Porte-CLEFS

Le nouveau coach italien d’Ostende dévoile ses principes

Voilà tout juste un mois que l’Italien Matteo Boniciolli (41 ans, ex-entraîneur adjoint de l’équipe nationale azzurra et ex- coach d’Udine, Fortitudo Bologne et Messine) a remplacé Eddy Casteels à la tête d’Ostende. Entre-temps, il a déjà rencontré la plupart des équipes du top en Belgique : Mons pour son baptême du feu, Pepinster deux fois en Coupe de Belgique et Charleroi samedi en championnat.

Après ces quelques semaines passées dans notre pays, que pensez-vous de notre compétition ?

MatteoBoniciolli : Qu’elle est sous-estimée. A travers toute l’Europe, le championnat de Belgique jouit de peu de considération. En Italie, il existe un magazine spécialisé en basket qui consacre chaque semaine plusieurs pages aux championnats étrangers. On évoque la Ligue Adriatique (qui regroupe les clubs de l’ex-Yougoslavie), les championnats de France, d’Espagne ou de Russie, mais jamais le championnat de Belgique. Niksa Bavcevic m’a confirmé que c’était pareil en Croatie. Peut-être est-ce dû au fait qu’aucun club belge ne participe à l’Euroligue ? La compétition belge mériterait davantage de crédit, car les cinq ou six premières formations sont très bonnes. Charleroi est fort, Pepinster et Mons également. Anvers, que nous avons rencontré voici dix jours, est aussi une bonne équipe. Et j’ai été agréablement surpris par la qualité de mon propre club. Je rencontre aussi, dans le championnat de Belgique, d’excellents coaches. Le championnat de Belgique, comme celui d’Allemagne par exemple, est en train de grandir. Certains clubs disposent encore de petites salles, mais des projets existent pour la construction de nouvelles enceintes. La qualité des joueurs évoluant dans le championnat de Belgique augmente au fil des ans également. Les meilleures équipes belges pourraient déjà rivaliser sans problèmes avec les équipes de milieu ou de bas de classement de la Lega italienne, mais pas (encore ?) avec le top : on ne trouve pas, en Belgique, des formations de la valeur de Bologne, Trévise, Sienne, Pesaro ou Cantù. Il y avait deux options pour moi : soit continuer à coacher dans des pays comme l’Italie ou l’Espagne, où le basket est déjà bien établi, soit travailler en Belgique où beaucoup de choses sont encore à construire. J’ai opté pour la deuxième solution et j’espère pouvoir apporter ma petite pierre à l’édifice. Ce qui m’a séduit, dans la proposition d’Ostende, c’est qu’on y a clairement évoqué l’avenir. On m’a demandé de faire progresser les joueurs et le club.

Ce n’est pas avec un contrat courant jusqu’à la fin de la saison que vous parviendrez à travailler sur le long terme ?

Ce n’est qu’un premier contrat. Il peut parfaitement être prolongé.

Lors de votre première conférence de presse, vous avez souligné le fait qu’Eddy Casteels vous avait légué un bon héritage : vous avez trouvé une équipe bien préparée sur le plan physique…

Oui, et je le maintiens : très bien préparée…

Son enseignement

Vous n’avez pas évoqué les aspects technique et tactique. Etait-ce moins bon sur ces plans-là ?

Je n’ai pas dit cela. Simplement, il y a des manières différentes d’enseigner le basket. Mes principes sont probablement différents de ceux d’Eddy Casteels. D’abord, j’estime que l’aspect athlétique prend de plus en plus d’importance dans le basket moderne. Ensuite, j’attache énormément d’importance à la défense. En attaque, j’estime que l’essentiel est de trouver un équilibre entre le jeu intérieur et le jeu extérieur. Un joueur doit aussi être capable de lire et de comprendre le jeu adverse, et de s’adapter en conséquence. Je suis un adepte de la flexibilité. Je ne veux pas que mes joueurs appliquent aveuglément les systèmes de jeu que je leur ai enseignés : une passe par-ci, un écran par-là. Ni qu’ils regardent sans cesse vers le banc pour que je leur donne des directives. Ils doivent être capables de choisir, parmi les systèmes qu’ils ont travaillés à l’entraînement quel est le plus approprié à la situation de jeu qu’ils rencontrent. Je leur donne des clefs, à eux de choisir laquelle permet d’ouvrir telle porte. Je n’ai apporté qu’une seule modification à la structure de l’équipe : avec Eddy Casteels, Tony Dorsey entrait dans la rotation à la fois comme joueur intérieur et comme joueur extérieur. Je trouve que, pour l’équilibre de l’équipe, il est préférable qu’il évolue exclusivement en position n°4 (power forward), et plus en n°3 (small forward). Cela laisse plus de possibilités pour aligner Teo Cizmic en n°3. Dans mon équipe, Mathias Desaever a un rôle très important à jouer. C’est un bon shooteur, également un bon passeur, et il comprend très bien le basket. Il peut dribbler, pénétrer et aussi se muer en excellent défenseur. En outre, il est très complémentaire à Quinton Ross. J’aime avoir trois joueurs capables de tirer à distance car cela ouvre les défenses adverses.

Desaever revit sous votre direction. Par contre, le repositionnement de Dorsey en position n°4 le place en concurrence directe avec Christophe Beghin, et ce dernier s’en accommode très mal…

On est toujours en concurrence avec quelqu’un. Auparavant, Dorsey était en concurrence avec Desaever, et c’est celui-ci qui se sentait barré. Mon rôle est de trouver la meilleure formule pour l’équipe, pas de défendre des intérêts individuels. Je sais que Beghin a toujours été considéré comme un joueur-clef d’Ostende. Je sais aussi qu’il avait été Joueur de l’Année… il y a deux ans. Pour moi, c’est du passé. A 24 ans, il n’a pas l’âge où il peut clamer : – Dansletemps, j’étaisNapoléon ! Il doit se remettre en question. Je ne le condamne pas du tout. Lors de mon premier match, à Mons, j’avais été très fâché sur lui. Mais, lors de la rencontre suivante contre Vilvorde, il avait joué 35 minutes et inscrit 20 points.

A-t-il les capacités pour jouer en Italie ou en Espagne, comme il en manifeste l’intention ?

Pour l’instant, pas du tout. Mais j’attends de le voir en grande forme pour me prononcer à son sujet. Et, s’il part dans un grand championnat, ce doit être pour jouer en position n°4. Certainement pas en n°5, car il est trop petit et trop lent pour cela. Chaque jour, on travaille les tirs à trois points avec lui. Car les meilleurs n°4 d’Europe sont capables de tirer à distance. Il doit pouvoir le faire aussi, mais il n’en a jamais eu l’habitude.

Daniel Devos

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