» POLITIQUEMENT INCORRECT  » (BENOÎT MARIAGE)

Pourquoi avez-vous choisi le stade de Charleroi pour tourner une partie du film ?

Benoît Mariage :  » Parce que c’est une ville où je me sens bien, parce que je cherchais un club de milieu de classement, parce que Charleroi a l’habitude de faire venir des joueurs africains inconnus. Et aussi parce qu’on a eu beaucoup de facilités pour y travailler. On a discuté deux heures puis tourné dix jours là-bas. On voulait aussi tourner deux heures à Anderlecht et il a fallu dix réunions pour y arriver. Finalement, ces scènes ne sont même pas dans le film.  »

Pourquoi était-ce si compliqué à Anderlecht ?

 » Notamment parce que les sièges de la tribune d’honneur sont loués à l’année à des gens qui déboursent peut-être mille euros. A ce tarif-là, on ne pouvait pas leur gâcher la vue pendant un match !  »

C’était un film facile ?

 » Non, il y a toujours des contrariétés. La chaleur, par exemple, nous a ennuyés. Et on a dû le faire avec peu d’argent, donc il a fallu tourner beaucoup en peu de temps. Ce n’était pas simple non plus de trouver des acteurs locaux. En Côte-d’Ivoire, il n’y a pas de cinéma, donc pas d’acteurs ! J’ai participé à une émission de télé et j’y ai demandé des figurants. Le lendemain, des centaines de personnes faisaient la file dans la mission catholique où on avait fixé le casting.  »

Amener là-bas un acteur qui n’avait jamais joué au foot pour interpréter le rôle du footballeur, ça n’a pas été mal vu ?

 » Un peu, quand même. J’ai entendu des réactions du genre : -Quoi, il va jouer le héros alors qu’il ne sait même pas jouer au foot ? Je leur ai expliqué qu’en quelques mois, c’était plus facile d’apprendre à devenir footballeur qu’apprendre à devenir acteur… Yaya doit exprimer des émotions fortes, pas seulement frapper dans un ballon. Des acteurs non professionnels auraient pu se débrouiller dans les scènes de foot et dans celles de la vie quotidienne, mais à certains moments de l’histoire, quand il y a des émotions fortes à faire passer, ils n’auraient pas été à la hauteur.  »

Le premier rôle féminin est aussi interprété par une actrice arrivée d’Europe : même raisonnement ?

 » Oui. On a fait plusieurs castings avec des filles d’Abidjan mais on n’a pas trouvé celle qu’on cherchait. Face à Benoît Poelvoorde, il fallait tenir la distance, dégager la même puissance. J’ai choisi Tatiana Rojo pour jouer Gigi : elle vit à Paris mais a grandi à Abidjan ! »

Vous ne craignez pas qu’on vous reproche de faire passer les Africains pour des naïfs ? Vous ne redoutez pas qu’on y trouve des connotations racistes ?

 » On a projeté le film à Abidjan, ça s’est super bien passé. Bien sûr, il y a une part de risque parce qu’on s’éloigne à certains moments du politiquement correct. Chacun aura sa lecture mais je suis sûr qu’une immense majorité du public n’y verra aucune signification raciste. « 

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