec lui?

Il y a d’abord eu Muriel. Un canon. Bruxelloise d’origine, ce pur-sang était déjà affolant. Le genre de femme auprès de laquelle tout homme normalement constitué ne sait où porter le regard. Le peloton et son entourage en savaient quelque chose. A cette époque, une interview de Johan Bruyneel chez lui figurait tout en haut des priorités de tous les journalistes spécialisés en cyclisme. Même le rédacteur en chef de ce magazine lui a rendu visite. Il a rapporté les paroles de son hôte: « J’étais en compagnie de Chris Van Dijck dans l’équipe de poursuite. Chris emmenait parfois sa soeur. J’ai pensé: elle n’a pas l’air mal ». Le constat était approprié.

Un homme ne peut évidemment s’appuyer sur une seule victoire, encore moins un coureur cycliste: il doit se faire un palmarès. Après Muriel, ce fut le tour de Christel Wucher, une coiffeuse de Willer-sur-Thur, un petit village d’Alsace. Mademoiselle Wucher n’était pas une beauté pure mais elle avait de longs cheveux soyeux et ses yeux avaient un éclat particulier.

Le Tour est passé près de chez elle en 1996. Ce fut le coup de foudre. « J’ai vu Johan au Lac de Madine, la première fois. Il venait de recevoir le Prix d’élégance. Nous avons bavardé et je dois dire que c’était un mec sympa. Il m’a téléphoné le soir même, de sa chambre d’hôtel. Nous nous sommes revus et notre romance s’est poursuivie ».

Le Prix d’élégance? C’est bien possible. Coureur, Bruyneel ne manquait pas d’allure. Un cygne sur un vélo. A son palmarès sportif, 29 victoires. Nous ne voudrions pas compter le nombre de coeurs qu’il a brisés. Parmi ses triomphes, deux étapes du Tour: la course rapide d’Amiens en 1993 et une autre, en 1995, quand Miguel Indurain l’a entraîné dans son sillage jusqu’à Liège. Le lendemain, au terme du contre-la-montre, Bruyneel a rendu le maillot jaune à l’Espagnol.

L’homme est polyvalent. Bruyneel a terminé septième du Tour de 1993 et troisième de la Vuelta la même année. Pistard de valeur, brillant dans les contre-la-montre. Pourtant, on se souvient surtout de sa chute brutale au Tour, en 1996. « Ce jour-là, j’ai vu le visage de la mort ». En direct, il est tombé dans un ravin, sur la route menant aux Arcs. Des arbres ont freiné sa chute. Quelle chance!. A l’automne de sa carrière, Bruyneel a été accablé de problèmes de santé. Auraient-ils sapé sa joie de courir?

Toujours est-il qu’en 1999, d’un coup, Bruyneel a quitté sa selle de coureur pour rejoindre la voiture du directeur d’équipe. C’est Lance Armstrong lui-même qui a songé à lui. « Les Américains considèrent tout d’un point de vue très pragmatique. Le cyclisme? D’accord, mais ils savent qu’ils ne s’y connaissent pas. C’est une affaire d’Européens. C’est sur le Vieux Continent qu’ont lieu les courses, c’est de là que vient le gros du peloton et des équipes. C’est en Flandre que le cyclisme est le mieux enraciné. Je venais tout juste de mettre fin à ma carrière, je connaissais personnellement la plupart des coureurs. C’est pour toutes ces raisons que l’équipe s’est adressée à moi », explique Johan Bruyneel.

Sans doute va-t-il bientôt mener son équipe à sa quatrième victoire consécutive au Tour de France. Bruyneel a un mérite incontestable: c’est lui qui a dirigé Armstrong vers le Tour. Avant d’être victime du cancer, celui-ci se concentrait sur les courses d’un jour. Lors de la saison qui a suivi sa guérison, il a terminé quatrième de la Vuelta. Armstrong a sans doute été surpris lorsque son directeur lui a ordonné: « Si tu en es capable, tu dois viser le Tour ».

Il s’est exécuté, avec trois triomphes à la clef. « Le secret d’ Armstrong est dans sa tête et son coeur. Il faut être extrêmement solide mentalement pour s’astreindre à de tels entraînements. éa, c’est dans la tête. Et le coeur? Il adore courir », résume Bruyneel.

Pendant trois semaines, nous serons tous collés à notre petit écran, les yeux braqués sur le Tour et les coureurs. Toutefois, nous jetterons régulièrement un coup d’oeil aux alentours, dans l’espoir d’apercevoir Eva Maria Perez. Johan l’a épousée le 7 mai, aux Bahamas. Elle est âgée de 29 ans. C’est un mannequin espagnol issu du monde du fitness. Il n’est pas nécessaire de s’attarder sur son curriculum vitae.

Ben Herremans

C’est Bruyneel qui a poussé Armstrong à se concentrer sur le Tour de France

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